Santé environnementale

Comment le bruit environnemental nuit-il à la santé?

Comment le bruit environnemental nuit-il à la santé?

Les transports routier et aérien, les chantiers de construction, même le voisin avec sa tondeuse font partie du bruit qui occupe la trame sonore de notre quotidien, particulièrement en milieu urbain. Autrefois perçu comme une simple nuisance, il est désormais considéré comme un réel problème de santé publique.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le bruit environnemental est constitué du bruit provenant de toutes les sources, sauf celui émis en milieu de travail — non pas que celui-ci n’a pas d’impact, mais il correspond davantage au bruit professionnel. Il s’agit donc de l’ensemble des sons jugés indésirables parce qu’ils dérangent ou parce qu’ils sont susceptibles d’avoir des effets néfastes sur la santé de la population. Ainsi, l’OMS reconnaît que la pollution par le bruit est un problème de santé publique de plus en plus fréquent.

En effet, il peut être à la source de troubles du sommeil, de problèmes d’apprentissage en milieu scolaire, de perte auditive, d’acouphènes, ainsi que de maladies cardiovasculaires. Au Québec par exemple, il affectait au moins 640 000 personnes de 15 ans et plus en 2014, selon les données de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ). De plus, ses coûts sociétaux s’élèveraient à 680 millions de dollars par année.

bruit environnemental

Les causes du vacarme

Ici comme ailleurs, le bruit environnemental provient principalement du transport routier. Les autres sources importantes sont le bruit des transports aérien et ferroviaire, en particulier les gares de triage. Il y a aussi le bruit des activités de voisinage, des activités industrielles, des loisirs motorisés et des chantiers de construction. Même l’écoute de la musique forte chez les jeunes ou dans des lieux de diffusion de musique comme les bars et les festivals fait partie des bruits environnementaux.

Dans plusieurs situations, le nombre d’expositions à plusieurs sources de bruit s’accumule, comme c’est souvent le cas en ville. Et contrairement à ce que plusieurs croient, « le corps ne s’habitue pas au bruit, explique Lucie Laflamme, conseillère en santé environnementale à la Direction de la santé environnementale au ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS). Les oreilles n’ont pas de paupières, le son entre continuellement. Le corps est donc en stress constant. »

bruit environnemental

Prévenir pour améliorer l’environnement sonore

Lorsqu’il est question d’adresser une problématique de santé publique, il faut d’abord et avant tout reconnaître son existence. Après quoi une analyse de la littérature scientifique permettra de mieux comprendre le phénomène et d’émettre des principes directeurs pour réduire les risques à la santé.

« Au Québec, contrairement à l’Europe qui travaille là-dessus depuis des décennies, on a beaucoup de travail à faire », ajoute Madame Laflamme. Ainsi en 2013, un comité ministériel mené par le MSSS a été créé dans le but d’analyser les données probantes à propos de l’impact du bruit environnemental sur la santé et ainsi sensibiliser les autres ministères à ce sujet. Ce faisant, pas moins de dix ministères et onze organisations se partagent les responsabilités dans ce dossier épineux. Et les intervenants ne sont pas uniquement au niveau gouvernemental. « Nous travaillons en collaboration avec l’Université Laval, l’Université McGill et l’École de technologie supérieure (ÉTS) afin de cerner la problématique localement et de créer des outils comme un guide d’insonorisation, une cartographie sonore de la province et des recommandations de valeurs et de normes en matière de bruit environnemental », précise Madame Laflamme.

Dans le même ordre d’idée, l’INSPQ a conçu un guide intitulé Meilleures pratiques d’aménagement pour prévenir les effets du bruit environnemental sur la santé et la qualité de vie. Il est entre autres précisé que « les meilleures pratiques pour atténuer le bruit environnemental vont du transport actif au design des rues, en passant par l’orientation des édifices et des pièces intérieures, sans oublier les écrans antibruit et l’ajout de végétaux disposés de manière optimisée. » En ce sens, la ville de Valleyfield a déplacé sa voie ferrée principale qui passait au centre-ville vers une zone moins sensible, plus industrielle. Aussi, un bon exemple d’écran antibruit est d’empiler des conteneurs dans un port pour atténuer le bruit des navigations maritime et marchande.

mur anti-bruit

Pour sa part, l’OMS a émis ses principes directeurs en 2018. Elle recommande de :

  • Réduire l’exposition au bruit, tout en conservant des zones calmes ;
  • Promouvoir des interventions de réduction de l’exposition au bruit et d’amélioration de la santé ;
  • Coordonner les approches visant à contrôler les sources de bruit et les autres risques environnementaux pour la santé ;
  • Informer et impliquer les groupes de population potentiellement concernés par un changement de l’exposition au bruit.

Reste à voir si ces mesures peuvent être adaptées à la réalité québécoise et dans la plupart des municipalités. D’où l’importance d’inclure divers ministères, organismes et spécialistes en la matière pour concevoir une approche qui convient à tous les milieux.

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