Agriculture urbaine

Le Repaire de Biquette: un espace collectif de partage et d’écopâturage

Le Repaire de Biquette: un espace collectif de partage et d’écopâturage

Niché dans le parc Maisonneuve, en plein cœur de Montréal, le Repaire de Biquette, avec ses huit moutons et deux chèvres, est le premier espace collectif au Québec dont les activités sont rythmées par la gestion d’une fermette urbaine.

C’est en apprenant le métier de bergère, en France et en Suisse, que Marie-Ève Julien-Denis a découvert la pratique de l’écopâturage. Autrement dit, la gestion des espaces verts avec des herbivores. « Dès que je suis revenue au Québec, je me suis dit qu’on devait implanter ça, à Montréal, raconte-t-elle. Moi je venais déjà du milieu de l’agriculture urbaine. Ça me semblait évident d’ajouter le volet écopâturage. Alors, je suis allée voir les élus de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie qui se sont tout de suite montrés intéressés. »

En 2016, un premier projet pilote voit le jour sous le nom de Biquette à Montréal, chapeauté par le Laboratoire sur l'agriculture urbaine, au parc du Pélican, dans Rosemont. Le succès est immédiat. Si bien que l’expérience est reconduite les deux années suivantes. C’est à cette époque que Marie-Ève rencontre Joëlle Boily et que, toutes les deux, elles commencent à rêver d’un Biquette 2.0. « On voulait pousser plus loin le volet éducatif, mais aussi créer un lieu que les gens pourraient s’approprier, à la manière dont la Pépinière implante ses propres projets. L’idée était tout simplement d’arrimer les activités d’écopâturage à la philosophie des espaces collectifs. »

Tutorat

Marie-Ève et Joëlle ont donc présenté leur idée dans le cadre du programme Vivace, de la Pépinière. Il s’agit d’une sorte d’incubateur qui vise à soutenir et accompagner des porteurs de projets qui souhaitent réaliser une initiative collective dans un espace à vocation publique. « Vivace nous a offert a offert de la formation, par exemple en matière de budget et de coordination, ainsi que de l’accompagnement, notamment pour la construction et le design de modules et du mobilier afin d’aménager les lieux. Leur aide a vraiment été précieuse, et elle continue d’ailleurs. »

L’arrondissement leur a donc offert un espace, qui était sous-utilisé dans le parc Maisonneuve. Et, fidèle à la philosophie des espaces collectifs, le Repaire de Biquette est donc ouvert à tous. « On peut aussi bien y venir pour apprendre que pour ne rien faire, souligne Marie-Ève. Le lieu appartient à tout le monde. D’ailleurs, nos bénévoles sont mis à contribution dans une optique d’autogestion. De sorte que l’espace peut tout aussi bien accueillir des conférences sur la permaculture, par exemple, que des ateliers sur la teinture de la laine ou encore des séances de yoga. »

La permaculture ?

« En plus de l’écopâturage, explique Marie-Ève, on souhaitait inscrire nos activités non seulement dans un contexte d’agriculture urbaine, mais aussi de permaculture. Nous avons des poules qui produisent de l’engrais pour le potager. On a tissé un partenariat avec le jardin communautaire tout à côté qui utilise la litière des moutons comme engrais. Nous recueillons l’eau de pluie pour arroser les plantes et abreuver les animaux. Nos ruches servent à polliniser les plantes… »

« Le principe, poursuit la bergère, c’est de laisser la nature travailler par elle-même. De ne pas trop intervenir, mais d’utiliser différentes manières de faire tout en gardant à l’esprit que l’humain n’est pas le régisseur de l’écosystème, mais plutôt qu’il en fait partie. Et que si tous les éléments sont réunis, la nature va faire son travail. Voilà ce que l’on souhaite montrer : tous les liens à la base du fonctionnement de notre fermette, mais dans un cadre qui soit à la fois ludique et éducatif. »

Des bénévoles indispensables

Si, par définition, un espace collectif est un lieu aménagé par et pour les citoyens qui se l’approprient et ensuite continuent de l’animer, le Repaire de Biquette se distingue sans doute par le dévouement de ses bénévoles. « Cette année, précise Marie-Ève, nous avons formé près de 90 bénévoles. Autrement dit des bergers qui doivent veiller sur les moutons quand ils vont paître dans le parc Maisonneuve. Car notre espace n’est pas clôturé et nos moutons peuvent aller partout dans le parc ! »

« Sans les bénévoles, le Repaire de Biquette n’existerait pas, insiste Marie-Ève. Ils font un travail essentiel. En plus de prendre soin des animaux, et bien sûr de demeurer attentifs à leurs comportements, ils doivent répondre aux questions des gens, veiller à la propreté des lieux… Ils accomplissent des tâches pour lesquelles ils ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils méritent. Je pense que le rôle de berger urbain devrait être un véritable métier en soi ! J’aimerais tellement que d’autres projets d’écopâturages voient le jour. Parce que c’est bon à la fois pour l’environnement et la vie citoyenne ! »

La recherche

Depuis 2016, Biquette à Montréal laisse paître environ 8 moutons au Jardin botanique de Montréal. Il s’agit d’un projet de recherche, en collaboration avec la Ville de Montréal et le Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine (CRETEAU), élaboré dans le but de lutter contre les plantes exotiques envahissantes. Cette brigade de brouteurs professionnels a donc été enrôlée pour contrer le nerprun, la renouée du Japon, la dompte-venin de Russie et l’anthrisque, dont les moutons raffolent tout particulièrement.

Le CRETEAU explique que, en plus de permettre un entretien écologique des pelouses, l’écopâturage urbain contribue à stimuler la biodiversité dans les villes de plusieurs façons.

  • Réduction de l’utilisation des carburants associés aux tondeuses motorisées, ce qui atténue la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre.
  • Diminution de la pollution sonore engendrée par la machinerie, ce qui favorise l’établissement de la faune sensible au bruit (oiseaux, insectes, etc.).
  • Réduction de la compaction des sols engendrée par le poids des tondeuses motorisées.
  • Utilisation des excréments des animaux (moutons et chèvres) pour enrichir la terre, favoriser la biodiversité et ainsi éviter l’utilisation d’engrais chimiques qui ont tendance à appauvrir les sols.
  • Contrôle de la progression de certaines espèces de plantes exotiques envahissantes.

Une histoire à suivre…

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