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Depuis la parution du document sur l’importance des récréations, Pour réussir à l’école, mieux vaut ne pas manquer la récréation, j’ai reçu de nombreux témoignages de parents, d’enseignants et même de spécialistes qui souhaitaient me partager leur vision de cette période de jeu, dénoncer des situations vécues ou encore me poser des questions précises sur le sujet.
Après la lecture de tous ces messages, il me semble évident que la récréation est un sujet qui soulève des passions et suscite beaucoup d’émotions. Voici quelques éléments d'information qui, je l’espère, permettront de répondre à certaines préoccupations que de nombreuses personnes partagent.
« Laissez-nous gérer le déroulement de nos récréations! »
J'ai reçu ce commentaire à plus d'une reprise et il ne m'étonne pas tant que ça. Il est vrai que l’enseignant est la meilleure personne à l’école pour juger du rythme de son groupe et des besoins de ses élèves. Il est également vrai que, si la cloche sonne à un « mauvais moment » pendant la journée (pendant la période de dictée, pendant l’explication d’une consigne complexe, pendant une intervention, etc.), il se peut que l’enseignant choisisse d’empiéter partiellement ou totalement sur le temps de récréation pour compléter son travail. Est-ce si dramatique ? À première vue, assurément pas. Toutefois, si cette situation devient récurrente (pour tous les élèves de la classe ou pour un enfant en particulier), il y a certes une problématique à adresser, et l’enseignant devra trouver des solutions pour y remédier
Les études scientifiques sont d'ailleurs claires à ce sujet : les élèves qui ne participent pas aux récréations peuvent éprouver plus de difficulté à se concentrer sur des tâches spécifiques en classe, sont plus fatigués et risquent d’être plus facilement distraits. Ainsi, ironiquement, priver un élève de la récréation pour le punir d’un mauvais comportement ou pour qu’il termine ses travaux scolaires peut devenir contreproductif sur le plan pédagogique puisque la récréation ne promeut pas seulement la santé physique et le développement social des enfants, mais joue aussi un rôle important sur leur performance cognitive.1
Est-ce que tous les jeunes devraient avoir une récréation en même temps ?
La gestion du temps et des horaires dans une école peut vite devenir une tâche complexe. Or, en tenant compte des particularités du milieu (nombre d’élèves qui fréquentent l’école, superficie de la cour, problématiques particulières), il revient à chacune des écoles de mettre en place des mesures qui permettront de créer un climat harmonieux et respectueux des besoins de tous (élèves comme personnel de l’école). Ainsi, si trop d’élèves se retrouvent en même temps dans la cour d’école, il peut être opportun de prévoir plusieurs moments de récréation afin de leur permettre d’avoir plus d’espace pour bouger et libérer leur trop plein d’énergie.
Au final, il importe de mettre en place des récréations dont la durée, le nombre et le lieu tiendront compte de la réalité de l’école et des besoins des élèves. Que tous les jeunes aient accès à ces récréations au même moment durant la journée ou qu’il y ait plusieurs moments de récréation pour permettre à un plus petit nombre d’élèves d’avoir accès à un espace plus grand importe peu. Ce qui compte, c’est que les jeunes puissent bénéficier de plusieurs moments de pause durant la journée et que ces moments se passent en grande majorité à l’extérieur. Ainsi, à chaque école, son modèle idéal !
Comment expliquer que les petits de la maternelle n’aient pas droit à une période de récréation ?
D’abord, spécifions que le jeu et les activités spontanées prennent habituellement une grande place dans la routine d’une journée à l’éducation préscolaire. L’enfant apprend à s’exprimer, expérimente, construit ses connaissances et structure sa pensée à l’aide d’activités ludiques qui, bien plus souvent qu’autrement, se déroulent dans des positions autres que celle assise à un pupitre. C’est à l’aide de ces jeux et de ces activités spontanées que l’enseignant sera en mesure de noter les apprentissages du jeune, notamment ceux de la compétence 1 du programme de formation de l’école québécoise Agir avec efficacité dans différents contextes sur le plan sensoriel et moteur2.
En dépit de ces considérations, les jeunes âgés de 4 et 5 ans devraient tout de même avoir droit à des récréations non structurées qui se déroulent à l’extérieur. Actuellement, rien n’est exigé dans la Loi sur l’instruction publique à ce sujet, ce qui est contraire aux élèves du primaire qui ont droit à deux moments de pause durant leur journée. Ainsi, à l’éducation préscolaire, plusieurs petits demeurent à l’intérieur toute la journée lorsqu’ils sont en présence de leur titulaire de classe. Pourtant, ces récréations sont des périodes complémentaires à la classe et contribuent au bien-être et à la santé du jeune.
Ainsi, tout comme au primaire, il serait grandement recommandé que tous les petits de la maternelle aient droit à au moins deux périodes de récréations extérieures par jour.
Comment conjuguer « récréation » avec « quatre saisons »?
C'est une excellente question et j'y reviendrai plus tard cet automne dans un prochain billet de blogue. D’ici là, je vous invite à visionner ce reportage inspirant sur le système scolaire Finlandais!
Récréationnement vôtre!
Pour en savoir plus
Pour une liste de références utiles, consultez la section "cour d'école » du site web de la Direction régionale de santé publique de Montréal.