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Toutes les grandes surfaces asphaltées sont susceptibles de créer des îlots de chaleur, et les cours d’école n’y échappent pas. Zoom sur quatre projets de réaménagement qui ont réussi à faire d’une pierre deux coups : réduire les risques à la santé liés aux îlots de chaleur et favoriser l’activité physique des élèves.
La formation d’îlots de chaleur dans une école n’est pas qu’un problème environnemental, mais aussi un enjeu de santé publique. Lorsque la cour se réchauffe, les enfants ont tendance à délaisser les jeux pour se réfugier dans les rares parcelles d’ombre. Et dans le contexte des changements climatiques, le problème risque même de s’aggraver.
Si la solution peut sembler évidente - verdir la cour d’école -, elle peut s’avérer difficile à réaliser, notamment en raison du coût important des travaux d’aménagement. C’est la raison pour laquelle le ministère de la Santé et des Services sociaux a entrepris de soutenir des projets de verdissement de milieux de vie comme ceux des écoles, des garderies et des ruelles, dans un programme piloté par l’Institut national de la santé publique (INSPQ) et en référence à la mesure 21 du Plan d’action contre les changements climatiques 2006-2012.
Plusieurs écoles ont profité de ce programme (aujourd'hui terminé) de verdissement. En voici quatre exemples.
École Cœur-Vaillant : un projet de démonstration
Développé par l’organisme Vivre en ville, ce projet pilote sert de démonstrateur dans le guide Verdir les quartiers, une école à la fois. La cour d’origine de cette école se composait essentiellement d’un stationnement asphalté et d’un terrain de soccer en poussière de pierres compactées. D’une taille disproportionnée, comparée aux besoins de ses utilisateurs, le stationnement a été réduit et séparé des espaces de jeux. Des arbres ont également été plantés autour du stationnement pour réduire l’îlot de chaleur généré par cette surface asphaltée.
La partie du terrain consacrée aux espaces de jeux comprend dorénavant quatre zones. Contre le bâtiment, une section asphaltée arbore des motifs de jeux peints. Le terrain de soccer a été engazonné et un sentier invite les jeunes à déambuler sur son pourtour. Le terrain asphalté et le terrain de soccer sont séparés par une large allée verte bordée d’arbres. Et dans un autre coin gazonné de la cour, des ginkgos biloba ont été plantés en demi-cercle pour servir de classe verte. Les ginkgos, par leur feuillage éclatant à l’automne, et parce qu’ils existaient à l’époque les dinosaures, sont particulièrement appréciés des enfants.
École Marguerite-Bourgeoys : un projet initié par les élèves
À l’école secondaire Marguerite-Bourgeoys de Saint-Jean-sur-Richelieu, la cour d’école asphaltée et le stationnement ne faisaient qu’un. Les élèves ont décidé eux-mêmes de changer les choses. Appuyés par leurs professeurs, ils sont allés cogner aux portes des commerçants pour compléter le financement de leur projet. Résultat : près de la moitié de la cour a été engazonnée et ornée de 350 plantes. De plus, 30 arbres sont venus ombrager et agrémenter la cour ainsi que le pourtour des bâtiments.
École Saint-Octave : des blocs de béton deviennent des jeux
À Montréal-Est, c’est la Commission scolaire Pointe-de-l’Ile qui a entrepris de verdir la cour de l’école primaire Saint-Octave. L’asphalte a été remplacé par du béton, plus clair et donc moins propice à la formation d’îlots de chaleur. Mieux encore : des blocs de béton ont été disposés pour créer une classe verte et une aire de jeux. Une trentaine d’arbres nouvellement plantés assurent la fraîcheur des lieux. Les enfants ont vite fait usage de leur imagination pour s’inventer des jeux à partir de ces blocs de béton.
École Maria-Goretti : une cour aux quatre couleurs
À Thurso, en Outaouais, la Commission scolaire Au Cœur-Des-Vallées et le comité de parents ont entrepris de métamorphoser la cour de l’école primaire Maria-Goretti en la découpant en quatre secteurs. Chacun d’entre eux est voué à un usage précis, désigné par une couleur spécifique. La zone verte est ainsi dédiée à la nature, la jaune à la découverte, la bleue à la détente et la rouge au sport. Et bien sûr, le tout est agrémenté par un aménagement paysager végétalisé : des plates-bandes et 200 arbres apportent de la fraîcheur tandis qu’un sentier vert, un ruisseau sec et une plage invitent les élèves à se promener dans la cour. Dans la zone de sport, des modules de jeux, formés de troncs d’arbres, dessinent un parcours pour développer les habiletés motrices ou tout simplement pour jouer.
Crédits photos : Vivre en ville et INSPQ