Aménagement urbain

Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire

Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire

Ressource

Mieux habiter et bâtir notre territoire : voilà le titre qui chapeaute la vision stratégique de la première Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire (PNAAT) que vient de dévoiler le gouvernement du Québec. Une vision stratégique qui ne manque pas d’ambition. Mais qui demeure vague sur les moyens de sa mise en œuvre.

La PNAAT était depuis longtemps attendue. Le gouvernement lui-même admet que le cadre d’aménagement actuel « n’apporte pas de solution efficiente aux enjeux d’importance, tels l’urbanisation coûteuse, l’étalement urbain, la protection du patrimoine culturel, des terres agricoles et des milieux naturels, la mobilité durable, la lutte contre les changements climatiques, les effets sur la santé, l’accès au logement ou l’évolution des paysages ».
 
Le diagnostic est clair. Partant de là, la PNAAT s’articule en fonction de quatre axes :

  • Des milieux de vie de qualité qui répondent aux besoins de la population.
  • Un aménagement qui préserve et met en valeur les milieux naturels et le territoire agricole.
  • Des communautés dynamiques et authentiques partout au Québec.
  • Un plus grand souci du territoire et de l'architecture dans l'action publique.
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En mode densification

Si d’aucuns persistent à croire que la densification n’est qu’une mode passagère, selon la PNAAT il s’agit plutôt du mode de développement durable que l’on doit essentiellement privilégier. D’abord, pour des raisons économiques. « L'étalement urbain est coûteux pour le Québec. Il entraîne des investissements massifs en fonds publics pour l’ajout et le maintien à long terme de nouvelles infrastructures (…). Ce type de croissance urbaine, où les infrastructures sont soutenues par un plus petit nombre de personnes, hypothèque les ressources des citoyennes et citoyens ainsi que les finances du Québec ».
 
D’autre part, constate la PNAAT, les enjeux climatiques doivent déjà infléchir nos choix afin d’éviter que le ruineux modèle de l’étalement urbain ne nous conduise à la faillite. « L’absence de considération des risques d’origine climatique dans le financement des projets d’infrastructures publiques aura des conséquences notables sur les finances publiques. Le coût du statu quo est beaucoup plus élevé que l’investissement dans la résilience. (…) Étendre de manière diffuse et éparpillée notre empreinte sur le territoire entraîne également des coûts importants : perte de terres agricoles, dégradation des milieux et des paysages naturels les plus accessibles à la population et perte de biodiversité. »

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Aménagement durable

La densification, comme frein à l’étalement urbain, permet non seulement de protéger nos précieuses terres agricoles et nos tout aussi riches écosystèmes, comme les forêts et les milieux humides, mais, en raccourcissant les distances entre les pôles de services, elle permet d’affranchir une plus grande partie de la population de sa dépendance à l’automobile. D’où la nécessité de : « réaliser des projets d’infrastructure durable et de concevoir nos villes et nos villages de façon à favoriser les formes d'aménagement qui limitent les émissions de GES, ainsi que les distances parcourues et qui permettent un accès simplifié aux services par une diversité de modes de déplacement, comme la marche, le vélo, le transport collectif, le transport partagé ou la voiture électrique. »
 
Mine de rien, la PNAAT remet carrément en cause le modèle de développement urbain centré sur l’automobile et qui nous vient des années 1950. Le passé n’a plus d’avenir au Québec. « Trop souvent, les services du quotidien comme les marchés d’alimentation, les institutions financières et les bureaux de poste ont eu tendance à disparaître des cœurs de villes et de villages. Les espaces publics, particulièrement la rue trop souvent réduite à sa seule fonction d’axe de circulation automobile, pourraient être plus conviviaux, sécuritaires, multifonctionnels et accessibles à toutes et à tous. »

« Afin de former des communautés résilientes, capables notamment de mieux s’adapter aux conséquences des changements climatiques et de prévoir les impacts des choix d’aujourd’hui sur le climat de demain, il faut ancrer les pratiques d’architecture et d’aménagement du territoire dans une approche plus durable. »

Mieux habiter et bâtir notre territoire

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De la parole aux actes

De manière générale, la PNAAT reçoit un bon accueil, malgré plusieurs bémols. Ainsi, l’organisme Vivre en Ville juge « adéquate » cette vision stratégique, tout en ajoutant qu’elle gagnerait à être « clarifiée et raffermie ». Par ailleurs, souligne l’organisme, « les vraies décisions restent à prendre ». En effet, le plan de mise en œuvre de la PNAAT ne sera pas dévoilé avant le début de l’année 2023.
 
De son côté, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a réagi « positivement » à la vision véhiculée par la PNATT, notamment parce qu’elle repose sur une approche globale. Mais du même souffle, l’UMQ rappelle au gouvernement l’importance de moderniser la Loi sur l’expropriation, afin de mieux outiller les villes en matière d’aménagement.
 
L'Ordre des urbanistes du Québec « salue » cette PNAAT, considérant qu’il s’agit d’un important pas en avant. Toutefois, l’Ordre se désole du fait que le document ne contient que « peu d'engagements concrets, aucun budget, ni même une feuille de route détaillée » tout en pressant le gouvernement de « définir les moyens de mise en œuvre. »
 
Même son de cloche de la part du G15+ qui « salue » la PNAAT tout en espérant que cela : « se traduira rapidement par le dépôt d’un plan d’action, de nouvelles orientations gouvernementales et de budgets à la hauteur de nos défis collectifs ».
 
Pour sa part, la Fédération québécoise des municipalités « accueille favorablement » la PNAAT, sans plus de réserve. De manière analogue, l’Ordre des architectes, qui appelait de ses vœux depuis plus de 40 ans l’adoption d’une Politique d’architecture, voit son souhait enfin concrétisé.
 
Enfin, le Centre d’écologie urbaine de Montréal se dit satisfait de retrouver dans la vision de la PNAAT « un constat lucide des problématiques de développement et d’aménagement du territoire », mais demeure en « attente » de sa mise en œuvre.
 
Bref, la « vision » portée par la Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire semble être bien reçue. Reste à savoir si la volonté du gouvernement sera à la hauteur des défis de sa mise en œuvre. Car, la barre est haute et, désormais, il y a obligation de résultat !

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