Dans l’univers des innovations alimentaires, l’aspect social ne figure pas toujours au premier rang des valeurs d’entreprise. Voilà qu’un vent de changement, inspirant et réfléchi, le met au cœur de la recherche et du développement.
Lorsqu’il est question d’innovation sociale, il s’agit d’une nouveauté — alimentaire dans ce cas-ci — qui favorise l’engagement de ses bénéficiaires, afin de répondre à un besoin défini, tout en transformant les relations sociales au passage. « C’est l’une des clés vers un système alimentaire durable, précise Judith Colombo, chargée de projets chez Récolte, un organisme dont la mission est justement de renforcer l’impact et la pérennité des projets en innovation sociale alimentaire. Elle [l’innovation sociale alimentaire] apporte de nouvelles solutions et façons de faire, plus résilientes, pour répondre aux problématiques sociales, environnementales et économiques que produit le système alimentaire actuel. »
D’une municipalité à l’autre, les enjeux et les besoins diffèrent l’un de l’autre. C’est pourquoi il est primordial de s’y intéresser localement, afin d’adapter les mesures à prendre pour modifier le système alimentaire convenablement. « À Montréal, ce mouvement s’incarne, entre autres, dans le dynamisme de l’entrepreneuriat social », explique-t-elle. Étant donné l’intérêt des citoyens à transformer le système alimentaire, la meilleure façon de prendre part au changement est certainement de cultiver son savoir, et par conséquent sa conscience alimentaire d’un point de vue global.
Pour accélérer les choses, Récolte invite régulièrement les divers acteurs de changement à alimenter la discussion à ce sujet lors d’évènements de réseautage, financés dans le cadre du Plan d’action régional 2017-2019 de Montréal — Métropole en santé. Visiblement, ces rencontres portent fruit, puisqu’on assiste présentement à un foisonnement de projets d’entrepreneurs sociaux qui travaillent collectivement à améliorer le système alimentaire. En voici quelques exemples.
La Transformerie
Dans le but de limiter le gaspillage alimentaire, les chefs Guillaume Cantin et Bobby Grégoire, et Thibault Renouf ont cofondé La Transformerie. Dans une logique d’économie circulaire, l’organisme récupère les invendus d’épiceries et de fruiteries pour en faire, entre autres, des tartinades sucrées et salées. Celles-ci seront ensuite vendues dans ces mêmes commerces. Une autre partie des denrées est quant à elle distribuée dans les banques alimentaires du quartier. Parfait exemple d’innovation sociale, La Transformerie veut répondre à un enjeu précis (le gaspillage alimentaire) en faisant participer plusieurs acteurs du système alimentaire à la solution (commerçants, transformateurs, consommateurs, etc.).
ÉAU
Olivier Demers-Dubé et Émilie Nollet ont fondé l’entreprise de fermes verticales aquaponiques, ÉAU, en se donnant pour mission d’aider les communautés à développer leur autonomie alimentaire. Dans l’idée d’une symbiose entre la pisciculture et l’hydroponie, des plantes poussent grâce aux nutriments produits par les poissons, qui eux, nagent en retour dans une eau purifiée par lesdits végétaux. Une fois la ferme construite, l’équipe d’ÉAU forme les membres de la communauté bénéficiaire à maintenir le système fonctionnel, dans le but d’atteindre graduellement une autonomie totale. Les avantages sont multiples : création d’emploi, culture d’espèces locales, économie d’eau s’élevant à 90 % par rapport aux techniques conventionnelles, réduction du coût des aliments par la réduction des pertes, etc.
LOCO – Épicerie écologique zéro déchet
Changer les pratiques d’emballage en alimentation est l’un des nombreux défis que relèvent les épiceries LOCO, situées à Montréal et à Brossard. Avec son offre variée d’aliments sains, locaux ou équitables vendus en vrac, l’entreprise répond à plusieurs enjeux actuels. Elle s’adresse notamment à la réduction des déchets à la source et à la juste rétribution des partenaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement. En impliquant ses nombreux bénévoles et partenaires dans une gestion de type participative et en investissant ses profits dans des projets ayant une vision semblable, LOCO se démarque haut la main en matière d’innovation sociale alimentaire.
Prendre part au changement
Que ce soit par l’entremise d’évènements de réseautage comme le fait Récolte, le citoyen qui souhaite contribuer au changement de notre système alimentaire peut agir de diverses façons. « Nous prenons tous des décisions au quotidien sur notre alimentation et ces choix ont une influence sur l’ensemble du système alimentaire, ajoute Judith Colombo. Poser des questions sur la provenance et les modes de production, être curieux de la réalité que vivent les femmes et les hommes qui nous nourrissent et exiger des produits durables en épicerie et au restaurant sont toutes des façons de contribuer au mouvement. »
Le prochain évènement de Récolte, « Le goût du changement », aura lieu en juillet 2019 et servira de vitrine aux entreprises sociales alimentaires afin que le public les découvre, mais aussi qu’elles se découvrent ensemble.
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