Sécurité alimentaire

Accès à des aliments sains, locaux et abordables: le Bas-Saint-Laurent en mode solution

Accès à des aliments sains, locaux et abordables: le Bas-Saint-Laurent en mode solution

Ressource

Au Bas-Saint-Laurent, la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie COSMOSS a fait preuve de grande ingéniosité pour mobiliser le milieu bioalimentaire et financer plusieurs projets, dont une étude sur le transport et la distribution des aliments.

Dans les milieux ruraux, l’accès à des aliments abordables, frais et sains représente un défi, particulièrement pour les personnes vulnérables ou vieillissantes. Avec 197 000 habitants répartis dans 114 municipalités et un immense territoire de 22 000 km2, le Bas-Saint-Laurent fait face à un défi de taille.

L’idée de mener une étude sur le transport et la distribution des aliments dans cette région est née en 2019, à la suite d’une Journée régionale de réflexion sur la saine alimentation organisée par la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie COSMOSS (TIR-SHV du Bas-Saint-Laurent).

rencontre agroalimentaire

« Nous avons invité tous les acteurs du monde bioalimentaire à identifier les actions et les collaborations intersectorielles à mettre en place pour aller plus loin sur le plan de l’accès à une saine alimentation pour tous, en nous basant notamment sur le modèle des collectivités nourricières conçu par Vivre en ville, indique Marie-Pier Lizotte, coordonnatrice de la TIR-SHV. Nous savions que l’approvisionnement était problématique dans plusieurs des MRC, mais nous avions besoin d’un portrait précis de la circulation des denrées sur le territoire. »

Ce travail a été confié au département Sociétés, Territoires et Développement de l’UQAR, et financé par la mesure 3.1* du Plan d’action interministériel 2017-2021 de la Politique gouvernementale de prévention en santé. La collecte de données a eu lieu de juillet à décembre 2020 par le biais de sondages en ligne et téléphoniques, d’entretiens semi-directifs et de recherches documentaires. À l’exception du secteur de la restauration privée et institutionnelle, toutes les entreprises du secteur bioalimentaire de la région ont été contactées, soit les producteurs agricoles, les transformateurs, les distributeurs, les détaillants, les marchés publics et les organismes communautaires de récupération alimentaire.

camion de légumes

77 municipalités mal desservies

« Grâce à l’implication exceptionnelle de l’équipe de recherche, qui n’a pas hésité à travailler alors que l’université était fermée pour cause de pandémie, le taux de réponse au sondage a été excellent, puisque sur les 646 entreprises et organismes contactés, 313 ont participé à l’enquête », souligne Marie-Pier Lizotte.

« Même si nous savions que l’approvisionnement était loin d’être optimal, les données nous ont surpris », rapporte Marie-Pier Lizotte. Sur 110 municipalités, révèle l’étude, 22 sont en situation critique et 55 en situation fragile sur le plan du nombre d’entreprises qui s’y déplacent et du nombre de livraisons reçues.

Afin d’agir dans les délais du Plan d’action interministériel 2017-2021 de prévention en santé, la TIR-SHV a choisi de soutenir des projets déjà en cours dans les territoires les moins bien desservis.

Jardin collectif
Jardins Rita de Cascia

Une serre et un frigo à Sainte Rita

« Nous avons contribué au financement d’une serre qui permet d’allonger la saison de récolte des Jardins Rita de Cascia, à Sainte-Rita, dans la MRC des Basques, explique Marie-Pier Lizotte. Cette serre est également liée au programme d’éducation en saines habitudes de vie et jardinage de l’école primaire. » De plus, les personnes qui ne participent pas aux tâches du jardin collectif peuvent maintenant se procurer à bon prix des légumes frais et locaux, grâce à un réfrigérateur qui a été installé dans l’épicerie du village.

jardin collectif
Les Grands Jardins du 733

Des équipements agricoles et de cuisine en Matanie

La TIR-SHV a également financé l’achat d’équipements agricoles et d’un système d’arrosage pour soutenir Les Grands Jardins du 733, une initiative d’autonomie alimentaire qui regroupe quatre municipalités de la Matanie. Des légumes de conservation sont cultivés à Saint-Jean-de-Cherbourg, Grosses-Roches et Sainte-Félicité, tandis que la transformation se fait dans une cuisine collective installée à Saint-Adelme, dont les équipements ont été bonifiés.

« C’est un projet très rassembleur et les comités des quatre villages font un travail extraordinaire, souligne Marie-Pier Lizotte. Les récoltes et les produits transformés sont remis en priorité aux personnes vulnérables et sont également vendus dans les commerces locaux. »

« Ce projet crée un réseau de solidarité et d’entraide et contribue à renforcer le sentiment d’appartenance, ajoute-t-elle. Il est inclusif et valorisant, car les citoyens peuvent participer à sa gouvernance. C’est vraiment un bon exemple de développement d’expertise et de prise en charge par le milieu ! »

marché mobile

Un marché mobile au Témiscouata

Le troisième projet soutenu par la TIR-SHV est un marché mobile porté par Le Verger patrimonial du Témiscouata. Selon l’étude réalisée par l’UQAR, ce territoire est le 2e moins bien desservi de la région en matière d’approvisionnement alimentaire

« En 2020, la Société d’aide au développement des collectivités du Témiscouata a amorcé un projet de marché mobile qui vient tout juste faire sa première sortie, rapporte Marie-Pier Lizotte. La TIR-SHV a financé l’achat d’un camion spécialisé qui fait la tournée de certaines municipalités pour y vendre des produits locaux frais et transformés. » Ce projet comporte en effet deux volets : rejoindre les communautés éloignées où il n’y a plus de magasin alimentaire, mais aussi offrir des débouchés commerciaux pour les entreprises bioalimentaires du Témiscouata.

« En collaboration avec le réseau des TIR-SHV, nous avons également créé une communauté de pratique qui rassemble 25 marchés mobiles, fait valoir Marie-Pier Lizotte avec enthousiasme. Nous avons organisé trois rencontres jusqu’à présent. Les présentations et les échanges permettent d’aborder toutes sortes de sujets : financement, partenariats, tarification sociale, etc. »

triage patates

L’enjeu de la récupération alimentaire

Au cours de leur étude, les chercheurs de l’UQAR ont constaté que la majorité des entreprises bioalimentaires, y compris les détaillants, ne sont pas en contact avec les organismes communautaires qui œuvrent en récupération alimentaire.

« Ça nous a surpris, reconnaît Marie-Pier Lizotte. Dans certains cas, les acteurs ne se connaissent tout simplement pas, dans d’autres, la logistique est un enjeu. En région éloignée où les distances sont grandes, le système de récupération peut être complexe ou coûteux à gérer pour les producteurs et les organismes, notamment lorsque les lots sont petits. Et lorsque les quantités sont importantes, les organismes n’ont pas toujours les espaces de réfrigération ou de congélation nécessaires pour conserver ces aliments en attendant de les livrer ou de les transformer. »

jardin collectif
Jardins Rita de Cascia

Vers une plus grande autonomie alimentaire

Les enjeux d’accès aux aliments sont nombreux au Bas-Saint-Laurent, mais plusieurs acteurs régionaux travaillent dans le même sens que la TIR-SHV.

Ainsi, le Plan régional de développement bioalimentaire 2020-2025 de la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent (TCBBSL) met l’accent sur le renforcement des partenariats intersectoriels et sur l’amélioration de l’autonomie alimentaire de la région.

De plus, en 2020 le Bas-Saint-Laurent est devenu la première Fab Région au Canada en se joignant au réseau Fab City qui rassemble 34 villes et régions dans le monde. Objectif : mettre en place une transition régionale durable pour atteindre, d’ici 2054, au moins 50 % d’autonomie dans les secteurs bioalimentaire, énergétique et manufacturier. « Cette initiative, coordonnée par le Laboratoire en innovation ouverte du cégep de Rivière-du-Loup, est un atout supplémentaire pour renforcer l’accès physique à une alimentation saine dans la région », souligne Marie-Pier Lizotte.

Enfin, la TIR-SHV a convié tous les acteurs concernés de près ou de loin par l’accès à la saine alimentation et par le transport des denrées à une journée de mobilisation et d’échangese, le 1er juin. « Nous donnerons suite à l’étude réalisée par l’UQAR, qui a fait germer des idées prometteuses comme la mise sur pied d’un système de transport collaboratif, le développement d’entrepôts collectifs, indique Marie-Pier Lizotte. Des comités de travail seront mis en place pour aller plus loin dans l’action. »

Pour en savoir plus sur cette initiative

Transport et distribution des aliments – Portrait de la situation au Bas-Saint-Laurent
·     Faits saillants
·     Rapport complet

* Mesure 3.1 du Plan d’action interministériel : Favoriser l’accès physique et économique à une saine alimentation, particulièrement dans les communautés défavorisées ou isolées géographiquement.

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Pour en apprendre davantage sur les actions des tables intersectorielles en saines habitudes de vie partout au Québec, explorez également le site de Collectif TIR-SHV. 

 

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