Fours à pain communautaires : renouer avec la tradition

Il y a assurément un retour aux sources dans la construction d’un four à pain. Historiquement, les maisons de la Nouvelle-France possédaient un four annexé à la cheminée principale. Il faut dire que le pain faisait partie de l’alimentation de base de la population.
 
L’art de la construction d’un four est une chose qui se passe entre personnes passionnées et entre générations. Bien qu’il existe des manuels et des vidéos, rien ne vaut la transmission orale et… manuelle ! Même chose pour la boulange : on montre à son prochain comment réussir sa cuisson, on s’échange des recettes et on donne une partie de son levain.

Un four à pain collectif et une occasion de se rassembler. Tout d’abord, la construction est une corvée qui nécessite bien des bras. Par exemple, celui de Lac-Saint-Charles, à Québec, a demandé pas moins de 600 heures de bénévolat !
 
Puis, le four donnera lieu à des cuissons rassembleuses et des fournées partagées. Autant d’occasions de briser l’isolement et de vivre un beau moment en communauté. À L’Anse-Saint-Jean, où l’on compte plus de 40 fours, un festival a lieu chaque année autour du four à pain communautaire. On y cuit de la pizza et autres gourmandises au son de la musique traditionnelle, et les propriétaires de four sont invités à apporter un plat à déguster. En 2022, la municipalité a même offert à sa population une formation sur la construction de four à pain.

Faire son pain représente une activité économique qui augmente la résilience des collectivités. Mais ce n’est pas la seule chose qu’on peut cuire dans un four ! Pizza, brioches, bines, ragoût et même porc entier peuvent être apprêtés à cuisson rapide ou lente. Le four prendra donc une place particulière dans les endroits où les boulangeries et restaurants n’abondent pas.
 
C’est le cas de Saint-Luc-de-Vincennes, première communauté nourricière en Mauricie, et qui possède son four partagé depuis 2019 en plein désert alimentaire. « On a construit le four près de la cuisine collective et de notre pépinière d’arbres fruitiers, raconte Francis Dubreuil, directeur général de la municipalité. Le four est en marche lors d’évènements publics comme la Saint-Jean-Baptiste ou les Journées de la culture. On a aussi fait une activité avec la bibliothèque et l’engouement a été sans équivoque. Ça prend ça pour que les gens se l’approprient. Autrement, on garde ça simple. N’importe qui dans le village peut réserver le four. Je leur prête les accessoires et leur explique comment ça fonctionne. »

1. Déterminer le porteur de projet, qui peut être un collectif citoyen, un organisme ou une municipalité.
2. Trouver du financement, qu’il soit participatif ou issu de subventions ou de commandites. L’usage de matériaux récupéré et d’argile locale peut atténuer les coûts, mais idéalement, il faut prévoir quelques milliers de dollars.
3. Choisir le lieu, idéalement central et facile d’accès.
4. Construire le four avec l’aide d’une personne d’expérience, incluant un toit pour le protéger.
5. Former les personnes qui seront chargées de la mise en marche du four.
6. Déterminer les règles d’utilisation. Une personne formée doit-elle être présente ? L’utilisation du bois est-elle payante ? Le four est-il en marche à date et heure fixe ?
7. Célébrer le projet dans le cadre d’une fête du four à pain ou autre festivité. 
8. Entretenir le four : remettre de l’argile sur les fissures, nettoyer l’intérieur, l’hiverner, etc.

L’envie de mettre les mains dans la glaise et de pétrir la pâte vous a gagné? N’hésitez pas à entrer en contact avec les personnes instigatrices d’un four à pain déjà en marche. C’est une communauté avide de partager son expérience et son savoir-faire. Et ainsi se poursuit la tradition !

Liste non exhaustive de fours à pain communautaires au Québec :

• Contrecœur
• La Baie
• Lac-Saint-Charles
• L’Anse-Saint-Jean
• Petit-Saguenay
• Saint-Antoine-sur-Richelieu
• Saint-Damien
• Saint-Luc-de-Vincennes
• Trois-Rivières (Moulin Seigneurial)