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L’équipe du Lab-École a dévoilé, lors d’une conférence de presse, une toute nouvelle publication intitulée Penser la cour de demain. Un document réalisé grâce à la contribution de nombreux experts, mais surtout celle de plusieurs enfants qui sont justement les grands champions de la cour d’école. Voilà donc un guide à hauteur d’enfants !
Animée par Natacha Jean, directrice générale du Lab-École, cette conférence de presse réunissait les trois membres fondateurs de l’organisme : Ricardo Larrivée, Pierre Lavoie et Pierre Thibault. Et, pour compléter le panel de discussion, deux expertes de ces questions : Carole Carufel, enseignante d’éducation physique retraitée, spécialiste de la cour d’école, ainsi que Maryse Côté, directrice d’école retraitée et instigatrice du projet AgrÉcoles.
Un enfant qui joue bien apprend bien
D’entrée de jeu, Natacha Jean a bien expliqué que ce guide, qui s’adresse tant aux parents qu’aux directions d’écoles ou aux différents concepteurs, n’a pas la prétention de remplacer les documents techniques déjà existants, puisqu’il leur est complémentaire, mais qu’il souhaite plutôt refléter les besoins des jeunes d’aujourd’hui. Le document, qui s’articule autour des verbes sensibiliser, rêver, inspirer et outiller, recense d’ailleurs 251 souhaits exprimés par les enfants.
Or, plutôt que détailler le contenu de ce document de 230 pages, les panélistes ont livré un vibrant plaidoyer sur l’importance de la cour d’école. Carole Carufel a rappelé qu’elle n’est pas un simple terrain de jeu — cette fameuse cour de récréation où les enfants vont se dégourdir avant de retourner en classe — mais qu’elle représente un véritable milieu de vie pour les jeunes. C’est un environnement éducatif à part entière puisqu’il favorise le développement de nombreuses compétences.
Avant, on voyait un enfant qui joue. Maintenant on voit un enfant qui apprend, a-t-elle expliqué. Car, elle en est convaincue : un enfant apprend en jouant. Et donc, la cour d’école demeure indissociable de la réussite éducative. On ne doit pas la réduire à ses aménagements, mais plutôt l’envisager comme une scène où se joue une foule d’interactions sociales. Et puisque les véritables experts de la cour d’école sont les enfants eux-mêmes, alors nous sommes tenus de les placer au cœur de la démarche, dès le début du processus, pour qu’ils puissent exprimer leurs idées, soumettre leurs préoccupations et proposer leurs propres solutions.
Des cours d’école pour tous
Si une école sans cour n’est pas une vraie école, il est aussi vrai de dire qu’une école sans sa communauté n’est pas non plus une vraie école. Selon Maryse Côté, il est essentiel que l’école se retrouve placée au cœur de la communauté. C’est ainsi que l’on parvient à mobiliser ses membres, à favoriser l’entraide et à obtenir le soutien de partenaires.
Et c’est justement grâce à cet engagement des forces vives de sa communauté si l’école Louis-de-France, que dirigeait Maryse Côté, a pu mettre sur pied son programme L’agroalimentaire s’invite à l’école ! Un succès qui a ensuite donné naissance au projet AgrÉcoles afin que d’autres établissements puissent emprunter un chemin déjà défriché.
Cela dit, Maryse Côté tient à rappeler que les enfants, en général, se contentent de peu. Dans une cour, des arbres, du gazon peuvent suffire à les rendre heureux. Or, peu importe la taille du projet que l’on souhaite accomplir, elle s’en tient à cet adage : seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin !
Le prolongement de l’école
Durant son parcours scolaire, un enfant va passer 3 000 heures dans la cour d’école. Pas étonnant qu’il en devienne rapidement un expert. Mais ce qui étonne Pierre Lavoie, c’est que, généralement, le budget d’une cour d’école n’équivaut même pas à la moitié du prix d’une classe. Pour lui, ne pas se pencher sur l’état des cours d’école reviendrait à produire une œuvre inachevée. Car elles sont à la fois le prolongement de l’école et du quartier.
Cet athlète, passionné de plein air, rêve pour sa part d’une cour d’école inclusive, exempte de cette stigmatisation qui trop souvent rime avec esprit de compétition. Il rappelle que les sports organisés, qui étaient la norme auparavant, doivent laisser place à la pratique du jeu libre qui, elle, est essentielle au développement de la littératie physique. À ses yeux, la cour d’école doit préparer les jeunes à être actifs pour la vie, ce qui signifie de les outiller, non pas en matière de performances, mais de compétences.
Pour un « minimum nature »
Et pour être véritablement inclusive, la cour d’école doit aussi être diversifiée, prône Pierre Thibault. Elle doit offrir des lieux propices à toutes sortes d’activités, qu’il s’agisse de jouer, dessiner, lire, danser, sauter, grimper… Et surtout, il faut que ce soit un espace bienveillant, pas un stationnement. Il donne l’exemple de certains pays qui ont instauré un « minimum nature » auquel chaque enfant a droit.
Pas surprenant, souligne-t-il, que le souhait numéro un des enfants consultés dans ce document, c’est d’avoir des arbres dans leur cour. En plus du bien-être qu’ils procurent, les arbres créent des îlots de fraîcheur, attirent les oiseaux. Ils peuvent aussi être vus par les fenêtres de la classe. Judicieusement disposés autour du bâtiment, en plus de créer des microclimats, ils participent à la beauté des lieux. Et leur ombre bienveillante est propice aux interactions sociales pacifiques et amicales.
Pour compléter ce plaidoyer, Ricardo Larrivée a tenu à préciser que l’école forme les humains de demain. Sa fonction ne se réduit donc pas à enseigner comment lire, écrire et compter. Elle doit servir de théâtre aux interactions sociales qui, bien sûr, seront favorisées par des cours bien aménagées afin que les enfants goûtent le plaisir de jouer tout en s’épanouissant. Et, il en est convaincu : on peut changer la société en commençant par le jeu !
Pour revoir la conférence de presse
Pour télécharger le document Penser la cour de demain