Initiative de l’entreprise d’économie sociale Espaces temps, en collaboration avec l'Université Concordia et la Maison de l'innovation sociale, CitéStudio se veut un lieu de rencontre pour établir le maillage entre la liberté de création universitaire et l’expertise concrète du monde municipal.
L’événement Voilà !, qui s’est tenu au marché Bonsecours le 4 décembre dernier, marquait une étape importante de l’actuelle phase pilote du projet CitéStudio Montréal. Il a permis de couronner 3 des 25 projets (voir l'encadré) sur lesquels ont travaillé 125 étudiants de l’Université Concordia. Dans le cadre de 6 cours différents, et grâce à la participation de 8 professeurs, les étudiants ont pu prendre la mesure de problèmes concrets auxquels sont confrontés les employés municipaux. Et d’apporter leurs solutions !
« Ils ont accompli un véritable tour de force, s’enthousiasme Raphaëlle Bilodeau, coordonnatrice de CitéStudio Montréal. Et, en dépit du peu de temps à leur disposition, de septembre au début décembre, les participants ont réussi à élaborer de nombreux projets qui offrent des pistes de solutions vraiment prometteuses. »
Les équipes d’étudiants avaient pour mission de relever l’un des 5 défis urbains définis par les fonctionnaires de la Ville de Montréal pour 2019. Ces derniers les ont d’ailleurs présentés aux étudiants dans le cadre de leurs cours. Les thématiques retenues étaient les suivantes :
- Identifier, comprendre et augmenter la diversité et la superficie de la canopée urbaine
- Sécuriser et augmenter la convivialité des intersections les plus dangereuses de Montréal
- Inclure la participation citoyenne dans le développement de communautés intelligentes
- Assurer et développer la sécurisation culturelle pour les peuples autochtones vivant en zone urbaine
- Intégrer les nouveaux services de mobilité partagée à la réalité métropolitaine
« Les participants n’étaient pas tenus de résoudre des enjeux spécifiques, mais avaient plutôt pour mandat d’explorer les possibles, précise Samuel Rancourt, stratège de la collaboration ville et université. Libérés de la contrainte d’apporter des solutions concrètes, directement applicables, ils ont plutôt défriché de nouveaux champs d’exploration. »
Crédit photo : Charles-Olivier Bourque
La cité et l’université
Cette collaboration inédite entre le monde municipal et le milieu universitaire offre aux employés de la ville l’occasion d’adopter de toutes nouvelles perspectives dans leur travail et aux étudiants la possibilité d’imaginer des solutions à des problèmes réels. D’ailleurs, la complexité des défis de l’heure exige de prendre une approche multidisciplinaire tout comme de briser les silos pour dégager des pistes d’action inédites. Et c’est le rôle que cherche à jouer CitéStudio Montréal : être un accélérateur de l’innovation sociale.
« Pour beaucoup, notre travail consiste à gérer de l’enthousiasme, explique Samuel Rancourt. L’enthousiasme qui animait tant les employés de la ville, qui ont manifesté une motivation et un intérêt à sortir de la boîte, que les professeurs, qui ont fait preuve d’une grande ouverture, et bien sûr les étudiants qui ont saisi l’occasion de relever des défis concrets. »
De manière à bien faire fonctionner ce maillage entre les universitaires et les fonctionnaires, CitéStudio Montréal, qui reprend la formule de CityStudio Vancouver, a élaboré une démarche en 5 étapes :
- Identification des défis urbains par les employés municipaux
- Jumelage des défis avec les programmes universitaires
- Co-conception des projets pilotes (cité et université)
- Expérimentation des projets pilotes dans la communauté
- Partage des résultats et mise en application des meilleures solutions
Crédit photo : Charles-Olivier Bourque
Incubateur d’idées
« Notre travail est de mettre en place un mécanisme rapide pour un maximum d’impact, explique Raphaëlle Bilodeau. Il faut partir du principe selon lequel la fonction d’une ville est, en grande partie, de répondre aux besoins des citoyens tandis que celle de l’université est de réfléchir, d’être à l’affût des grands courants de pensée. D’un côté, on a l’expérience des contraintes vécues sur le terrain, à l’intérieur de la boîte, et de l’autre, une imagination créative et libre de contraintes, à l’extérieur de la boîte. C’est justement le maillage de ces deux perspectives qui donne naissance à des idées innovantes. Des maillages probables et improbables… »
« Dans des logiques habituelles de travail, enchaîne Samuel Rancourt, si un problème de design urbain se pose, par exemple, alors on va faire appel à des urbanistes pour le résoudre. On suit donc un chemin balisé. Mais, chez CitéStudio, on se permet de créer des maillages qui peuvent paraître surprenants ou même incompatibles, à première vue. Car, en étant confrontés à des problèmes qu’ils n’ont pas l’habitude de rencontrer, les gens finissent par trouver des solutions qui n’étaient pas attendues. »
« L’autre caractéristique qui distingue notre incubateur de la plupart des milieux professionnels, ajoute Samuel Rancourt, c’est que les gens ne se font pas imposer un projet ou une collaboration. Tout repose sur la motivation de chacun, sur l’intérêt de contribuer à la démarche. C’est important puisque c’est la relation de confiance qui, dès le début, cimente l’esprit de collaboration. »
Crédit photo : Charles-Olivier Bourque
Promesses d’avenir
CitéStudio Montréal entre dans une phase d’évaluation qui va déterminer son avenir. Toutefois, forte du succès de son projet pilote, la petite équipe tissée serrée porte déjà ses regards vers l’avenir. Raphaëlle Bilodeau envisage, pour la prochaine année, de consolider leurs acquis avant de multiplier les partenariats. À ce chapitre, le potentiel est énorme, car Montréal est une ville qui compte 12 établissements universitaires, quand on inclut les centres de recherches.
« La formule que nous mettons de l’avant provient du CityStudio Vancouver. À l’heure actuelle il existe 12 CityStudio à travers le monde. CitéStudio Montréal est le dernier né de cette cohorte et le seul à utiliser la graphie francophone. Or, de toutes ces autres villes, Montréal est celle qui compte probablement la plus forte concentration d’institutions universitaires. Pour nous, c’est bien sûr un défi considérable, mais en même temps cela multiplie les possibilités de collaboration avec la ville. Et d’innovations ! »
Lauréats 2019 de Voilà !
Prix concept original : Rootrade
Crédit photo : Charles-Olivier Bourque
C’est une application, proposée par Lily Cowper et Oldri Kecaj, qui servirait à trouver, vendre ou échanger des légumes dans le quartier Montréal-Nord. Elle répond au défi d’inclure la participation citoyenne dans le développement de communautés intelligentes.
Prix meilleure contribution : Ebbs & Eddies
Crédit photo : Charles-Olivier Bourque
Daniel Ercegovac, Dillan Cools, Francis Grenier, Jordan Langlois, Kristopher Adam Poteet and Michael Tomizzi ont imaginé un nouvel aménagement pour le parc des Gorilles dans le quartier Parc-Extension en redessinant une intersection dangereuse, notamment pour les cyclistes. Le projet répondait au défi d’intégrer les nouveaux services de mobilité partagée à la réalité métropolitaine.
Prix du public : Coin illuminé
Crédit photo : Charles-Olivier Bourque
Pour répondre au défi d’inclure la participation citoyenne dans le développement de communautés intelligentes, Anastasia Statsenko et Patrizio McLelland proposent d’installer des sculptures lumineuses au cœur de chaque quartier. Plus les résidents du secteur vont réduire leur consommation d’électricité, plus la sculpture va se parer de lumières vives. On récompense l’économie d’énergie par la beauté !