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Les Québécois·e·s n’ont jamais été aussi conscient·e·s de l’urgence d’agir pour le climat. Mais la population semble manifester une saturation croissante à l’égard des actions climatiques individuelles. La morosité climatique aurait-elle pointé le bout de son nez ?
Le Groupe de recherche sur la communication climatique de l’Université Laval publie la 4e édition de son Baromètre de l’action climatique, un rapport qui prend le pouls de la population québécois quant à sa volonté d’agir pour le climat.
Qu’est-ce qu’on y apprend ?
Bonne nouvelle la préoccupation des Québécois·e·s à l’égard de la crise climatique n’a jamais été aussi forte : 86 % croient à l’urgence d’agir. C’est deux points de pourcentage de plus qu’en 2021. Toutefois, le rapport souligne un renforcement des croyances susceptibles de nuire à l’action climatique.
Par exemple, 23 % des Québécois·e·s pensent qu’il « est trop complexe d’agir contre les changements climatiques », 20 % qu’il « est trop tard pour lutter contre les changements climatiques », et 18 % que « les changements climatiques ne concernent pas ma génération ». Notons que le rapport est le résultat d’une enquête par questionnaire en ligne réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 Québécois·e·s âgé·e·s de plus de 18 ans.
Globalement, les auteurs de ce rapport constatent une saturation des gestes individuels, avec moins de personnes qui souhaitent en faire plus pour le climat. Et la majorité des Québécois·e·s estime que d’autres instances comme les entreprises, les gouvernements ou les municipalités devraient en faire plus.
Ainsi, le sentiment d’urgence d’agir se mêle à celui d’impuissance ou du « pas dans ma cour ». Une sorte de « oui, mais », face à l’action climatique. La population semble se distancier de la menace climatique, alors même que les évènements extrêmes se multiplient partout dans le monde, y compris au Québec. Le rapport indique en effet que seulement 20 % des Québécois·e·s perçoivent la menace climatique comme étant élevée à court terme, pour eux personnellement. Ils l’estiment, en revanche, plus importante pour le reste du monde à 68 %.
Quelles émotions face à la crise climatique ?
Si la population reste majoritairement optimiste (69 %), 48 % déclare craindre les changements climatiques, 54 % éprouve de la tristesse et 42 % de la colère.
Au chapitre de l’écoanxiété, cette forme d’inconfort psychologique ou physique en lien avec les changements climatiques, près d’une personne sur deux rapporte en avoir vécu dans la dernière année. Au Québec, elle est en général un moteur d’action pour réduire l’empreinte climatique à travers des gestes individuels, mais elle peut à l’inverse, si elle est trop forte, démotiver voire paralyser.
Des gestes plus ou moins faciles à adopter
Le rapport indique également qu’en matière d’action individuelle certains changements sont plus difficiles que d’autres à opérer. Les Québécois·e·s privilégient les actions simples à mettre en place, comme recycler, minimiser le gaspillage alimentaire et choisir des produits réutilisables. Mais ils adhèrent moins à des actions exigeant des changements importants de mode de vie, comme consommer moins de viande ou minimiser le plus possible l’utilisation de leur véhicule à essence.
La mobilité est d’ailleurs un exemple du « oui, mais » des Québécois vis-à-vis de l’action climatique. En effet, 86 % de la population souhaite, tant en quantité et qu’en qualité, plus d’infrastructures en transport actif (marche, vélo, etc.) et collectif (autobus, métro, etc.). Cependant, la voiture solo reste de loin le transport le plus utilisé, toutes catégories d’âge confondues. Si bien que l’adhésion à des politiques publiques visant, par exemple, à réduire le nombre de véhicules sur les routes demeure faible. Des mesures qui semblent pourtant montrer une grande efficacité.
Pour un décryptage complet du Baromètre de l’action climatique 2022, rendez-vous sur le site d’Unpointcinq.
