Réduire l’insécurité alimentaire et revoir le système alimentaire pour le rendre plus local, plus équitable et plus durable devraient être des priorités au Canada. C’est la conclusion d’un récent rapport remarquable qui rend compte des réflexions de 15 fondations privées et d’entrevues avec 20 acteurs du système alimentaire.
Ces 15 fondations consacrent en tout 16,5 M$ par année à des enjeux alimentaires. Le rapport insiste sur le fait que l’insécurité alimentaire a atteint un niveau inacceptable au Canada. De plus, selon les auteurs, l’augmentation des maladies chroniques reliées à l’alimentation et l’impact environnemental du secteur agroalimentaire représentent des enjeux cruciaux et urgents.
Des solutions existent et les fondations sont prêtes à les financer, mais ce travail doit être soutenu par une politique alimentaire nationale, souligne le rapport.
« Fondamentalement, notre société a choisi de ne pas s’intéresser à l’alimentation. Changer le système alimentaire canadien de façon efficace et réaliste exigera une campagne majeure de relations publiques afin d’améliorer la littératie alimentaire des enfants et de leurs parents. »
Coopérer pour mieux agir
Premier constat de ce rapport : en collaborant entre elles plutôt que de travailler en silos, les fondations reconnaissent que leurs efforts pour améliorer le système alimentaire canadien seraient plus fructueux.
Le financement de projets et de programmes à plus long terme est une autre solution mise de l’avant par le rapport, notamment en prévoyant des frais d’administration et de communication suffisants pour assurer la pérennité des effets bénéfiques d’une intervention.
Rétablir un système alimentaire à dimension humaine
Voici quelques-unes des pistes d’action dégagées par le groupe de réflexion :
Fondations
- Financement de projets axés sur la création d’entreprises de transformation alimentaire de taille moyenne, de pôles de distribution locaux et de fermes familiales de plus petite taille.
- Soutien aux fermes en transition vers des méthodes et des techniques de production plus durables.
- Financement de l’amélioration de l’accès à une alimentation saine et abordable dans les communautés autochtones et prise en compte de l’influence majeure des changements climatiques sur l’approvisionnement alimentaire traditionnel dans les régions nordiques.
« Il est grand temps que le Canada agisse pour respecter son obligation de consulter et d’accommoder raisonnablement les Premières Nations en adoptant de nouvelles politiques. Il faut cesser de faire les choses en fonction des "lois et des droits", mais plutôt les accomplir dans l’optique d’une "responsabilité". »
Gouvernements et institutions publiques
- Adoption d’une politique alimentaire canadienne axée sur une production locale, régionale et nationale d’aliments sains, la restriction du marketing alimentaire ciblant les enfants, la réduction de la pauvreté, avec un accent sur les enjeux alimentaires et les droits des Premières Nations.
- Adoption de politiques locales d’approvisionnement alimentaire des institutions provinciales, municipales et scolaires. Le document de réflexion souligne l’importance de mettre en commun les meilleures pratiques dans ce domaine, plutôt que de travailler en silos. Le rapport reconnaît toutefois, que pour le moment, l’identification des aliments locaux et produits de façon durable est difficile pour les fournisseurs, et que le prix plus élevé des produits biologiques représente un obstacle important.
- Collaboration des fondations avec les instances gouvernementales et l’industrie, dans la mesure où ce partenariat peut déboucher sur une réelle modification du système alimentaire actuel.
La nécessité d’une réflexion et d’une collaboration inclusives
Le rapport insiste également sur l’importance d’adopter un mode de travail beaucoup plus collaboratif et inclusif autour des enjeux alimentaires canadiens. Les discussions de fond incluent déjà les gouvernements, l’industrie agroalimentaire et les universités, mais devraient aussi donner la parole à la société civile, aux jeunes et aux petites et moyennes entreprises du secteur agroalimentaire.
Parmi les 15 fondations ayant participé à cette réflexion, on compte notamment : The Brian and Joannah Lawson Family Foundation, les Fondations communautaires du Canada, le Greenbelt Fund, la Sprott Foundation et la Fondation de la famille J.W. McConnell.
Parmi les 20 acteurs du système alimentaire consultés, on compte : Équiterre, le Toronto Food Policy Council, le Conference Board du Canada, les Banques alimentaires Canada, 3 universités, le BC Food Systems Network, le MAPAQ et l’Institut canadien des politiques agroalimentaires.
Source : Sustainable Food Systems – A Landscape Assessment for Canadian Philanthropy, avril 2016.