L’Association québécoise des médecins pour l’environnement et Santé Urbanité lancent la plateforme jevotepourmasanté.org afin d’inciter les candidat(e)s aux prochaines élections municipales à prendre des engagements fermes en matière d’aménagements urbains favorables à la santé des collectivités.
Cette initiative non partisane, soutenue par 30 organismes œuvrant notamment dans les domaines de la santé, de l’aménagement et de l’environnement, propose aux acteurs du monde municipal 20 engagements et 52 cibles. Une liste qui repose sur une importante revue de la littérature scientifique et la recension des meilleures pratiques dans le domaine.
Les citoyens sont d’ailleurs invités à faire parvenir cette liste aux candidat(e)s qui souhaitent les représenter en tant qu’élus municipaux. Et à consulter, eux aussi, cette plateforme qui regroupe, en les détaillant, les 20 engagements et 52 cibles selon quatre grands piliers : santé physique; santé mentale; bien-être au travail et à l’école; saines habitudes de vie. Ils y trouveront, outre un solide argumentaire pour des aménagements favorables à la santé, une mine d’informations basées sur la science et des faits réels.
L’impact des villes sur la santé
En conférence de presse, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) a rappelé que les villes peuvent avoir de nombreux impacts sur la santé de leur population. « Avec cette plateforme, explique-t-elle, nous voulons ouvrir un dialogue entre les décideurs politiques et les citoyens et citoyennes quant aux engagements qui peuvent être pris à l’échelle municipale pour que nos milieux de vie, de travail et d’étude deviennent des moteurs de santé et de bien-être. »
« Les engagements et les cibles que l’on propose, enchaîne-t-elle, pourraient réduire considérablement les coûts de santé en misant sur la prévention et la promotion des saines habitudes de vie, pour ainsi diminuer la prévalence de plusieurs maladies chroniques évitables. »
La prévention a bien meilleur coût
Prenant à son tour la parole, la Dre Johanne Elsener, MV MSc C.Q., présidente de Santé Urbanité, a fourni quelques exemples de ces liens entre la santé et les aménagements urbains. Citant une étude de Santé Canada, elle a rappelé que l’on attribuait à la pollution atmosphérique 4 000 décès prématurés au Québec par année. « On sait que 62 % des polluants atmosphériques sont émis par le secteur des transports, explique-t-elle. Si on aménage nos villes pour que les gens se tournent vers le transport collectif, la marche, le vélo, on est capable de diminuer la pollution de l’air. Et on est capables de faire plus bouger les gens. »
Autre conséquence bénéfique : le transport actif, en réduisant l’emprise de la voiture dans nos villes, nous offrirait la possibilité de verdir de nouveaux espaces. Or, selon différentes études, si la canopée couvrait 40 % du paysage urbain (Montréal vise 25 % pour 2025), cela réduirait significativement la prévalence de nombreuses conditions : stress (-39 %), dépression (-7 %), autisme (de -11 à -19 %), diabète (-14 %), hypertension artérielle (-13 %), asthme (-6 %), mortalité prématurée pulmonaire (-10 %), obésité et surpoids (-40 %), mortalité prématurée par cancer (-13 %), mortalité générale prématurée (-10 à -20 %).
« Il n’y a pas une pilule au monde qui peut faire ça, insiste Johanne Elsener. C’est la raison pour laquelle, au printemps 2020, plus de 600 médecins québécois ont demandé d’investir massivement dans le verdissement de nos villes et de nos villages. Car, les maladies associées au manque de verdissement coûtent 26 milliards de dollars par année à la province. Si on pouvait par exemple diminuer de 4 % la prévalence de ces maladies, on économiserait un milliard de dollars. C’est pourquoi on propose aujourd’hui des pistes d’actions concrètes pour une population en santé dans un Québec prospère. »