Des activités intergénérationnelles pour tous les goûts

Imaginez des adolescent·e·s jumelé·e·s à des aîné·é·s afin de préparer des repas. Le Service d’Entraide de Pintendre permet à huit jeunes de 10 à 12 ans, provenant d’une école située à proximité, d’apprendre à cuisiner en compagnie de quatre aîné·e·s bénévoles. « Nous préparons des plats qu’ils ne font peut-être pas à la maison, mentionne l’animatrice, Vicky Drolet. Et nous procédons par thème. Par exemple, sous le thème du déjeuner, nous demandons aux participants de réaliser une crêpe qui a la forme de la première lettre de leur prénom. »

L’animatrice choisit les recettes, fait les achats et offre du soutien. « Il faut s’assurer que les règles élémentaires de sécurité et de salubrité sont respectées », dit-elle. Les participant·e·s se rencontrent à trois reprises. Une certaine rotation permet aux jeunes de travailler avec un adulte différent chaque fois. Lorsque les plats sont réalisés, tous soupent ensemble. Et il y a toujours des restes qu’ils peuvent se partager et rapporter à la maison. 
D’autres activités de ce genre ont eu lieu ailleurs au Québec, notamment à Saint-Paul et à Montréal (dans les quartiers Rivière-des-Prairies et Notre-Dame-de-Grâce).  

Le jardinage est une autre activité susceptible de rapprocher les générations. À Saint-Onésime d’Ixworth, le Jardin de l’or vert est situé sur le terrain de l’hôtel de ville, juste à côté de l’école primaire. Dès que les travaux ont commencé, les élèves ont voulu savoir ce qui se passait. Puis, aîné·e·s et élèves ont procédé ensemble aux semences. « C’est très le fun, dit André Hudon, président du comité de l’âge d’or de l’endroit. Les jeunes sont curieux, ils s’intéressent au jardin, posent des questions.» 
Durant l’été, les aîné·e·s s’occupent de l’entretien pendant que les élèves sont en vacances. Cela n’empêche pas le site, où on a installé patio, tables à pique-nique et balançoire sur chaise, d’être ouvert à tous. « Au retour, les élèves sont heureux de voir à quel point les plants ont progressé, indique André Hudon. Et lorsque c’est le temps des récoltes, tout le monde peut se servir. » 

D’autres jardins permettent aussi à des jeunes et des moins jeunes de travailler ensemble. C’est notamment le cas à Trois-Rivières, à Trois-Pistoles, à Saint-Pascal et à Dunham. 

Dans la région de Québec, un tout nouveau projet d’activités sportives de Motivaction Jeunesse vient de voir le jour. Son nom : Générations actives. Son but : faire en sorte que des jeunes de milieux défavorisés puissent rencontrer des aîné˙e·s qui ont fait une grande place au sport dans leur vie, histoire de les inspirer, de les faire bouger ainsi que de les sensibiliser aux saines habitudes de vie.

De multiples activités seront au programme au cours de l’année 2023, dont une course sous les étoiles et une randonnée à vélo de trois jours. Au moment d’écrire ces lignes, Luc Richer, qui en est le responsable, s’affairait à préparer la première activité : une rencontre avec Yves Garneau, patineur de vitesse âgé de 79 ans. « On veut que les jeunes voient des aîné·e·s qui sont positifs, actifs, et qui ont une belle vie, dit-il. On espère ainsi pouvoir les toucher, les sensibiliser et les amener à bouger. »

Dans l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal, Espace Oriri permet aux jeunes et aux aîné·e·s de bouger ensemble en organisant des Jardins dansants. Ces derniers, qui regroupent des personnes de 9 à 99 ans, auront lieu au parc Médéric-Martin à compter du 14 juin prochain. L’inscription est obligatoire.  

Des jeunes et des moins jeunes choisissent de réaliser ensemble une œuvre qui les inspire. C’est ce que permet Mamie Lisette avec son atelier de broderie Au fil de l’autre, qui regroupe des participant·e·s de 5 à 90 ans. L’activité dure huit semaines et se tient dans des bibliothèques de Montréal. Chaque fois, elle permet à 10 personnes de s’initier à la broderie et de créer des liens. En résulte une fresque qui est laissée là où l’activité s’est tenue.

Lors de la première rencontre, la personne responsable de l’animation présente le projet aux participant·e·s et, lors de la rencontre suivante, on procède à son idéation – c’est le moment de décider sous quel thème seront faits les travaux. Vient ensuite le temps de broder. Les jeunes apprennent alors des plus âgé·e·s et des guides brodeuses. L’activité se fait lentement. Selon Noémie Letu, chargée de projet à Mamie Lisette, c’est notamment parce qu’elle contribue à diminuer le stress qu’elle fait tant de bien. « On assiste à de beaux moments de silence et de contemplation, souligne-t-elle. Et aussi à des moments de grande jasette ».

D’autres activités d’art ou d’artisanat peuvent faire du bien aux jeunes et aux aînés·e·s. Par exemple, à Tête-à-la-Baleine, l’organisme Glaise Bleue a permis à des personnes de toutes générations de tisser ensemble. À Saint-Eugène-des-Guigues, le Cercle des fermières a aidé des jeunes du groupe de cheminement particulier de l’école Notre-Dame-de-Liesse à créer des tabliers. Et à Montréal, dans l’arrondissement Ville-Marie, Espace Oriri permet à des personnes de tout âge de peindre ensemble.

Grâce à Mamie Remix, un projet de cocréation des Berceurs du temps, des aîné·e·s qui vivent en résidence ou en CHSLD à Montréal ont l’occasion d’entrer en contact avec des élèves du secondaire dans un contexte bien particulier : la création d’œuvres musicales de style rap. Ici, les aîné·e·s fournissent les textes et, les jeunes, la musique. « Le but est qu’ils puissent se connaître et qu’il résulte de l’expérience une certaine solidarité », indique Charlotte Beaussier, chargée de projet chez les Berceurs du temps.

En guise d’exemple, mentionnons que depuis janvier, Mamie Remix, a jumelé des aîné·e·s de la résidence Ora (située dans Villeray) avec des élèves d’écoles situées à proximité. Cette fois, on commence par des ateliers d’écriture auxquels participent jeunes et aîné·e·s. Une fois les pièces choisies et le travail de création effectué par les jeunes, on procède à l’enregistrement, en collaboration avec des musiciens de l’Orchestre Métropolitain – les aîné·e·s y sont d’ailleurs invités. Notons que Mamie Remix a plein d’autres idées en tête, dont la mise en place d’un atelier de mouvements permettant à des personnes de tous âges de bouger ensemble. Voilà qui est de bon augure!

Au cours de la dernière année, le théâtre La Pire Espèce, en collaboration avec le Patro Villeray, a offert à des ados et à des aîné·e·s de Montréal des ateliers de théâtre d’objet – il s’agit d’utiliser des objets inanimés pour s’exprimer et, souvent, parler de soi. Selon Émilie Grosset, responsable de la communication et de la médiation théâtrale à La Pire Espèce, l’expérience permet aux participants de vivre entre eux des moments très touchants. « Les jeunes et les aînés ont beaucoup de choses en commun, dit-elle, comme le rapport au corps, la vulnérabilité, le rapport à la famille. En discuter permet de déconstruire les préjugés. » Cela donne aussi lieu à de beaux échanges, à des moments très touchants et à des liens qui perdurent.

D’autres projets artistiques permettent aux jeunes et aux moins jeunes de s’exprimer et d’échanger. Par exemple, à Trois-Rivières, la deuxième édition du journal Partage ta plume, une initiative de la Maison des grands-parents, est réalisée conjointement par des jeunes et des aîné·e·s. À Sutton, une chorale initiée par trois citoyennes regroupe des personnes de tous âges tous les samedis matin, de novembre à mars.

Ce survol des différentes activités intergénérationnelles offre un bel aperçu des superbes initiatives qui sont mises en œuvre un peu partout au Québec. Et pour ceux et celles qui se sentiraient inspirés et appelés à passer à l’action, nous vous invitons à lire notre guide en 7 étapes portant sur l’implantation d’une activité intergénérationnelle. Qui sait? Peut-être cela vous mènera-t-il à faire, vous aussi, une différence dans votre communauté.  

* Photo en Une: La Récolte des générations, Dunham | Crédit photo: Alex Chabot

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