Saine alimentation

Chomedey: un quartier nourricier solidaire

Chomedey: un quartier nourricier solidaire

Ressource

En septembre 2020, le quartier Chomedey, à Laval, s’est engagé dans une démarche de communauté nourricière avec le soutien de Vivre en Ville. Objectif : améliorer l’accès à des aliments sains et abordables et réduire l’insécurité alimentaire.

Dans un texte publié en novembre 2022, 100° a présenté la démarche de communauté nourricière menée par la ville de Contrecœur, en Montérégie. Cette fois-ci, c’est le quartier Chomedey qui a attiré notre attention. D’ailleurs, comme le souligne Chantal de Montigny, coordonnatrice - Accès à une saine alimentation pour Vivre en Ville « ce projet repose sur des enjeux différents de ceux de Contrecœur, mais il est basé sur le même processus inclusif et participatif, qui permet à tous les acteurs du milieu de partager leur perspective ».

Quartier nourricier solidaire

Un processus collaboratif et inclusif

« Le développement d’un quartier nourricier était envisagé depuis quelques années, mais nous avions besoin de soutien pour structurer notre réflexion, raconte Marlène Paradis, coordonnatrice du Comité de développement local de Chomedey (CDLC). Nous avons donc eu recours à l’expertise de Vivre en Ville et la démarche, qui a été portée par notre Comité sécurité alimentaire, a commencé à l’automne 2020. »


Ce projet* a dès le départ suscité un vif intérêt tant auprès des citoyens que d’autres acteurs comme la ville de Laval, l’Office municipal d’habitation, le CISSS, le Conseil régional de l’environnement, Moisson Laval et l’épicerie solidaire Au panier de Chomedey. « Unio Marché Laval était aussi au rendez-vous, précise Marlène Paradis. Il s’agit d’un regroupement de cinq organismes communautaires lavallois et de plusieurs partenaires dont la mission est de favoriser la sécurité alimentaire des Lavallois. Unio Marché, distribue des fruits et légumes produits à Laval, en collaboration, entre autres, avec la Ferme Jeunes au travail. »


« Inviter les bonnes personnes à réfléchir ensemble dès le début du projet est une étape essentielle, souligne Chantal de Montigny. Connaître la perception des citoyens à l’égard de leur environnement alimentaire, savoir comment chacune des parties prenantes est impliquée dans l’accès à l’alimentation, déterminer quelles collaborations sont possibles, tout ce processus participatif a été essentiel pour poser un regard large sur la situation alimentaire de Chomedey. »

Quartier nourricier solidaire
Les Habitations Val-Martin

Un quartier dense et multiculturel

Chomedey est un quartier défavorisé sur les plans économique et social, comparé aux autres secteurs de Laval. Dans un premier temps, le projet de quartier nourricier cible plus particulièrement le secteur des Habitations Val-Martin, qui compte plus de 360 logements sociaux et abordables récemment construits dans le cadre d’une démarche de revitalisation urbaine intégrée (RUI).


Un portrait préliminaire de l’environnement alimentaire du quartier a été dressé afin d’en connaître les forces, les points faibles et les opportunités. Par exemple, le dynamisme du milieu communautaire de Chomedey et la politique alimentaire de la ville de Laval sont identifiés comme des atouts, tandis que le manque de diversification des services en sécurité alimentaire et la présence d’un seul commerce d’alimentation à grande surface à l’extrémité nord de la RUI représentent un défi.

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Des outils pour arriver à une vision commune

Vivre en Ville a ensuite animé une réflexion collective dans le but de dégager une vision commune du projet nourricier en tenant compte des orientations de la RUI de Chomedey et du Plan d’action du quartier Chomedey 2018-2023.


« Vivre en Ville nous a proposé des outils très pertinents pour capter les aspirations de la population, souligne Marlène Paradis avec enthousiasme. En plus d’un grand sondage au début du processus, nous avons organisé une douzaine d’activités de consultation sous forme de kiosques, de marches exploratoires et de cartes postales qui ont donné l’occasion à plus de 300 citoyens de "rêver" leur quartier nourricier. »


En outre, les représentants de cinq services de la Ville de Laval, d’organisations régionales et de 12 organismes communautaires œuvrant auprès de différentes clientèles ont répondu à l’appel. « Cette mobilisation a donné lieu à un forum rassemblant l’ensemble des parties prenantes qui ont pu discuter ensemble de la vision et du design du quartier nourricier », relate Marlène Paradis.


La vision commune finale se lit ainsi : « La communauté de Chomedey construit un environnement verdoyant et solidaire qui offre un accès de proximité à une alimentation saine et diversifiée à toute la population. »

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Un design d’oasis ancré dans le quartier

Le rapport de Vivre en Ville, rendu public en avril 2022, témoigne du travail accompli par l’ensemble des partenaires pour ancrer leur vision dans le quartier. Le design urbain proposé (illustration ci-dessus) repose sur l’aménagement de quatre pôles ayant chacun leur identité propre dans le quartier :

  • Une oasis intergénérationnelle, située près de l’église Saint-Pie-X
  • Une oasis communautaire, située sur le terrain des habitations Val-Martin
  • Une oasis pédagogique, située près de plusieurs écoles et garderies
  • Une oasis productive, située près de la Berge des Cageux et de l’école Saint-Maxime

« C’est très stimulant de pouvoir visualiser ce futur aménagement, même si on en est seulement au stade de l’idéation, confie Marlène Paradis. Nous sommes également très fiers de la démarche décrite dans ce rapport et nous donnerons suite aux recommandations qu’il contient. Nous allons embaucher une personne chargée de projet dont le rôle sera d’élaborer et de mettre en œuvre un plan d’action ayant un impact positif concret pour toute la communauté. Ce poste sera financé par une subvention provenant du Fonds québécois d’initiatives sociales. »

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Jardin collectif Pie-X2

Des lignes directrices pour concrétiser la vision

Le rapport de Vivre en Ville contient une mine d’informations qui débouchent sur trois grandes lignes directrices :

  • Mettre l’accent sur la consolidation de l’existant. 
  • Relier les oasis par un réseau de promenades qui permettrait de sécuriser et d’améliorer les possibilités de déplacements actifs entre les oasis et qui faciliterait l’accès aux lieux d’approvisionnement alimentaire et aux lignes d’autobus. 
  • Les oasis permettraient de verdir le quartier, de lutter contre les ilots de chaleur et de créer des pôles où se concentrent des ressources pour les citoyens.

« La première ligne directrice est importante, car les deux autres concernent des projets qui se réaliseront à moyen et long terme, note Chantal de Montigny. La dimension urbanistique de ce projet est essentielle, mais consolider les initiatives nourricières déjà en place, ainsi que celles en cours de développement, est tout aussi important. »

« Ces réalisations à court terme permettent en effet de mobiliser les forces vives du milieu et de continuer à développer des liens et une synergie entre les différents acteurs du système alimentaire de proximité », poursuit-elle. À ce titre, Marlène Paradis se réjouit de l’installation d’un jardin collectif de 60 bacs dans le secteur Val-Martin, à l’été 2022, par l’organisme Enfant d’abord. « Il s’agit du premier jardin collectif dans le secteur et son expansion se poursuivra au cours des deux prochaines années », précise-t-elle.

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Marche exploratoire

Le cas du centre communautaire Simonne-Monet-Chartrand

Dans le cadre de la RUI de Chomedey, un bâtiment mixte à vocation communautaire est en cours de construction. Il sera composé du Centre communautaire Simonne-Monet-Chartrand et de 75 logements sociaux qui seront livrés à l’automne 2024. « Ce projet, situé dans l’oasis communautaire, concrétise et consolide la vision du quartier nourricier, souligne Chantal de Montigny. Il répond à plusieurs besoins en bonifiant l’offre en espaces publics de qualité et en créant des lieux de rencontre à l’image des résidents. »


« L’épicerie solidaire Au Panier s’installera dans ce centre communautaire qui sera équipé d’une cuisine quasi industrielle où la transformation alimentaire pourra se faire à plus grande échelle, précise Marlène Paradis. Cette infrastructure sera également accessible à tout autre organisme ou association souhaitant, par exemple, organiser une activité de cuisine collective. C’est un point fort de ce pôle communautaire, car le manque d’installation de cuisine collective et d’entreposage des aliments était un des points faibles mentionnés dans le rapport de Vivre en Ville. »

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Kiosque Unio Marché Laval

Une démarche structurante

La coordonnatrice du CDLC souligne que la démarche a permis de prendre de la hauteur et de concevoir un projet structurant en matière de sécurité alimentaire. « Dans ce domaine, au niveau local, nous sommes souvent dans l’urgence, dans les services directs à la population, dit-elle. Ces actions concrètes sont bien sûr nécessaires, mais le travail effectué avec Vivre en Ville nous offre une vision à long terme, et nous a permis de renforcer nos canaux de communication, notamment avec les différents services de la Ville de Laval, ce qui est important pour la suite des choses. »

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L’alimentation : un levier polyvalent

L’ensemble de la démarche de quartier nourricier, ainsi que le design proposé, démontre à quel point l’alimentation permet de travailler sur plusieurs enjeux à la fois. « Les oasis seront non seulement des lieux de production, d’approvisionnement et d’éducation alimentaires, mais aussi des lieux de rencontre et des ilots de fraîcheur, fait valoir Chantal de Montigny. Ce projet touche la santé et la sécurité alimentaire des citoyens, renforce le tissu social et permet une adaptation aux changements climatiques, tout en embellissant le milieu de vie. L’alimentation est un levier extraordinaire ! »


* Ce projet de quartier nourricier a été réalisé grâce à la participation financière de la Ville de Laval et du gouvernement du Québec dans le cadre de l’Entente sectorielle en matière de lutte à la pauvreté et contre l’exclusion sociale pour la région de Laval 2019-2022. Le projet a également reçu un appui du Fonds d’initiative et de rayonnement de la métropole, administré par le Secrétariat à la région métropolitaine du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

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