Santé environnementale

Jour de la Terre: souligner l’urgence d’agir, malgré la pandémie

Jour de la Terre: souligner l’urgence d’agir, malgré la pandémie

Demain, 22 avril 2020, ce sera le 50e anniversaire du Jour de la Terre. À pareille date, l’an dernier, un milliard de personnes participaient à des activités pour souligner l’événement. Cette année, près de la moitié de la population mondiale est placée en confinement. Et bien qu’il sera impossible de nous réunir, c’est tout de même le moment d’avoir une petite pensée pour la planète.

Le 1er  Jour de la Terre s’est donc tenu en 1970. C’était aux États-Unis, seulement. Mais l’événement avait quand même mobilisé 20 millions de personnes. Il faudra attendre 1990 pour que le mouvement devienne véritablement mondial.

Cela fait donc un demi-siècle, au moins, que des gens manifestent leur inquiétude à l’égard de l’environnement et qu’ils critiquent le capitalisme prédateur ravageant la planète. Dans Small Is Beauttiful, livre qui fera école, Ernst Friedrich Shumacher prônait déjà, en 1973, la nécessité d’une utilisation soutenable des ressources naturelles.

À cette époque, des penseurs comme Shumacher vont, en vain, tenter d’expliquer que la planète forme un tout, et que des actions locales peuvent avoir un impact global, pour le meilleur ou pour le pire. Même la poignante photo du lever de Terre prise par les astronautes de la mission Apollo 8, alors en orbite autour de la Lune, ne parviendra pas à convaincre les nations de la fragilité de notre monde.

La pandémie comme métaphore

Aujourd’hui, la pandémie nous rappelle, par sa brutale globalité, que nous vivons sur une planète bien plus petite que nous l’imaginions. Il aura suffi de quelques mois à peine pour qu’un simple virus prenne le monde entier en otage. Un peu comme si la Nature, dans une expérience de laboratoire dont elle a le secret, s’était plu à démontrer que nous vivons tous dans la même éprouvette.

Or, on le sait depuis des décennies, une grande partie des maladies émergentes résultent des pressions humaines sur les écosystèmes. Les zoonoses, comme on les appelle, sont généralement le fruit empoisonné de nos interactions avec des animaux qui, privés de leurs habitats, tentent de survivre dans les nôtres, quand ils ne deviennent tout simplement pas de la « viande de brousse ». Nous sommes donc les apprentis sorciers de cette expérience microbiologique qui a mal tourné.

Et responsables de son émergence, nous le sommes aussi de sa propagation. La facilité avec laquelle les transports aériens nous permettent de voyager a offert au virus le monde entier sur un plateau d’argent. C’est la multiplication des voyages en avion qui a ramené la taille de la planète à celle d’un tube à essai. Et si maintenant nous payons un lourd tribut, c’est probablement en raison de cette emprise globale que nous exerçons sur les écosystèmes, malgré plus d'un demi-siècle d’avertissements.

Une domination planétaire

«Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste1.» - Kenneth Boulding

Dès les années 1960, ivres de nos prouesses technologiques et scientifiques, nous avons sincèrement cru détenir des pouvoirs illimités qui nous garantissaient la maîtrise de la nature. À vrai dire, grâce à la bombe atomique, nous avions surtout acquis la capacité de la détruire. Mais, sagement, nous avons préféré mettre en place une civilisation de la consommation reposant sur un ensemble de processus qui, essentiellement, servent à transformer de la matière première en déchets.

Résultat : grâce à notre insouciante avidité, des continents de plastique sont apparus dans les océans tandis que notre atmosphère étouffe en raison de nos émissions de gaz à effet de serre. Si bien que cette brève période historique marque désormais le début d’une nouvelle ère géologique. On a ainsi baptisé notre époque : anthropocène. Une ère associée à la sixième extinction de masse par le recul accéléré de la biodiversité. Et qui, soudain, pour la toute première fois, doit brider son extractivisme frénétique à cause de l’émergence inopinée d’un simple virus... Ironie du destin.

Un monde en pause

Avions cloués au sol. Autoroutes désertées. Économie au ralenti. C’est un peu comme si la COVID-19 nous avait obligés à calmer tous nos excès; à littéralement modérer nos transports. D’ailleurs, très vite, au-dessus des zones confinées, on a pu mesurer une amélioration spectaculaire de la qualité de l’air. À tel point que les habitants de Los Angeles, par exemple, ont redécouvert l’existence des étoiles dans le ciel nocturne.

Loin d’être anecdotique, ce cas doit nous rappeler que la pollution atmosphérique fauche plus de vies, chaque année, que tous les virus. Au point même de pouvoir raisonnablement avancer cette troublante hypothèse : le ralentissement de nos activités serait-il susceptible de sauver plus de vies que la COVID-19 n’en réclamerait ? Tout simplement par la réduction des émissions de particules très fines, de dioxyde d’azote et d’ozone ? Et c’est sans parler des gaz à effet de serre…

Action climat

Cette année, justement, le thème du Jour de la Terre est : Action climat. Ses organisateurs tiennent à rappeler l’urgence d’agir, car notre « système de support de vie » (life-support system) est désormais détraqué. Et donc, l’inaction n’est plus une option. D’ailleurs, une toute récente étude internationale vient de chiffrer les coûts exorbitants de cette inaction. Pour faire image, on peut le résumer ainsi : ne rien faire pour le climat coûterait autant qu’une pandémie par an !

L’avertissement est sérieux. Et bien que ce ne soit pas le signe d’une fatalité, il ne faudrait pas non plus que cette pandémie fasse figure de répétition générale. Au contraire, nous devons en tirer des leçons utiles pour l’avenir. Car le retour à la normale devra déboucher sur un « nouveau normal ». Et, ne l’oublions pas, chaque petit geste compte sur cette planète où les actions locales peuvent aussi avoir un impact global : pour le meilleur ou pour le pire. À nous de choisir !

1 Traduction libre : "Anyone who believes exponential growth can go on forever in a finite world is either a madman or an economist."

 

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