Imaginez un magnifique centre de ski au coeur d'un village. Maintenant, imaginez que dans ce village, presque tout le monde skie ou fait de la planche à neige et que cette pratique rassemble la communauté. Imaginez que dans ce patelin, tous les enfants prennent l’habitude d’aimer l’hiver, parce qu’ils ont accès gratuitement au centre de ski.
Vous croyez être en pleine fiction ? Non! Bienvenue à Hébertville, une petite municipalité du Saguenay-Lac-Saint-Jean où la passion de l’hiver et de l’activité physique se transmet à l’école.
Le projet « J’entreprends ma santé »
Retour en arrière. Il y a environ 6 ans, l’école primaire Saint-Joseph a demandé aux parents des élèves de remplir un questionnaire sur leur niveau de satisfaction. Ce qui en était ressorti ? Un manque d’appartenance au milieu. L’école a réagi en créant le projet « J’entreprends ma santé », une initiative qui mise sur les saines habitudes de vie comme vecteur pour souder la communauté.
« Nous, à Hébertville, on est éloignés des grandes villes, explique François Tremblay-Arsenault, enseignant d’éducation physique depuis une douzaine d’années et responsable du projet. On a décidé de mettre à contribution ce qu’on a chez nous : le centre de ski Mont Lac vert . » Des démarches ont donc été faites dans le but de permettre aux élèves de profiter du centre de ski.
Aujourd’hui, les jeunes de 3e, 4e et 5e année suivent des cours de ski ou de planche à neige 5 fois dans l’hiver, tout à fait gratuitement. « En janvier et février, les mercredis matins, on part avec eux, explique M. Tremblay-Arsenault. Les jeunes suivent des cours, avec des moniteurs, selon leur niveau. À 10 ou 11 ans, la plupart de nos élèves sont complètement autonomes en ski ou en planche ! »
À l’école, mais en famille aussi
La réussite de ce projet réside en grande partie dans l’implication du centre de ski. Ses gestionnaires ont accepté de rendre l’accès gratuit pour les élèves du projet « J’entreprends ma santé », mais ils ont également choisi d’aller plus loin en changeant leur politique. En effet, à Hébertville, tout enfant de 12 ans et moins peut désormais skier ou faire de la planche à neige gratuitement.
Il suffit de montrer une carte d’identité avec preuve de résidence pour entrer, sans débourser le moindre sou ! Des économies significatives, surtout qu’il s’agit d’une activité physique réputée comme étant très onéreuse. « Ça a entrainé un paquet de parents qui ne faisaient pas de ski à essayer ce sport ou à s’y remettre », commente François Tremblay-Arsenault.
Des ajouts pour les autres niveaux
Devant la si belle réussite du programme de ski/planche à neige, l’équipe de l’école Saint-Joseph a décidé d’étendre le projet aux autres niveaux. Ainsi, les élèves de maternelle apprennent à patiner avec cinq cours durant l’année. Les élèves de 1ère et 2e années, eux, ont droit à autant de cours de natation dans le but d’acquérir des compétences en sécurité aquatique. Et en 6e année, on mise sur la nutrition, afin de développer les techniques de base en cuisine.
L’objectif global de tout ce cursus ? Que les élèves de Saint-Joseph repartent de leur école primaire avec des outils pour prendre leur santé en main de façon autonome.
Des activités ponctuelles, destinées à toute l’école, s’ajoutent tout au long de l’année : une randonnée à l’automne, une journée de glissade en février, une grande sortie sur la Véloroute des bleuets, en mai (avec des apprentissages sur la sécurité à vélo en bonus) et un mini-marathon en juin.
Gratuit pour tous, et tout le temps
Ce mini-marathon de fin d’année permet à l’école de récolter des fonds, grâce à des commandites. Car toutes les activités sportives de l’école Saint-Joseph sont gratuites. Même si la Commission scolaire et l’école contribuent toutes les deux financièrement au projet, et que celui-ci a bénéficié de l’aide du Grand Défi Pierre Lavoie, il n’en demeure pas moins que le maintien de la gratuité des activités demande chaque année des efforts supplémentaires.
Pour François Tremblay-Arsenault, il est également important de ne pas compromettre la qualité des apprentissages offerts. Par exemple, pour les cours de natation, les jeunes suivent des programmes de la Croix-Rouge. Et à la montagne, ils ont la chance d’apprendre les techniques de ski avec de « vrais » moniteurs.
« On voit notre projet comme un bonus pour les parents, explique-t-il. On n’a pas toujours le temps ou l’argent pour inscrire notre enfant à un cours. Les outils qu’on donne aux enfants ici, ils les auront pour la vie ! »
Des bienfaits sur les jeunes
Il n’y a pas à dire, le projet J’entreprends ma santé impressionne. Il a même reçu une mention spéciale du jury au prix d’excellence de la Fédération des commissions scolaires du Québec, dans la catégorie préscolaire et primaire, au printemps 2017.
Les jeunes ressentent assurément les bienfaits de ces sorties sportives, croit François Tremblay-Arsenault : « Quand ils vont skier le matin, les enseignants voient de grosses différences dans l’attitude des élèves l’après-midi. Ils sont beaucoup plus attentifs. On apprécie aussi que les activités encouragent la mixité entre élèves de différents niveaux. »
Le projet « J’entreprends ma santé » favorise aussi la responsabilisation des jeunes. Les petits de 5 ans doivent penser à leurs patins, ceux de 6 à 8 ans à leur maillot de bain et les plus grands, à tout leur matériel : planche à neige ou skis, casque, bâtons… « En faisant du sport, ils apprennent aussi à développer leur autonomie et leur débrouillardise, conclut M. Tremblay-Arsenault. Ça fait partie des retombées positives qu’on n’avait pas vu venir, mais qui nous enchantent ! »