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Le transport est de loin la principale source de gaz à effet de serre au Québec. En plus de ses impacts environnementaux, le règne de la voiture entraîne des conséquences sur la santé collective en contribuant à la sédentarité, en provoquant des accidents de la route, en causant du bruit et en détériorant la qualité de l’air. Et c’est sans parler des coûts collectifs des infrastructures, du système de santé et de la pollution. Bref, toutes les raisons sont bonnes de mettre la pédale douce!
S’il est envisageable de délaisser l’autosolo en ville, c’est une autre paire de manches en milieu rural. La population est répartie sur un grand territoire, les distances sont longues, les alternatives sont peu nombreuses et la culture de la voiture est forte. À titre d’exemple, dans la MRC de Portneuf, 87 % de la population se déplace en voiture. Si on exclut l’autobus scolaire, la part modale des transports collectifs et actifs est d’un maigre 6 %.
Qu’à cela ne tienne, un léger vent de changement se fait sentir dans les régions du Québec. Tour d’horizon des incitatifs aux transports alternatifs.
Transports collectifs
Ici, pas de métro, de tramway ou même de réseau structurant d’autobus. Il faut réinventer les transports collectifs et rentabiliser les places vides dans les véhicules qui prennent la route.
1- Instaurer des stationnements incitatifs : voilà une manière simple et peu coûteuse de favoriser le cocktail-transport. Des municipalités offrent un espace légal et sécuritaire où laisser sa voiture durant la journée, permettant aux usagers de sauter dans le bus ou de prendre un lift.
2- Développer une plateforme de covoiturage : le principe est simple, une telle plateforme répertorie les offres et les demandes pour jumeler des personnes le temps d’un trajet. Si des citoyens prennent parfois des initiatives sur des plateformes de médias sociaux comme Facebook, il est possible d’offrir une solution à l’échelle locale ou régionale.
4- Offrir des navettes pour les travailleurs ou les étudiants : certains trajets sont plus fréquentés que d’autres, comme celui pour se rendre au cégep ou vers un parc industriel. On peut alors offrir un service d’autobus, de navette de style minifourgonnette ou de taxibus pour du transport collectif à horaire fixe.
5- Miser sur l’autopartage : une voiture passe 95 % de sa vie stationnée. Pour maximiser son utilisation, pourquoi ne pas la partager entre plusieurs usagers ? Quelques municipalités au Québec se sont dotées de véhicules électriques que leurs employés utilisent durant les heures ouvrables, et qui sont mis à la disposition des citoyens le soir et la fin de semaine.
6- Améliorer ou maintenir le transport longue distance : lorsqu’on ne possède pas de voiture, le train et l’autobus-voyageur sont parfois les seules options pour rallier un grand centre urbain. Ce service, bien qu’essentiel, est parfois compromis. Voilà pourquoi les acteurs locaux et régionaux ont un rôle d’influence à jouer auprès des gouvernements et des transporteurs longue distance.
Transports actifs
En milieu rural, il est presque impossible de faire tous ses déplacements à pied ou à vélo. Cependant, dans les cœurs villageois et les alentours, plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour inviter les personnes de tous les âges à joindre l’utile à l’activité physique.
1- Aménager les infrastructures piétonnes et cyclables: pour rendre la marche et le vélo plus agréables et sécuritaires, il faut penser l’espace public pour tous, été comme hiver. Cela se traduit entre autres par la présence et l’entretien de trottoirs et de pistes cyclables, de traverses piétonnes, d’une signalisation et d’un éclairage adéquats, de limites de vitesse réduites, de bancs et de stationnements de vélo.
2- Se doter d’une flotte de vélos en libre-service : Bixi n’a pas le monopole du vélo-partage ! Des villes et des villages ont leur version, gratuite ou payante, de bicyclettes collectives mises à la disposition des enfants, des adultes et des touristes.
3- Démarrer un trottibus vers l’école : initié par la Société canadienne du cancer, le trottibus est un autobus pédestre qui permet à des élèves du primaire de se rendre à l’école à pied en groupe et en toute sécurité.
4- Développer un circuit de mobilité active : c’est-à-dire un circuit qui relie les principaux attraits d’une municipalité grâce à un parcours convivial pour les piétons de tous les âges. Un tel circuit peut être construit de manière participative en récoltant les expériences et les idées des citoyens sur les destinations d’importance, les freins aux transports actifs et les souhaits.
5- Penser à l’accessibilité universelle : les personnes à mobilité réduite n’utilisent pas que le transport adapté pour se déplacer. Il faut aussi planifier ou modifier la rue pour ces usagers. Cela signifie par exemple d’aménager de larges trottoirs, d’éviter les obstacles dans le corridor de marche, d’opter pour des revêtements sécuritaires et de prévoir des signaux sonores et des plaques podotactiles aux intersections.
La mobilité durable est l’un des grands enjeux du XXIe siècle. Elle est maintenant un enjeu incontournable dans les politiques, plans d’action et schémas d’aménagement des MRC partout au Québec, et ce, au grand bénéfice de la santé, de l’environnement et de l’économie !
Sources :
1- Gouvernement du Québec (2017). Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2017 et leur évolution depuis 1990
2- Gestrans, Division de Stantec (2017). Réalisation d’une enquête origine-destination pour le territoire de la MRC de Portneuf