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Vous avez un projet nourricier collectif en tête ? La boîte à outils conçue par le LAB Nourrir notre monde, en Gaspésie, vous sera très utile pour partir du bon pied et parvenir à vos fins. Vous y trouverez des fiches organisationnelles et techniques, des balados et des vidéos qui explorent tous les aspects du cheminement d’un projet citoyen dédié à l’autonomie alimentaire.
De 2020 à 2023, le LAB Nourrir notre monde a soutenu la réalisation de 13 projets collectifs axés sur l’autonomie alimentaire. Objectif de ce projet pilote axé sur l’innovation sociale : augmenter la résilience des communautés de la Haute-Gaspésie face aux changements climatiques qui fragilisent la route 132, seule voie d’accès à la région.
Parmi les projets issus de cet incubateur, on compte une serre communautaire dans le secteur Tourelle de Sainte-Anne-des-Monts, une bibliothèque d’outils de jardinage aux Capucins, un parc-école nourricier à Marsoui, un caveau communautaire à Rivière-à-Claude et une station de nettoyage de poisson à la Martre, incluant la revitalisation de l’accès à la plage.
« La phase de consultation a été très riche et cette diversité illustre bien les besoins spécifiques de chaque localité, mais aussi la soif des citoyens de se faire entendre et de travailler ensemble », souligne Marie-Eve Paquette, qui a assuré la coordination du LAB Nourrir notre monde avec Rosie-Roch l’Allier.
Des balados, des vidéos et des fiches
Un des objectifs du projet était de documenter chacune des initiatives, au fur et à mesure de leur progression, afin d’assurer un partage de connaissances bien ancré dans la réalité. « Tout au long des projets, nous avons minutieusement documenté les étapes d’idéation, de mise en place et d’utilisation des différentes infrastructures bioalimentaires, explique Rosie-Roch L’Allier. Il est important de rendre compte de ce qui a bien fonctionné, mais aussi des embûches qui se sont présentées en cours de route. »
Les outils sont présentés sous différentes formes. Une série de balados est consacrée à la mise en valeur et à la documentation de l’expérience citoyenne, ainsi qu’au travail des comités. « Les capsules vidéo, qui seront mises en ligne prochainement, montrent la chronologie de plusieurs des projets, mentionne Marie-Eve Paquette. On y voit les différentes étapes à franchir de l’idéation à la réalisation, comme les visites de terrains, les analyses de sols, les corvées, les questionnements, etc. »
La boîte à outils compte également 13 fiches techniques détaillées et bien conçues, abordant, par exemple, la construction d’une serre froide ou d’un caveau, l’aménagement d’un jardin collectif, l’analyse de sols, etc. Ces documents exposent les principales étapes à franchir et les bonnes pratiques, mais aussi les éléments légaux et réglementaires à respecter, comme les normes de construction, les normes environnementales, ainsi que les règlements municipaux.
Le défi du travail collectif
Ces fiches montrent bien que le travail en collectif est riche, mais exige détermination et patience. « Les citoyens ne réalisent pas toujours que le cheminement d’un projet collectif est un long processus, parfois laborieux, confie Rosie-Roch L’Allier. Bien s’organiser, dès le début, et savoir à quoi s’attendre en matière de temps et d’étapes à franchir permet de ne pas se décourager en chemin et d’éviter certaines embûches. »
Voilà pourquoi la boîte à outils du LAB Nourrir notre monde comporte une fiche intitulée « Réfléchir à son projet », qui fait le tour des nombreuses questions à se poser dès le début d’un projet collectif. Elle détaille les 12 clés de réussite qui ont été utilisées par les comités citoyens pour planifier leurs projets et les faire avancer. Une de ces conditions gagnantes consiste notamment à se pencher, dès le début, sur la pérennité de l’initiative en budgétant notamment les frais d’entretien et de réparation, mais aussi en discutant en profondeur des limites et des obstacles du projet. Bref, il faut « voir venir ».
« Nous avons également consacré une fiche au "Code de vie", indique Marie-Eve Paquette. C’est un document incontournable, dont l’adoption assure que toutes et tous adhèrent aux valeurs du projet et s’entendent collectivement sur une façon de fonctionner, notamment les critères d’admissibilité, les frais d’inscription, les priorités d’attribution, etc. »
Rassembler les forces vives de la région
Plusieurs projets ont fait naître des collaborations remarquables. Ainsi, la Coop de plein air et de maraîchage RAC, à Rivière-à-Claude, a collaboré avec un comité citoyen pour construire un caveau communautaire sur un terrain municipal. À Tourelle, la serre a été construite sur le terrain de l’organisme communautaire Enfantaisie. « Des corvées ont été organisées, ce qui a rappelé de bons souvenirs aux personnes âgées, raconte Rosie-Roch L’Allier. »
La collaboration avec les municipalités est un autre point très important. « Certaines municipalités peuvent se montrer craintives devant un projet mené par des citoyens, reconnaît Rosie-Roch L’Allier. Du côté citoyen, il ne faut pas tenir pour acquis que la proposition va passer telle quelle et se montrer prêt à modifier le projet. La collaboration entre les municipalités et les citoyens est un aspect qui se travaille à long terme, et après quatre ans, nous avons constaté une nette amélioration. »
Faire rayonner la boîte à outils
« L’objectif de cette boîte à outils est de favoriser l’émergence d’autres projets en Gaspésie et ailleurs au Québec, explique Marie-Ève Paquette. Les agents et agentes de mobilisation peuvent se l’approprier, l’intégrer à leurs pratiques et en faire la promotion. Il sera également fort utile aux comités de citoyens qui préfèrent entreprendre une démarche autonome. »
« Les citoyens qui se sont impliqués dans les 13 projets en Haute-Gaspésie, sont très fiers de leurs réalisations, mais aussi d’avoir participé à la production de cette boîte à outils dans laquelle ils se reconnaissent, souligne Rosie-Roch L’Allier. En 2020, au cours de la consultation, nous avons bien vu que les gens avaient soif de partager leurs idées sur les infrastructures agroalimentaires qu’ils souhaitaient mettre en place dans leur communauté. »
« La mobilisation citoyenne est un processus extraordinaire, qui amène les gens à réfléchir ensemble à leur avenir et à créer un réseau qui rend les communautés plus résilientes, fait valoir Christine Laliberté, coordonnatrice du Collectif Nourrir notre monde Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. Redonner du pouvoir aux citoyens est une belle idée, mais il faut les soutenir dans cette démarche pour s’assurer que le bénévolat ne s’essouffle pas. C’est ce que le LAB a pu faire avec succès auprès de 13 comités, grâce au financement obtenu. »
Le LAB Nourrir notre monde, qui a été porté par la MRC de la Haute-Gaspésie et déployé par Nourrir notre monde Haute-Gaspésie, a bénéficié d’un financement de 619 000 $ provenant du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, dans le cadre du programme Climat municipalités-Phase 2.
Photos : Moïse Marcoux-Chabot
Photo en Une : préparation du jardin bigénérationnel en bacs surélevés à Mont-Louis.
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