Activité physique

Bouger tous les jours à l’école, ça stimule les neurones !

Bouger tous les jours à l’école, ça stimule les neurones !

Ressource

Des élèves qui sautillent sur des pastilles colorées dans le corridor, qui « jouent avec rien » dans le gymnase, et qui manipulent des balles antistress pour patienter, c’est intrigant ! Bienvenue dans les régions de Québec et Chaudière-Appalaches, où le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) outille les éducatrices et les enseignant·e·s pour faire bouger les jeunes à l’école. Survol de quelques initiatives inspirantes.

Les corridors actifs : bouger, apprendre et jouer

Un projet clés en main. L’école des Cimes de Québec a mis en place des corridors actifs en 2017. « La première année, nous avons retenu les services du RSEQ Québec-Chaudière-Appalaches (RSEQ -QCA), explique Nadine Gauthier directrice de l’école. Les consultantes nous ont aidés à bien arrimer notre espace physique aux besoins de nos élèves, et nous ont fourni les motifs autocollants et les cahiers d’activités. » Elle ajoute que les enseignant·e·s et les éducatrices apprécient le côté clés en main du projet, offert par la marque de commerce HOURRA! du RSEQ-CA.

Renouvellement annuel. Chaque année, une conseillère vient renouveler les autocollants pour cause d’usure, mais aussi pour diversifier les parcours, que les jeunes ont hâte de découvrir à chaque rentrée scolaire. « Le corridor du rez-de-chaussée, utilisé par les plus jeunes et le service de garde est plus ludique, tandis que le corridor actif du 1erétage est plus axé sur les apprentissages », indique Nadine Gauthier.

Utilisations variées. À l’école des Cimes, ces corridors actifs sont bien ancrés dans les pratiques pédagogiques. Formes, chiffres, lettres, mots sont autant de prétextes pour bouger de toutes sortes de façons : sauter, utiliser ses pieds et ses mains, se tenir en équilibre, se déplacer plus ou moins rapidement, etc.  Les parcours sont également utilisés pour des apprentissages qui ne sont pas directement liés aux motifs au sol ou sur les murs. « Par exemple, quand l’élève a la bonne réponse, il doit mettre la main sur le rond orange et le pied sur le carré bleu, explique Nadine Gauthier. Au lieu d’être assis, il bouge en même temps qu’il apprend. »

Utilisations fréquentes. « Chaque fois que je sors de mon bureau, il y a un ou deux élèves qui profitent du corridor actif, se réjouit Nadine Gauthier. Ça peut être un enfant qui va à la salle de bains ou qui a besoin d’une pause cognitive parce qu’il est en surcharge, ou encore, un élève à besoins particuliers. C’est une façon très pertinente d’investir un espace habituellement inutilisé. »  Et il y a de la place pour l’imagination. On explique aux enfants comment suivre le parcours, mais chacun peut le faire à sa façon : à l’envers, en sautant trois lignes au lieu de deux, etc ».

Utilisation par le service de garde. En dehors des heures de classe, les élèves du service de garde peuvent faire les parcours de façon autonome, ou au cours d’une activité guidée par l’éducatrice.  Les corridors actifs peuvent également servir durant les récréations, en cas de pluie ou de grand froid. Ils représentent une opportunité de faire usage d’un espace habituellement inutilisé au profit de tous et toutes.

Le matériel. Les parcours peuvent être tracés avec du ruban adhésif de gymnase : lignes, carrés, etc. Si vous voulez utiliser des motifs plus élaborés, HOURRA ! propose deux ensembles de 64 formes (pieds et mains ou formes géométriques) autocollantes durables, ainsi que des guides d’utilisation et des cartes décrivant des jeux moteurs pour différents groupes d’âge. Ce matériel peut être commandé en ligne : Outils pédagogiques.

Besoin d’être accompagné ? HOURRA ! propose un service en personne aux équipes-écoles des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches pour les soutenir dans la conception, la mise en place et l’évolution des corridors actifs. Dans les autres régions, l’accompagnement peut être offert en ligne.

Un cours en ligne. Vous pouvez également suivre un cours de 20 minutes sur la plateforme Apprendre de 100°.

Les règles d’utilisation. Cette capsule vidéo montre des enfants qui se déplacent sur des parcours tracés avec du ruban adhésif, et indique quelques règles à respecter pour favoriser une utilisation agréable et adéquate des corridors actifs. Cette capsule vidéo montre des adultes qui se déplacent sur des formes autocollantes et illustre les règles à respecter pour favoriser une utilisation agréable et adéquate des corridors actifs.

Des périodes de psychomotricité au préscolaire

Dans toutes les écoles de la MRC de Portneuf, les élèves des maternelles 4 et 5 ans bénéficient de périodes de psychomotricité animées par les éducatrices des services de garde qui sont formées pour bien accompagner les enfants.

« Ces périodes structurées sont axées sur le développement du tonus, de la coordination et de l’autorégulation, explique Jacques Moffette, directeur des services éducatifs au centre de services scolaire (CSS) de Portneuf. Par exemple, certains jeux favorisent le développement de la force musculaire au niveau des bras et des épaules ou demandent l’exécution de mouvements complexes, deux habiletés préalables à l’apprentissage de l’écriture. »

Ces exercices favorisent également une meilleure autorégulation chez les élèves, ce qui développe leur capacité d’attention et les prépare à un apprentissage plus formel.

« Une intervenante du RSEQ-QCA vient chaque année former les nouvelles éducatrices, souligne Jacques Mofette. Elles sont ainsi bien outillées pour favoriser le développement psychomoteur des enfants et bien exploiter l’environnement physique et le matériel à leur disposition. »

Jouer à rien et avoir du plaisir

Le concept de « jouer à rien » peut paraître contre-intuitif, mais il a pourtant du succès auprès des enfants… et des éducatrices qui le mettent en pratique. « J’ai choisi d’expérimenter cette façon d’accompagner les enfants, parce qu’il y avait là un défi, tant pour moi que pour eux », explique Kathleen Chabot, responsable du service de garde à l’école la Découverte, située à Sainte-Hénédine dans Beauce-Etchemin.

Pas de matériel et pas d’intervention. « Jouer à rien », inspiré d’un concept développé pour les institutions de la petite enfance de la ville de Genève, consiste à laisser les élèves décider eux-mêmes à quoi ils veulent jouer dans le gymnase. Deux conditions inusitées s’appliquent : pas de matériel et une éducatrice en mode observation.

Observation. « Les enfants ne savaient pas trop quoi faire au début, mais rapidement ils se sont mis en action, explique Kathleen Chabot en racontant sa première expérience. Ils couraient, se déplaçaient dans le gymnase, jouaient au chien, à 1-2-3 soleil. Le fait de ne pas intervenir m’a permis de prendre le temps de vraiment les observer, une chose que je ne peux pas faire durant des activités organisées. »

Faire confiance aux enfants. Intervenir était en effet tentant pour l’éducatrice responsable du groupe des plus jeunes, mais elle avait comme consigne de se « retenir ». « Nous sommes habituellement très proactives, notamment pour éviter les conflits, explique Kathleen Chabot. Mais la formatrice m’avait demandé de faire confiance aux enfants et, s’ils venaient me voir, de leur dire d’essayer de régler eux-mêmes leurs différends. » 

Moins de conflits, plus d’idées originales. L’éducatrice a constaté que « jouer avec rien » génère moins de conflits que les jeux d’équipe organisés. « Je suis sortie de ma zone de confort et j’ai été agréablement surprise, affirme-t-elle. Ça m’a permis de mieux cerner la personnalité des enfants, leurs intérêts, leurs forces. Certains ont choisi des jeux qui n’avaient pas été faits depuis longtemps au service de garde et ça m’a donné de bonnes indications sur leurs préférences. D’autres enfants ont eu des idées auxquelles je n’avais pas pensé. »

Un besoin de liberté. Les enfants du groupe de Kathleen Chabot ont tous apprécié cette période de jeu particulière. « J’ai mis cette façon de faire en pratique durant deux mois, à raison d’une fois par semaine au printemps 2021, explique Kathleen Chabot. Les observer au lieu de les encadrer leur donne une liberté d’action dont ils ont besoin et l’absence de matériel stimule leur créativité. J’ai hâte de reprendre cette activité et d’inviter mes collègues à l’expérimenter avec des élèves. »

École L'Étincelle

Les transitions dynamiques dans les corridors

Les transitions entre la classe et la cour peuvent devenir chaotiques et désagréables. « En hiver, par exemple, les élèves peuvent avoir tendance à se désorganiser parce qu’ils ont trop chaud », mentionne Valérie Boulay-Pelletier, coordonnatrice pour le secteur mode de vie physiquement actif du RSEQ Québec – Chaudière-Appalaches.

Pour éviter les coups de pied dans les boîtes à lunch et le lançage de tuques en attendant que tout le monde soit habillé, la formatrice propose différentes stratégies aux enseignant·e·s. « Ça peut être un jeu de poignées de main secrètes ou des défis de postures d’équilibre à maintenir, mais aussi des jeux de manipulation comme les cubes Rubik, les Pop-It, les balles antistress et même les bons vieux jeux de ficelles, dit-elle. Il ne s’agit pas d’une grande dépense énergétique, mais la dextérité fait partie de la motricité et ça donne des moments de transition nettement plus agréables pour tout le monde ! »

Caroline Vachon, enseignante de maternelle 5 ans à l’école l’Étincelle de Sainte-Marguerite, est tout à fait d’accord. Depuis deux ans, elle utilise des pastilles de couleur au sol et des affiches trouvées dans internet montrant des postures pour rendre les transitions ludiques. « Ça fait une énorme différence, car je n’ai rien à gérer lorsque nous allons dehors et que nous revenons en classe », se réjouit-elle.

« Nous allons à la salle de bain avant et après le dîner et il faut donc attendre que tous aient fini de se laver les mains, poursuit Caroline Vachon. Il y avait beaucoup de conflits dans cet espace proche du gymnase, mais maintenant que l’enseignant d’éducation physique a installé sur le mur les lettres de l’alphabet avec un exercice en dessous, les jeunes sont beaucoup plus calmes durant les transitions. De plus, cet enseignant utilise ces stations au début et à la fin de ses cours, par exemple lorsque les élèves se changent et il adapte les défis de lettres selon l’âge des différents groupes. »

Valérie Boulay-Pelletier invite les enseignant·e·s et les éducatrices à « changer de lunettes » et accepter de modifier leurs pratiques, tout en tenant compte de leur emploi du temps chargé. « En leur permettant de voir autrement l’environnement physique des enfants et en leur offrant des solutions pratiques qui tiennent compte de leurs contraintes de temps et d’espace, je les outille pour que les élèves bougent plus, sans ajouter à leur charge de travail », conclut-elle. 

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