Vous travaillez dans une école et vous souhaitez encourager vos élèves à bouger et leur transmettre un mode de vie physiquement actif ? Vous avez 6 fois raison de le faire !
Au Québec, près du quart des jeunes décrochent et se retrouvent sans diplôme ni qualification1. Au plan de l’activité physique, on estime qu’environ 40 % des jeunes de 6 à 11 ans n’atteignent pas le niveau minimal de 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée2. Une statistique qui grimpe à 60 % chez les jeunes de 12 à 17 ans3. Promouvoir la pratique d’activités physiques en milieu scolaire est une approche gagnante, autant pour la réussite éducative que pour la santé. En effet, les données établissant que bouger à l'école favorise l’apparition de facteurs prédisposant les élèves à l’apprentissage et à la réussite éducative sont convaincantes et continuent de s’accumuler.
1- De meilleurs résultats scolaires
Dans une revue de la littérature publiée par le Center of Disease Control des États-Unis, les auteurs notent que parmi 14 études recensées, seulement 3 n’ont pas permis d’établir un lien positif entre l’augmentation des heures consacrées à l’éducation physique et la réussite scolaire. Toutefois, aucun lien négatif n’a été attesté. Il est donc erroné de penser que l’augmentation des heures consacrées à l’éducation physique pourrait nuire à la réussite scolaire des élèves4.
Les enfants physiquement plus actifs ont tendance à obtenir de meilleurs résultats scolaires que leurs camarades moins actifs. Cette affirmation est non seulement appuyée par des études ayant mis en relation les résultats scolaires des élèves avec leur niveau d’activité physique autorapporté5,6, mais elle est également corroborée par certaines interventions conduites en milieu scolaire visant à documenter l’effet d’une augmentation du niveau d’activité physique sur les résultats scolaires7.
Les enfants qui sont en bonne forme physique réussissent mieux à l’école que leurs camarades en moins bonne forme physique. C’est la conclusion à laquelle aboutissent les recherches ayant examiné la relation entre la performance à des tests standardisés de la condition physique et de la réussite scolaire8,9,10.
2- Des élèves persévérants
La persévérance scolaire dépend de plusieurs facteurs. Bien que la relation de causalité reste à être démontrée, les études ayant examiné le lien entre l’engagement des élèves dans des activités parascolaires et le taux de diplomation démontrent généralement une association positive 11, 12. L’une des explications envisagées étant que les activités parascolaires, notamment le sport et l’activité physique, favorisent le développement d’un sentiment d’appartenance à l’école. Ce faisant, les élèves ont davantage le goût de s’impliquer dans leur école et d’y rester le plus longtemps possible, soit jusqu’à l’obtention de leur diplôme13. C’est justement sur cette prémisse que s’appuie l’une des 13 voies à la lutte au décrochage scolaire du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
3- Un esprit sain dans un corps sain
Cette citation latine est souvent utilisée par illustrer les nombreux bienfaits associés à la pratique d’activités physiques, notamment sur le plan de la santé psychosociale. Une revue de littérature publiée par le Center of Disease Control aux États-Unis suggère que la pratique d’activités physiques réduit la dépression et améliore l’estime de soi chez les enfants, sans toutefois avec un impact sur le niveau d’anxiété 14. Ces résultats doivent cependant être interprétés avec prudence puisque, comme le mentionnent les auteurs, parmi les interventions recensées, une seule avait exploré des facteurs spécifiques à la santé psychosociale.
4- Des comportements favorables à l’apprentissage
On estime que les enfants passent entre 50 et 70 % de leur temps à l’école en position assise15. Il n’est donc pas étonnant que ces derniers aient besoin de se dégourdir durant la journée ! Les pauses et les récréations actives permettent d’améliorer les comportements des élèves, de réduire leurs signes d’agitation et de distraction. Certains chercheurs ont été en mesure d’observer ces bienfaits après des séances d’activité physique d’intensité élevée de 4 et de 10 minutes16, 17. Soulignons également que les bienfaits sont apparus d’autant plus prononcés chez les élèves les plus perturbateurs 18.
5- Une capacité d’attention et des fonctions cognitives supérieures
De nos jours, grâce aux techniques d’imagerie, les chercheurs peuvent visualiser les effets de l’activité physique sur le cerveau. Ainsi, les enfants à qui on a assigné un programme régulier d’exercices aérobiques présentent une activité plus intense dans les régions cérébrales dédiées à certaines fonctions, comme la planification, le jugement, le contrôle, l’attention et la mémoire. Des résultats similaires ont également été observés après de courtes séances d’exercices aérobiques 19, 20, 21, 22.
Les élèves atteints d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) sont également susceptibles d’en retirer des bienfaits. Aussi peu que cinq minutes d’activité physique d’intensité élevée (ex. courses à relais) permettraient d’améliorer l’attention chez ces élèves 23.
Quelques-uns des effets physiologiques de l’activité physique sur le cerveau :
- Augmentation du débit sanguin cérébral
- Amplification des ondes alpha associées à l’éveil et la vigilance
- Amélioration de la communication entre les synapses
- Plus grande concentration de neurotransmetteurs, en particulier les endorphines et la sérotonine qui réduisent le stress et l’anxiété, entrainant ainsi un effet calmant
6- Une mesure efficace pour moins de 4 $ par élève par an
Une étude américaine s’est penchée sur 4 types de programmes utilisés dans les écoles pour faire bouger les élèves : les activités avant et après les classes, l’ajout de 60 minutes par jour à l’horaire scolaire pour offrir un cours quotidien d’éducation physique et les pauses actives durant les heures de classe. Les chercheurs avaient établi plusieurs critères pour comparer les différentes approches visant faire augmenter l’activité physique des jeunes : le coût, le nombre de jeunes rejoints, l’effet sur l’augmentation de l’activité physique, le rapport coût-efficacité, ainsi que les autres effets bénéfiques de ces approches. Selon les conclusions de cette étude, ce sont les pauses actives de 10 minutes animées par les enseignants en classe qui rejoignent le plus d’élèves (100 %) et qui sont les moins coûteuses, soit environ 4 $ par enfant par an 24. Pour en savoir davantage les outils disponibles pour réaliser des pauses actives en classe vous pouvez consulter l’article 150 idées d’activités physiques à faire en classe avec vos élèves.
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Références bibliographiques
- 1 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR « Diplomation et qualification par commission scolaire au secondaire – Édition 2016 », page 2.
- 2. NOLIN, Bertrand « Niveau d’activité physique de la population québécoise : pas d’amélioration depuis 2005 », juillet 2015, page 1
- 3. NOLIN, Bertrand « Niveau d’activité physique de la population québécoise : pas d’amélioration depuis 2005 », juillet 2015, page 2.
- 4. CENTERS FOR DISEASE CONTROL AND PREVENTION. « The Association Between School-Based Physical Activity, Including Physical Education, and Academic Performance », U.S. Department of Health and Human Services, Atlanta, July 2010, page 16.
- 5. COE D P et coll. « Effect of physical education and activity levels on academic achievement in children », Medicine and Science in Sports and Exercise volume 38, n°8, 2006 p. 515-519.
- 6. BOOTH, J N, et al. « Associations between objectively measured physical activity and academic attainment in adolescents from a UK cohort », British Journal of Sports Medicine, 22 October 2013. doi:10.1136/bjsports-2013-092334
- 7. DONNELLY J E et coll. « Physical Activity Across the Curriculum (PAAC): A randomized controlled trial to promote physical activity and diminish obesity in elementary school children », Preventive Medicine, volume 49, 2009, p. 336-341.
- 8. CASTELLI D M et coll. « Physical fitness and academic achievement in third- and fifth-grade students », Journal of Sport & Exercise Psychology, volume 29, 2007, p. 239-252.
- 9. CHOMITZ V R et coll. « Is there a relationship between physical fitness and academic achievement? Positive results from public school children in the northeastern United States », Journal of School Health, volume 79, n°1, 2009, p. 30-37.
- 10. ESTEBAN-CORNEJO, Irene, et al. « Independent and Combined Influence of the Components of Physical Fitness on Academic Performance in Youth », The Journal of Pediatrics, 2 June 2014. doi:10.1016/j.jpeds.2014.04.044
- 11. McNEAL, Ralph B « Extracurricular activities and high school dropouts », Sociology of Education, volume 68, n°1, 1995, p. 62-80.
- 12. MAHONEY, Joseph L et Robert B CAIRNS « Do extracurricular activities protect against early dropout? », Developmental Psychology, volume 33, n°2, 1997, p. 241-253.
- 13. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT. Lutte contre le décrochage et réussite scolaire. Voie 9 – Augmenter l’offre d’activités parascolaires sportives et culturelles.
- 14. LEES, Caitlin et Jessica HOPKINS. « Effect of Aerobic Exercise on Cognition, Academic Achievement, and Psychosocial Function in Children: A Systematic Review of Randomized Control Trials », Preventing Chronic Disease, Oct 24, 2013. doi:10.5888/pcd10.130010
- 15. ParticipACTION « Les enfants canadiens sont-ils trop fatigués pour bouger? », Bulletin 2016 de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION, Toronto.
- 16. MA, Jasmin K, Lucy Le MARE et Brendon J GURD « Classroom-based high-intensity interval activity improves off-task behaviour in primary school students », Applied Physiology Nutrition and Metabolism, volume 39, 2014, p.1332-1337.
- 17. MAHAR, M T et coll. « Effects of a classroom-based program on physical activity and on task behavior », Medicine and Science in Sports and Exercise, volume 38, n°12, 2006, p. 2086-2094.
- 18 MAHAR, M T et coll. « Effects of a classroom-based program on physical activity and on task behavior », Medicine and Science in Sports and Exercise, volume 38, n°12, 2006, p. 2086-2094.
- 19. DAVIS, Catherine et Norman K. POLLOCK. « Does Physical Activity Enhance Cognition and Academic Achievement in Children? A Review », Medscape Education Diabetes & Endocrinology, 05/30/2012. [page consultée le 1er août 2014]
- 20. RATEY, John. SPARK: The Revolutionary New Science of Exercise and the Brain, Little Brown and Company, 10 January 2008, chapitre 2.
- 21. HILLMAN, Charles H., et al. « The effect of acute treadmill walking on cognitive control and academic achievement in preadolescent children », Neuroscience, 31 March 2009. doi:10.1016/j.neuroscience.2009.01.057
- 22. CHADDOCK-HEYMAN, Laura, et al. « The effects of physical activity on functional MRI activation associated with cognitive control in children: a randomized controlled intervention », Front. Hum. Neurosci., 12 March 2013. doi:10.3389/fnhum.2013.00072
- 23.. SILVA, Alessandro P et al. « Measurement of the effect of physical exercise on the concentration of individuals with ADHD », PLoS One, volume 10, n°3, 2015.
- 24. BABEY, Susan H, Shinyi WU et Deborah COHEN « How can schools help youth increase physical activity? An economic analysis comparing school-based programs » Preventive Medicine, volume 69, 2014, p. S55-S60.