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Un monde où il fait bon boire sans alcool pour les futures mamans

Un monde où il fait bon boire sans alcool pour les futures mamans

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Ce n’est pas parce qu’on décide de fonder une famille que, du coup, notre environnement physique et social change afin de nous aider à boire sans alcool pendant 9 mois. Il faut bien se l’avouer, au Québec, l’alcool est omniprésent dans nos vies et, pour certaines femmes enceintes, cela rend l’abstinence d’autant plus difficile.

Septembre étant le mois de sensibilisation au Trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF), l’occasion est belle de rappeler qu’on a toutes et tous un rôle à jouer pour soutenir les futures mamans et, par le fait même, les enfants à naître.

Trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale

Alcool et grossesse : pourquoi est-ce important qu’on en parle ?

Selon deux sondages ASPQ-Léger menés en 2020, la moitié des Québécois·es et plus du quart des femmes enceintes ignorent ce qu’est le TSAF. Ce trouble englobe les diverses conséquences possibles de l’exposition du fœtus à l’alcool, une substance qui est toxique pour lui. L’alcool est, en fait, la première cause d’anomalies de naissance, de troubles du développement et de déficience intellectuelle évitables au Québec. Et comme aucun seuil sécuritaire de consommation n’est établi pendant la grossesse, alors on recommande de ne pas en boire du tout.  


Bien qu’on puisse penser qu’il est rare aujourd’hui que des bébés soient affectés par l’alcool, une étude ontarienne a estimé que de deux à trois enfants sur 100 l’étaient. Et, selon les dernières données disponibles, plus de Québécoises affirment boire de l’alcool pendant la grossesse que ce que l’on déclare dans la province voisine.

Trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale

Boire sans alcool n’est pas normal

Il n’existe pas de statistiques gouvernementales récentes sur la consommation d’alcool pendant la grossesse, mais différentes enquêtes publiées de 2005 à 2008 rapportaient que cela concernait environ une femme enceinte sur cinq, voire le tiers des futures mamans au Québec. Et, contrairement à ce qu’on pourrait peut-être penser, les femmes de 20 à 24 ans, nées au Québec, ayant un diplôme postsecondaire et un revenu élevé étaient les plus susceptibles de rapporter une consommation d’alcool pendant leur grossesse. Au-delà des conditions de vie précaires, bien d’autres éléments influencent donc la prise d’alcool lors de la grossesse.
 
Dans un sondage de l’ASPQ, en 2020, 8 % des femmes enceintes répondantes ont dit avoir consommé de l’alcool pendant leur grossesse. Environ la moitié ont mentionné être plus susceptibles d’en consommer quand leur conjoint·e buvait de l’alcool. La pression sociale (soirée entre ami·e·s, temps des Fêtes, etc..) était l’une des explications les plus souvent mentionnées chez un groupe de femmes ayant trouvé difficile de ne pas consommer d’alcool pendant la grossesse.
 
Le fait de ne pas boire d’alcool en société dérange. Il faut se justifier pour un refus ou si l’on opte pour une boisson non alcoolisée (Es-tu malade ? Prends-tu des antibiotiques ? Ça ne va pas ?). Si la plupart du temps, l’annonce de la grossesse « rassure » l’entourage sur l’état de santé physique ou mental, cela n’élimine pas forcément toute la pression à consommer. Or, quand on offre de l’alcool à une femme enceinte pour relaxer, célébrer ou pour d’autres raisons, même si nos intentions sont bienveillantes, on risque de causer un tort irréparable et imprévisible. Et ça arrive encore.
 
« Moi, j’ai été [plusieurs fois] enceinte dans ma vie, et [il y a déjà eu] un serveur au restaurant qui me trouvait donc coincée de ne pas prendre un verre de vin alors que j’étais avec mon conjoint. [Et même si] je lui disais que j’étais enceinte, et que non, ce n’est pas bon, il s’est obstiné, [et] m’a proposé un verre sur le bras de la maison pour que je relaxe un peu parce que sinon je vais avoir un bébé stressé. » (extrait du rapport Entretiens individuels sur la prévention de la consommation d’alcool pendant la grossesse et du TSAF)

Trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale

Ça prend un village !

On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant, mais il en faut un aussi pour soutenir sa maman avant, pendant et après la grossesse. La consommation de boissons alcoolisées ne devrait pas être le résultat d’une surexposition à l’alcool, de sa banalisation et d’invitations continuelles dans nos milieux de vie.
 
Pour offrir un monde où il fait bon boire sans alcool, différentes actions peuvent être menées. Compte tenu du manque de connaissances et des mythes qui circulent, s’informer sur les méfaits de l’alcool lors de la grossesse et sur le TSAF peut faire partie des solutions. Le site Web grossessesansalcool.ca regorge notamment d’informations, d’outils et de ressources pour les futurs parents, leurs proches ainsi que pour les professionnel·e·s.


Aussi, lorsque l’on reçoit parents, collègues et amis à la maison, on peut réfléchir à l’offre de boissons sans alcool avec le même soin que celui que l’on met à choisir celles qui sont alcoolisées. Ce ne sont pas les choix intéressants qui manquent pour s’hydrater et lever son verre : eau, eaux pétillantes, eaux aromatisées, tisanes, mocktails, bières et vin sans alcool, etc.
 
En Ontario, pour contribuer à cette sensibilisation, l’affichage faisant la promotion de l’abstinence d’alcool pendant la grossesse est même obligatoire dans les points de vente d’alcool, comme les bars et les LCBO (SAQ locales).

Trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale

Se serrer les coudes plutôt que de le lever

Dans certains cas, boire ou non de l’alcool dépasse la question de désir. Il faut pouvoir accueillir et soutenir les proches pour qui cesser de boire de l’alcool est difficile. Banaliser pour rassurer n’est pas une bonne manière d’aider, car la mère et l’enfant vivront toutes leurs vies avec des conséquences permanentes dont on ne peut pas prévoir l’ampleur. En plus de votre soutien, des ressources professionnelles et sans jugement existent, dont des lignes téléphoniques 24/7. Il ne faut pas hésiter même lorsque le « problème » semble petit, ou encore si c’est vous, comme aidant·e, qui éprouvez le besoin d’écoute.

D’ailleurs, cela est vrai aussi pour toutes les substances psychoactives (cigarette, cannabis, drogues dites dures…), même si chacune d’elles a des effets différents sur les enfants à naître. Tout en ayant le devoir de traiter la maman avec respect et autonomie, nous devons améliorer nos milieux de vie par solidarité envers les enfants à naître.

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