Aménagement urbain

Aménagement urbain: comment favoriser la participation citoyenne

Aménagement urbain: comment favoriser la participation citoyenne

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Les municipalités qui souhaitent mettre de l’avant un projet de verdissement, aménager une place publique, lancer un plan de mobilité ou autoriser une nouvelle construction, ont tout intérêt à consulter et impliquer la population. Mais pour en tirer le maximum, il vaut mieux mettre en place des conditions gagnantes qui favorisent la participation sociale.

Pourquoi impliquer les gens ?

Engager la communauté dans l’aménagement de leur milieu de vie ne peut que bonifier les expériences vécues par les personnes qui fréquentent ces lieux. En combinant les savoirs techniques des professionnel·le·s de l’aménagement aux savoirs expérientiels des citoyen·e·s, on obtient tout simplement de meilleurs résultats. Comme les enjeux et les solutions ont été abordés sous tous les angles, les aménagements qui en découlent permettent de régler des problèmes systémiques et deviennent plus pérennes dans le temps.
 
Faire appel à la communauté apporte plusieurs autres avantages :

  • Favoriser l’acceptabilité sociale du projet
  • Améliorer les relations avec le monde municipal
  • Mieux comprendre les enjeux sur le territoire
  • Prendre des décisions plus démocratiques et inclusives
  • Briser l’isolement social
  • Stimuler la fierté et l’appartenance
Participation citoyenne

Dans le cadre d’un projet de trames vertes facilitant la mobilité active, l’OBNL Nature Québec a consulté certaines personnes, notamment Kimby Kistabish qui se déplace en fauteuil roulant. Pour elle, « ce n’est pas le physique, le limitant, c’est la ville ». Elle explique : « Malgré les roues de mon fauteuil, je ne suis pas admise sur les pistes cyclables. Et c’est dur de circuler sur le trottoir. La semaine dernière, je suis encore tombée à cause d’une fissure. C’est donc parfois une simple question d’entretien. »
 
 « Moi je viens du Nord, ajoute-t-elle, et j'ai besoin de me ressourcer. Autour de chez moi, il n’y a qu’un parc facilement accessible où je me sente véritablement en nature. Je suis heureuse de pouvoir partager mon point de vue et mes besoins, et de constater que ce dont je rêve, ça pourrait très bien exister dans ma ville. »

Participation citoyenne

Huit pratiques gagnantes

Le Centre d’écologie urbaine de Montréal et Nature Québec ont établi la liste des éléments clés d’un processus participatif réussi. Les voici :

1. Opter pour le juste niveau de participation
Souhaite-t-on informer, discuter ou codécider ? En fonction de l’objectif, on choisira la bonne formule, que ce soit une consultation en ligne, un atelier de travail, un référendum ou la création d’un comité citoyen, par exemple. Dans le cas du projet Pour des villes vivantes, de Nature Québec, il y a eu trois rencontres avec la population : une séance davantage informative sur le projet pour jeter les bases et créer une relation, un atelier sur les enjeux et un troisième sur les solutions.

2. Prôner l’inclusion
Ce sont souvent les mêmes personnes qui participent aux consultations. Il faut donc fournir un effort pour rejoindre les groupes marginalisés qui demeurent à l’écart dans ces processus. Surtout si ce sont eux qui sont aux premières loges des enjeux vécus. Chargée de projet en mobilisation citoyenne chez Nature Québec, Catherine Deschênes-Quirion recommande de passer par les organismes et les intervenant·e·s qui œuvrent directement auprès de ces personnes.

3. Mobiliser la population
Que ce soit par la publicité, les groupes communautaires, l’affichage, les médias sociaux ou des activités sur le terrain, le mot doit se passer pour qu’un maximum de personnes puisse participer.

4. Créer des outils accessibles
Le vocabulaire employé doit être accessible et permettre à tous et à toutes de bien comprendre les enjeux. Exit le jargon technique ! Quant aux outils de communication et de consultation, ils doivent être accessibles aux personnes ayant des limitations fonctionnelles. Nature Québec a par exemple créé une bande dessinée pour expliquer un projet à des personnes avec un faible niveau de littératie. Finalement, l’accessibilité s’applique aux moments et aux lieux des activités.

Participation citoyenne

5. Aller sur le terrain 
Lorsqu’il est question d’aménagement, rien de tel que de travailler in situ ! Ça peut être par une marche exploratoire, un projet-pilote de mobilier urbain ou tout simplement avec une carte, des notes Post-it et des crayons. 


6. Stimuler la discussion et récolter ce qui se dit
Certaines personnes croient qu’elles ne sont pas assez qualifiées pour se prononcer sur les enjeux urbains. « Comme on ne parle pas à des urbanistes, on recherche surtout les émotions, les ressentis et les anecdotes, qu’on arrivera ensuite à traduire en données, explique Catherine Deschênes-Quirion. Je recommande les mises en situation, les supports visuels et une atmosphère ludique, propice à la jasette. » Elle donne l’exemple de photos d’aménagement qui traduisent différentes ambiances. On peut demander aux gens s’ils s’y sentiraient en sécurité ou encore laquelle est la plus propice à faire des rencontres. Enfin, il est impératif de documenter la démarche par des notes, des photos et des vidéos. De préférence, la responsabilité de consigner les informations ne doit pas reposer sur le dos des participants et des participantes.


7. Travailler en petits groupes lorsque nécessaire
Cela encouragera chaque personne à pouvoir s’exprimer et permettra d’avoir des discussions plus approfondies. Idéalement, on sollicite le même public à différentes occasions pour poursuivre la discussion. On pourrait par exemple tenir un atelier sur les problématiques, un sur les solutions, et un autre pour présenter le résultat.


8. Ne pas sous-estimer une bonne facilitation
Il peut être pertinent de faire appel à des personnes qui détiennent de l’expérience en animation et en approche collaborative.

Participation citoyenne

Quatre pièges à éviter

1. Cibler tout le monde
C’est la meilleure façon de ne rejoindre personne ! Souhaite-t-on s’adresser davantage aux familles autour d’une école, aux personnes aînées qui utilisent le centre communautaire, à des travailleurs et travailleuses d’un centre-ville et aux personnes itinérantes ?


2. Mettre en place une activité mal adaptée au public cible
Catherine Deschênes-Quirion donne l’exemple d’un jeu de table que son équipe avait développé. Cependant, la complexité et la durée étaient trop élevées pour le niveau d’attention des participants et des participantes. Le jeu a finalement été adapté et utilisé comme prétexte pour lancer les discussions.


3. S’en remettre au milieu communautaire
Celui-ci est déjà débordé avec ses propres activités. Si les organismes du milieu sont des partenaires de choix, il faut les outiller et leur faciliter la tâche le plus possible.


4. Ignorer les opinions réfractaires
Même si le projet semble ne comporter que des bénéfices, les tensions qu’il soulève sont à prendre en considération. Certaines personnes pourraient craindre l’embourgeoisement provoqué par un milieu de vie plus attractif, ce qui est tout à fait valide.

Voilà des conseils de base pour des municipalités qui se veulent à l’écoute de leurs citoyen·ne·s afin de mettre en œuvre des projets d’aménagement qui font consensus et qui améliore la qualité de vie des collectivités.

Communauté

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