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Quand Julie Cayer et ses collègues ont emménagé dans leur rutilante nouvelle école à Sherbrooke, ils se sont donnés pour mission de créer une cour d'école qui stimulerait les récréations actives.
« On a eu la chance d’avoir une cour d’école vierge à l’école du Boisé-Fabi raconte l’ancienne enseignante d’éducation physique, devenue depuis directrice. Il y avait une cour asphaltée… et rien du tout dessus! On a pu réfléchir, bâtir et imaginer ce qu’on souhaitait ».
Rassembler
Cette belle idée d'aménager une nouvelle cour d'école n'a pas pris de temps à rassembler quelques passionnés, qui ont formé un comité pour mettre le projet en oeuvre. Il faut dire que Julie Cayer possédait une expertise en la matière, elle qui avait participé à la refonte de la cour de son ancienne école et qui avait été répondante pour École en santé. Des leviers comme le document « Ma cour, un monde de plaisir » ainsi que la formation « Ensemble vers le même but » ont été mis à contribution et se sont avérés fort utiles.
Rapidement, les grandes lignes de l’aménagement se sont dessinées : « On voulait miser sur des récréations actives et diversifiées. Il nous importait aussi d’adapter notre cour d’école aux quatre saisons. »
La démarche ? Laisser « vivre » les élèves dans la cour pendant quelque temps et observer. Où jouaient-ils au ballon ? Où avaient-ils tendance à se diriger naturellement pour se rassembler ?
Aménager des zones distinctes
L’idée de délimiter la cour d’école en différentes zones n’a pas mis de temps à susciter l’unanimité au sein du comité. Aujourd’hui, la cour regorge de possibilités d’activités. Voici les zones dans lesquelles les jeunes peuvent vivre leurs récréations actives:
- Une zone de jeux de ballon, avec des paniers de basket et des ballons-poires
- Des terrains pour le ballon-chasseur et le soccer
- Une zone musicale avec un système de son pour danser
- Une zone motrice où l’on peut pratiquer la corde à sauter, le cloche-pied, jouer aux élastiques ou à des jeux de marelle
- Des carrés pour des jeux collectifs comme le ballon-king, la tague, le diamant ou le policier-voleur
- Une zone de marche destinée à ceux qui veulent marcher, tout simplement, sans recevoir un ballon
- Une zone gazonnée pour la gymnastique et les culbutes
- Une zone détente avec un espace ombragé
- Une zone créative et artistique avec des craies, des ardoises, des accessoires de théâtre
Organiser des rotations
« Avec les zones, l’idée était de créer un horaire pour que les élèves puissent faire la rotation chaque jour de la semaine, explique Julie Cayer. Ça crée des options intéressantes pour les jeunes lorsqu’ils arrivent à la récré. » De plus, les rotations permettent d’aller jouer avec des copains dans d’autres classes ou d’autres niveaux.
Cet aménagement très encadré a engendré une diversification des activités pratiquées par les élèves au moment de la récréation, constate Julie Cayer. Cela évite également que toujours les mêmes jeunes décident des mêmes jeux.
Des récréations actives qui s’adaptent à l’hiver
Le comité était aussi soucieux d’offrir des récréations actives à longueur d’année, même l’hiver. Les zones de jeu ont donc été adaptées en conséquence.
Un espace pour construire des forts et des bonshommes de neige a été désigné. Sans surprise, une butte où la glissade sur les fesses était permise s’est avérée fort populaire. De petites pelles en plastique ont également été achetées. Et pour structurer cet envie (qui nous prend tous, même adultes, soyons honnêtes !) de lancer des balles de neige, les profs ont dû se montrer ingénieux.
« On a récupéré des vieux “coroplasts” de pancartes électorales qu’on a transformés en cibles pour lancer des balles de neige, raconte Julie Cayer. Nous les avons collés dos à dos, puis nous y avons dessiné de grosses cibles et collé des petits crochets. C’est tellement léger que les enfants pouvaient manipuler les cibles facilement et les accrocher eux-mêmes sur la clôture ! »
La récré structurée
Avec son bagage d’enseignante en éducation physique, Julie Cayer n’a pas à être convaincue de l’importance d’encourager les élèves à être physiquement plus actifs. « C’est toujours triste de voir des élèves qui ne font rien dans la cour, constate-t-elle. Les études le démontrent : c’est pendant les récrés et les périodes de transition que l’intimidation et la violence prennent forme. Voilà pourquoi on a tout intérêt à s’occuper de nos cours d’école. »