S’adonner à des activités intergénérationnelles: que du bon!

Comment agissent les activités intergénérationnelles sur les aîné·e·s ? Au départ, elles auraient un effet revigorant. « Avoir un engagement, ça vitalise, mentionne Johanne Filiatrault, professeur titulaire à l’école de réadaptation de la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Et s’engager dans un projet qui a du sens pour soi, ça structure le quotidien. »
 
Il y a aussi que, pour participer à une activité, il faut sortir de chez soi, ce qui signifie bouger. « La personne est généralement plus active à cause de cet engagement-là », dit Johanne Filiatrault, ne serait-ce que parce qu’elle se déplace pour s’y rendre. La spécialiste affirme que toute énergie supplémentaire dépensée au cours d’une journée a son importance et peut contribuer à un mode de vie physiquement plus actif. Sans compter que, au fil du temps, les participant·e·s à des activités intergénérationnelles peuvent en venir à se dépenser encore davantage sans même s’en rendre compte.
 
Les activités intergénérationnelles permettent aussi à des personnes qui seraient peut-être restées isolées de sortir, de se tourner vers d’autres et, éventuellement, de se construire un réseau social. « Cela est un gain important, car on sait aujourd’hui que la solitude, lorsqu’elle est subie, peut avoir des impacts négatifs sur la santé », indique Lucie Lapierre, chercheuse et analyste à l’Agence de la santé publique du Canada.
 
Par ailleurs, on sait aussi que l’interaction sociale est un déterminant clé du vieillissement en santé. Ainsi, participer à des activités intergénérationnelles permet de se sentir mieux, d’avoir de meilleures performances cognitives, d’éviter la dépression, voire de vivre plus longtemps.
 
C’est sur le plan psychologique que les bienfaits des activités intergénérationnelles sont le plus clairement démontrés. Chez les aîné·e·s qui s’adonnent à de telles activités, on remarque une augmentation de la confiance en soi et de l’estime de soi, ainsi qu’une diminution de l’anxiété. « Généralement, quand on fait des activités avec des jeunes, on ne parle pas de ses bobos », souligne Lucie Lapierre.
 
Les activités intergénérationnelles procurent aussi des bienfaits chez les aîné·e·s aux prises avec des troubles cognitifs. « S’ils sont engagés dans quelque chose qui a du sens pour eux, il est possible que cela diminue leurs comportements d’agressivité ou d’errance », dit Johanne Filiatrault. 
 
Selon l’activité à laquelle on s’adonne, d’autres bienfaits peuvent être ressentis. Ainsi, les activités intergénérationnelles peuvent permettre le transfert de connaissances et ainsi alimenter la « générativité », soit la volonté de contribuer à la génération suivante. Selon Johanne Filiatrault, ce besoin est particulièrement présent chez les aîné·e·s et il peut être extrêmement valorisant de le combler. Cela peut notamment contribuer à donner un sens à leur vie et à augmenter leur empowerment.
 
Pas surprenant que les aîné·e·s qui s’adonnent à des activités intergénérationnelles soient de meilleure humeur et ressentent un sentiment de mieux-être. « Nous croyons que, pour les aînés, les activités intergénérationnelles stimulent tous les sens et améliorent les capacités physiques, cognitives et sociales », résume Johanne Filiatrault.
 

Les aîné·e·s ne sont pas les seul·e·s auxquel·le·s les activités intergénérationnelles procurent des bénéfices. Les jeunes aussi en tirent profit. Selon Johanne Filiatrault, les études démontrent que ceux qui s’adonnent à de telles activités ont de meilleurs comportements en classe et sont plus motivés à apprendre. De plus, ils ont davantage de facilité à lire et à écrire et, de manière générale, ils sont plus performants. On constate également qu’ils passent moins de temps devant les écrans.

Chez les jeunes aussi, les activités intergénérationnelles ont pour effet d’augmenter la confiance en soi. « Le jeune qui échange avec un aîné, qui se fait aider par celui-ci, se sent reconnu, ce qui génère un sentiment d’estime de soi et d’inclusion sociale », dit Fatima Ladjadj, directrice d’Intergénérations Québec. Johanne Filiatrault ajoute que, chez les jeunes, on rapporte aussi des bienfaits en lien avec le développement de l’identité.

Dernier avantage, et non le moindre, les activités intergénérationnelles contribuent à vaincre les préjugés. En effet, on note que les jeunes qui s’adonnent à de telles activités ont une meilleure perception des aîné·e·s, et que l’attitude qu’ils ont à leur égard s’améliore. S’ils ont des idées préconçues, celles-ci disparaissent. « Ces activités réduisent l’âgisme et augmentent l’empathie », affirme Johanne Filiatrault.

L’inverse est aussi vrai : les aîné·e·s qui sont en contact avec des jeunes les découvrent et les apprécient. Dans certains cas, leurs peurs ou leur méfiance disparaissent. « Les activités intergénérationnelles qui rapprochent les aîné·e·s et les jeunes ont pour effet de promouvoir une société inclusive, solidaire et dépourvue d’âgisme » conclut Fatima Ladjadj. Que du bon !