Santé et société

Aborder l’hiver en pleine conscience, dans tous nos milieux de vie

Aborder l’hiver en pleine conscience, dans tous nos milieux de vie

Ressource

Plus que jamais, on entend parler de nordicité urbaine. Mais de quoi s'agit-il exactement? Et comment pouvons-nous adapter nos habitudes de vie et nos environnements pour traverser plus sereinement la saison froide? Dans un premier texte d'une série de quatre, notre collaboratrice Marie-Hélène Roch, artiste-chercheuse et fondatrice du projet Hiver en nous, nous invite à initier une réflexion sur notre rapport à l'hiver.

On a tendance à la sous-estimer, mais cette période de l’année, où la nature est au repos, avec le temps plus sombre, qui peut même nous rendre plus introspectifs, est essentielle. Cette transition du temps exige une certaine préparation et une adaptation pour accueillir l’hiver comme il se doit. Avant même les premiers flocons de neige, quand les températures commencent à descendre sous zéro, l’hiver s’immisce dans nos esprits. La saison hivernale a ce pouvoir de déclencher en nous de vives émotions tant positives que négatives, d’où notre rapport souvent ambivalent avec elle. Mais au-delà des changements qu’il entraîne dans notre quotidien, l’hiver est aussi synonyme d’un « état d’esprit ». Il est vital de le cultiver à l’année, d’abord pour soi, mais aussi, de le propager, pour accroître la « résilience saisonnière » de nos municipalités, organismes communautaires, écoles et milieux de garde.

jeux hiver
Crédit photo: Marie-Hélène Roch

Qu’est-ce que la résilience saisonnière?

 « Capacité d’un environnement ou d’un milieu à s’adapter par lui-même aux variations entre les saisons et les différents stades d’une même saison sans nécessiter de transformation majeure ou coûteuse. » (Source : Guide des Villes d’hiver)

Crédit photo: Marie-Hélène Roch

L’hiver: une saison qui nous veut du bien?

Plus souvent qu’autrement, la préparation hivernale qui est priorisée est essentiellement physique et technique. Prenons par exemple la rotation des vêtements et de matériel, la logistique des déplacements, la préparation des milieux de vie, etc. Et si cette année, on s’intéressait un peu plus à la préparation des aspects psychologiques et intérieurs de notre hiver ? 

Ralentissement, intériorité, calme, contemplation : soyons sensibles aux changements que la saison froide suscite en nous. Et pour cela, rien de mieux que d’y aller étape par étape et de reconnaître les phases qui peuvent être vécues avant, pendant et après le cycle saisonnier de l’hiver. 

bonhommes de neige
Crédit photo: Marie-Hélène Roch

Partir à la quête de nos hivers intérieurs

Novembre-décembre est donc une transition dans l’année que nous devons préparer avec attention, au niveau physique et mental, mais aussi une occasion de questionner la place et le sens qu’on donne à l’hiver dans nos milieux de vie et organisations.
 
Je vous lance l’objectif, ces jours-ci, de prendre le temps de vous regarder comme école ou milieu de garde et de vous questionner sur l’importance que vous accordez à la préparation hivernale, surtout du point de vue mental et des ressentis, au sein de votre équipe et dans vos activités, planifications et opérations, etc. De vous intéresser à la perception que chaque enseignant·e, éducateurs·trice, surveillant·e, parent de votre milieu, individuellement, a de l’hiver. À cet égard, les enfants ont beaucoup à nous (ré) apprendre, pour voir l’hiver autrement, donc pourquoi ne pas les inclure eux aussi dans la conversation ?

Proposez une activité dans votre milieu du type - Discussion autour d’une boisson chaude « Mon hiver au quotidien » pour inviter votre équipe et les enfants à s’interroger personnellement et collectivement sur :

  • Qu’est-ce qui marque, pour vous, où commence et finit l’hiver, en matière de gestes quotidiens, de rituels ?
  • Comment est-ce que je vais vivre « mon hiver au jour le jour », d'un point de vue à la fois intérieur (émotions, attitudes, comportements) et extérieur (physique / pratiques ) ?
  • Comment mon milieu peut-il me soutenir et contribuer au développement de ma résilience saisonnière et la culture de la résilience saisonnière auprès des jeunes ?
  • Qu’est-ce que je peux apporter à mon milieu pour soutenir et contribuer à développer une plus grande culture de la résilience saisonnière chez les jeunes ?

Par la suite, vous serez en mesure d’identifier les meilleures stratégies et pistes d’actions pour favoriser la résilience saisonnière de chacun. La façon dont l’adulte voit, perçoit et s’imagine l’hiver, donc sa façon de vivre l’hiver a une énorme influence sur les expériences hivernales riches et diversifiées que vivront les enfants au quotidien. Et à leur tour, ils renforceront leur résilience, pleine conscience et relation de demain avec l’hiver.

Voici des initiatives qui peuvent être mises en place dans vos milieux :

  • Attribuer un budget pour l’achat d’équipement qui permettra aux éducateur·trice·s, membres du personnel et surveillant·e·s de se vêtir adéquatement pour l’extérieur selon les conditions météorologiques
  • Créer une fête ou un carnaval de l’hiver dans votre cour d’école : Profitez-en pour participer au Défi château de neige qui a pour mission de promouvoir les saines habitudes de vie et favoriser l’intérêt de la population québécoise envers la pratique d’activité physique en plein air lors de la saison hivernale. Ce sont les 17 régions de la province qui y participent en invitant les familles et amis, les garderies et CPE, les écoles, les municipalités et les organismes à construire un château de neige en équipe. 
  • Acheter ou louer de l’équipement pour initier les enfants au patinage, ski de fond, raquette, etc.
hiver
Crédit photo: Marie-Hélène Roch

Célébration des premiers flocons

Fréquemment, c’est par la fenêtre que se révèlent les premiers flocons, le tapis blanc et les premières traces de la saison hivernale. Cet événement, qui parfois peut nous prendre par surprise, être imprévisible ou même paraître insolite, n’est pas anodin : c’est le marqueur principal qui indique le début de l’hiver. Cette fine couche qui recouvre le mobilier de la cour ou l’installation extérieure, une forme de retrouvailles après un an, doit être célébrée.
 
Profitez-en pour décorer les fenêtres de votre local ou votre classe pour accueillir l’hiver ou même aller à l’extérieur pour voir, sentir, toucher, écouter le froid de la première neige.

hiver
Crédit photo: Marie-Hélène Roch

À la quête des points de repère d’hiver dans votre quartier

Les déplacements entre la maison, l’école, la garderie, le travail sont des occasions à saisir pour identifier les
« points de repère d’hiver » dans votre quartier, ville ou municipalité qui agiront comme des espaces-temps d’appréciation, de contemplation et de lenteur pendant l’hiver. Bref, qui susciteront des émotions favorables à l’art de vivre l’hiver au quotidien. Peu importe que vous soyez à pied, à vélo, en ski de fond, etc. plusieurs critères peuvent être considérés :  la sécurité, l’efficacité, l’attractivité, l’esthétique du trajet. Pourquoi ne pas aller à la rencontre, par exemple, des éléments naturels de l’hiver (neige sans traces, buttes de neige, arbres enneigés) en faisant un détour par un parc, une ruelle, un étang gelé, un stationnement qui a le potentiel de rendre ludique ou paisible le retour à la maison  ? Il s’agit ici d’une belle occasion pour les villes et municipalités de développer des initiatives d’entretien hivernal stratégique de certains espaces pour valoriser la richesse de cette matière qu’est la neige. Il est grand temps d’arrêter de considérer la neige comme un déchet dont on doit absolument se débarrasser, mais plutôt une ressource qu’on veut honorer.
 
Comme dans les Laurentides, la mise sur pied d’un programme pour fournir des crampons gratuits aux personnes plus vulnérables pour faciliter leur déplacement à pied en hiver est aussi un moyen pour contrer l’isolement et le manque d’activité physique en hiver.

bains nordiques enfants
Crédit photo: Garderie nature

Soyons fous de l’hiver

L’hiver, c’est aussi la meilleure occasion de tenter des expérimentations et rituels dans vos milieux pour apprivoiser le froid. Tester des expériences inusitées et ludiques avec la neige, le froid, la glace pour percevoir ces éléments comme des opportunités et non des dangers. Plus il y a de contact avec le dehors et le froid, plus la capacité de s’y adapter et de développer sa résilience apparaît.

Je pourrais vous en citer plusieurs, mais voici deux expériences que je trouve particulièrement inspirantes:

  • les bains nordiques de Garderie Nature: les tout-petits savourent le plaisir de s'immerger dans un bac rempli d'eau chaude, avec un peu de mousse, pour vivre l'expérience d'un bain extérieur. (Pour s'assurer de tenir les extrémités bien au chaud, on peut leur faire porter une tuque et des souliers d'eau) Voir en vidéo!
  • une activité sensorielle hors du commun, par les jeunes du Centre éducatif agile de Montréal. Initiée par une jeune qui a touché la neige de ses orteils pour ressentir le froid, cette expérience collective s'est poursuivie par des traversées de plus en plus longues dans la neige.
marcher pieds nus dans la neige
Crédit photo: Centre éducatif agile de Montréal.

En hiver, c’est l’occasion de faire les choses différemment, d’harmoniser nos modes de vie avec les rythmes naturels, de laisser de l’espace en vue des variations et imprévisibilités, mais aussi de s’obliger à déjouer nos perceptions et appréhensions et même retrouver nos cœurs d’enfants. Partagez-nous vos initiatives pour aborder l’hiver en pleine conscience dans vos milieux de vie!

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