Sécurité alimentaire

Nourrir notre monde: les Gaspésiens se réapproprient leur système alimentaire

Nourrir notre monde: les Gaspésiens se réapproprient leur système alimentaire

À l’ère de la globalisation et des aliments ultra-transformés, un vent de changement souffle dans la péninsule gaspésienne. Là où les savoirs culinaires sont riches et les initiatives en alimentation nombreuses, le mouvement Nourrir notre monde répond à un engagement citoyen grandissant.

Mais qu’est-ce qu’un système alimentaire au juste ? En fait, un système alimentaire regroupe l’ensemble des intervenants en alimentation dans une ville, une région ou un pays. Cela inclut les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs et même les responsables de la gestion des matières résiduelles. Dans un contexte de réappropriation, il est donc primordial d’inclure tous ces acteurs, afin que le système soit adapté à la réalité gaspésienne.

aliments Gaspésie

L’ADN du projet

Instigué en Haute-Gaspésie en 2017, Nourrir notre monde est « un mouvement de mobilisation qui tisse des liens entre les initiatives et les acteurs du milieu », explique Marie-Ève Paquette, chargée de projet pour la Démarche intégrée en développement social de La Haute-Gaspésie (DIDS) et responsable de Nourrir notre monde dans la MRC de La Haute-Gaspésie. Le mouvement aborde la question de l’autonomie alimentaire à travers quatre axes tout en s’inscrivant dans une démarche plus globale de développement et de partage des savoirs entourant la saine alimentation.

  1. Mobiliser les acteurs du monde bioalimentaire ;
  2. Favoriser le réseautage, de la terre à l’assiette ;
  3. Augmenter l’accès à des aliments de proximité, frais et de qualité ;
  4. Soutenir les projets et les initiatives collectifs et communautaires.

Pour le moment, ce sont trois Municipalités régionales de comtés (MRC) qui sont ralliées au mouvement : La Haute-Gaspésie, La Côte-de-Gaspé et Rocher-Percé. Bien que leur collaboration soit avantageuse sur les plans de la communication et de la politique, chaque MRC oriente ses activités et son développement à sa façon. « Pour La Côte-de-Gaspé, c’est vraiment le volet alimentation qui est plus développé, mentionne Christine Beaudoin, agente de développement social et responsable du projet dans cette MRC. On agit surtout en sécurité alimentaire par notre projet pilote de récupération alimentaire auprès des supermarchés, qui favorise l’accès à des aliments frais et sains qui auraient été jetés autrement. D’un autre côté, on encourage aussi l’autonomisation des citoyens par le biais de cuisines collectives par exemple. »

Municipalités régionales de comtés (MRC) de la Gaspésie-Les-Îles-de-la-Madeleine : 1) Haute-Gaspésie 2) Côte-de-Gaspé 3) Rocher-Percé 4) Bonaventure 5) Avignon 6) Îles-de-la-Madeleine
Source photo : Vivreengaspesie.com

Un mouvement porteur d’initiatives

Les cuisines collectives, les jardins communautaires et autres initiatives citoyennes étaient pour la plupart déjà en place avant la naissance de Nourrir notre monde. « Dans les faits, les gens se sont rendu compte qu’ils ne se connaissaient pas, ajoute Marie-Ève Paquette. Avec Nourrir notre monde, on assoit l’ensemble des acteurs du système alimentaire autour de la même table, donc des producteurs, des transformateurs, des consommateurs pour se questionner sur les façons de se réapproprier notre système alimentaire. »

Le rôle du mouvement est donc d’agir à titre d’intermédiaire entre les divers acteurs du système alimentaire, en créant notamment des plateformes de partage comme la page Autosuffisance Haute-Gaspésie ou en cartographiant l’accès alimentaire dans un répertoire. De cette façon, Nourrir notre monde facilite les échanges et il met en contact des gens ayant des besoins et des ressources complémentaires.

Par exemple :

  • J’ai un surplus de courges spaghetti - J’ai un surplus de semences d’ail
  • Je veux apprendre à faire du pain - Ma tante sait faire du pain
  • Je cherche du foin pour mes chevaux - J’ai un surplus de foin
  • Mon voisin a des œufs à vendre - Une école a besoin d’œufs pour un atelier de cuisine

De plus, les projets de récupération alimentaire dans les supermarchés en Haute-Gaspésie et en Côte-de-Gaspé sont de bons exemples de collaboration entre les différents acteurs du système alimentaire, c’est-à-dire les épiciers (distributeurs) et les individus en situation de vulnérabilité (consommateurs), par exemple.

nourrir notre monde Halte nourricière de Rivière-à-Claude

Les Gaspésiens n’ont pas froid aux yeux

Malgré tout le bon sens de ses initiatives citoyennes, ce ne sont pas les défis qui manquent quand on souhaite instaurer ou promouvoir un tel projet en Gaspésie.

« Le principal défi reste la grandeur du territoire, raconte Marie-Christine Lévesque, agente de développement pour la DIDS en Haute-Gaspésie et responsable du projet de récupération alimentaire en supermarchés dans la même municipalité. Dans le cadre d’un projet comme la récupération alimentaire dans les supermarchés, le transport des denrées sur de longues distances est problématique, notamment parce qu’il coûte cher. »

En même temps, l’obstacle que représente l’ampleur du territoire devient un des points forts du système alimentaire gaspésien. « Pour réussir à couvrir et à toucher tout le monde, on n’a pas le choix de travailler ensemble et de se serrer les coudes, précise Mme Lévesque. Peut-être qu’on a une petite tendance à le faire et à s’entraider ! »

Tout compte fait, la principale force du système alimentaire gaspésien reste l’implication et la volonté des partenaires, qui montrent une ouverture à l’échange et une motivation contagieuse. Ce faisant, la reconduction du budget et la sensibilisation des élus aux différentes causes ont été relevées avec succès par Nourrir notre monde cette année encore. 

Les MRC Avignon et Bonaventure ont aussi fait part de leur intérêt à joindre le mouvement. « Les Îles-de-la-Madeleine sont aussi les bienvenues à se joindre au mouvement. Nourrir notre monde se veut vraiment un mouvement inclusif », conclut, Christine Beaudoin. Et ce serait sans doute réaliste d’espérer que les autres régions au Québec se réapproprient leur propre système alimentaire.

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