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Bien qu’elles soient toutes les deux néfastes pour la santé, la sédentarité et l’inactivité physique sont deux réalités bien différentes.
Loin d’être strictement théorique, cette distinction permet de mieux comprendre pourquoi même les gens très actifs ne sont pas à l’abri de la sédentarité.
Pour y voir plus clair, nous avons recueilli les précisions de Jean-Philippe Chaput, chercheur à l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. « Toutes les personnes qui sont assises plusieurs heures par jour sont sédentaires, même si elles sont physiquement actives à d’autres moments de la journée ou de la semaine, souligne-t-il. Et les personnes inactives ne sont pas obligatoirement sédentaires ». Jean-Philippe Chaput est également membre du Réseau de recherche sur le comportement sédentaire et de la Société canadienne de physiologie de l’exercice.
(…) rester de façon prolongée en position assise et avoir une quantité insuffisante d’activités physiques d’intensité moyenne à élevée représentent des facteurs de risque bien séparés et distincts de plusieurs maladies chroniques non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète, ou cancer, par exemple).
Réseau de recherche sur le comportement sédentaire, 2012.
Faire la distinction entre la sédentarité et l’inactivité physique
En 2012, le Réseau de recherche sur le comportement sédentaire a publié un avis distinguant clairement la sédentarité de l’inactivité physique. En voici une version simplifiée :
- Le comportement sédentaire est caractérisé par une dépense énergétique faible en position assise ou allongée (excluant le sommeil) : regarder la télévision, être assis dans une auto, dans les transports en commun, dans un bureau, lire, etc.
- L’inactivité est caractérisée par une durée, une fréquence et un niveau d’activité physique inférieurs au seuil recommandé. Au Canada, ce seuil est de 150 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée (APIME) par semaine pour les adultes.
Comment mesure-t-on l’activité physique?
L’équivalent métabolique (Metabolic Equivalent of Task – MET) est l’unité de mesure de l’intensité de l’activité physique : 1 MET équivaut à la dépense énergétique de quelqu’un assis au repos, 6 METs constituent une activité d’intensité élevée, comme le montre le schéma ci-dessous :
Quelques exemples de mesure des comportements sédentaires (1,5 MET et moins) et actifs :
- Travail assis à l’ordinateur = 1,5 MET
- Marche lente = 2 METs
- Cuisiner, laver la vaisselle debout = de 2 à 2,5 METs
- Badminton récréatif = 4,5 METs
- Vélo récréatif (16 à 20 km/h) = 6 METs
- Randonnée = 7 METs
- Course à environ 10 km/h = 10 METs
« La dépense énergétique des enfants est différente de celle des adultes, précise Jean-Philippe Chaput. Par exemple, l’activité physique d’intensité moyenne correspond à une activité physique de 4 à 6,9 METs, alors qu’elle est de à 3 à 5,9 METs pour les adultes et personnes âgées. »
Conseils pour réduire les comportements sédentaires
« Quand un étudiant vient me demander des conseils, nous allons dehors et parlons en marchant. Et lorsque c’est possible, je suis debout lorsque je parle au téléphone », indique le chercheur.
Quelques autres conseils pour les travailleurs de bureau :
- Se lever toutes les 30 minutes
- Prendre le chemin le plus long pour aller aux toilettes ou à la machine à café
- Boire son eau ou son café debout
- Se lever régulièrement pendant les réunions ou les conférences
- Se rendre au bureau d’un collègue, plutôt que de lui envoyer un courriel ou de l’appeler au téléphone.
Les conséquences de la sédentarité
« Les effets néfastes de la sédentarité sont similaires à ceux de l’inactivité physique, explique Jean-Philippe Chaput. Être assis trop longtemps au cours d’une journée augmente le risque de maladie cardiovasculaire, de diabète, de cancer et de mortalité prématurée en général. Et l’activité physique régulière ne compense pas complètement ce risque plus élevé. Bien sûr, c’est la combinaison inactif-sédentaire qui est la plus néfaste et la combinaison actif-non sédentaire, qui apporte le plus de bienfaits ».
Jean-Philippe Chaput met en garde les personnes actives ou très actives par rapport à leur alimentation et leur temps-écran. « Les gens qui mangent plus ou qui regardent plus la télévision parce qu’ils ont fait de l’exercice dans la journée ne font pas un bon calcul, insiste-t-il. Ce qui est important, c’est de voir sa journée dans son ensemble, tant du point de vue des comportements sédentaires, que de l’activité physique et de l’alimentation »
À la lumière des recherches les plus récentes, les recommandations de la Société canadienne de physiologie de l’exercice vont être mises à jour très bientôt.
De nouvelles recommandations dès le 16 juin
Le 16 juin prochain, la Société canadienne de physiologie de l’exercice va diffuser de nouvelles recommandations en matière d’activité physique. « Ces recommandations seront basées sur une période de 24 heures et tiendront donc compte, en plus de l’activité physique, de la sédentarité et du sommeil, se réjouit Jean-Philippe Chaput. De plus, la marche sera recommandée, même si elle n’est pas rapide, car elle constitue un moyen très efficace de réduire ses comportements sédentaires ».