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La vie en ville apporte des avantages, mais aussi des inconvénients qui peuvent nuire au bien-être global des individus, notamment sur leur santé mentale. Or, une nouvelle étude québécoise tend à montrer que les parcs urbains servent littéralement d’espaces de soins, puisqu’ils contribuent à la santé mentale positive de leurs usagers.
Depuis des décennies, de nombreuses recherches ont permis d’établir une relation entre le contact avec la nature et le bien-être des individus. Mais peu d’entre elles se sont penchées sur les raisons qui motivent leur fréquentation des parcs urbains. Et plus rares encore sont celles qui ont permis de distinguer deux types de bénéfices qu’ils en retirent lors de leurs visites : le bien-être hédonique et le bien-être eudémonique.
Objectif bien-être
L’hédonisme, que l’on confond souvent avec l’épicurisme, est surtout une recherche du plaisir pour lui-même, alors que l’eudémonisme place plutôt le bonheur comme but de la vie humaine. Ce bonheur, ou si l’on veut, ce bien-être, étant considéré comme un « souverain bien », n’est ici plus perçu comme opposé à la raison. En fait, il est sciemment poursuivi comme une finalité naturelle. Comme le sens de la vie.
Prenons, par exemple, une personne qui se trouve dans un parc et qui joue à un jeu électronique sur sa tablette. Il le fait par pur hédonisme. Mais quelqu’un qui se rend dans un parc pour pratiquer un exercice physique le fait autant par plaisir que dans un but qui dépasse l’instant présent. Car il se soucie aussi de sa santé physique. C’est de l’eudémonisme.
Donc, cette notion de bien-être positif, c’est bien plus que de simplement viser une bonne santé physique et mentale. C’est la recherche d’un équilibre intérieur qui confère un sens à son existence, qui désigne un but dans la vie.
Le souci de soi et des autres
Les auteurs de cette recherche qualitative exploratoire à grande échelle ont réalisé des entrevues auprès de 449 adultes qui fréquentaient 20 parcs, dans 4 villes québécoises (Laval, Montréal, Québec, Saint-Hyacinthe) afin de mieux comprendre leurs motivations à passer du temps dans des parcs urbains. L’analyse des données a permis de dégager trois principales raisons de fréquenter des espaces verts de proximité : prendre soin de soi, prendre soin de ses enfants et prendre soin des autres.
En ce qui concerne le souci de soi, l’utilisation des parcs urbains est principalement motivée à des fins d’autosoins. Bien que l’aspect hédoniste soit souvent présent, les participants mentionnent pour la plupart qu’ils cherchent à se ressourcer, à rétablir un rapport à soi, certains utilisant même l’expression « soin de soi ». C’est là le volet eudémonique de leur motivation, qui se retrouve aussi dans la gestion de leur santé physique ou le désir de renouer avec la communauté en créant de nouveaux liens dans ces espaces de rencontre.
Prendre soin des enfants met aussi en branle des aspects aussi bien hédoniques qu’eudémoniques, tant pour les enfants que les adultes. En effet les visites au parc sont perçues autant comme un moyen de donner de la joie aux enfants (hédonisme) que de favoriser leur épanouissement (maîtrise de soi, littératie physique, développement moteur, développement social, etc.) donc dans une perspective eudémonique. Quant aux parents, ils le font pour le plaisir de s’amuser en famille, mais aussi dans le but de développer des relations positives avec leurs enfants.
Enfin, les participants qui disent prendre soin des autres le font strictement par eudémonisme. Donc, dans le but de servir les autres, par sens du devoir ou pour donner un sens à leur vie.
Posologie des parcs urbains
Bien entendu, les motivations exprimées par les participants de cette enquête correspondent à différents aménagements susceptibles de se retrouver dans les parcs. Ces constats peuvent servir à éclairer les autorités municipales afin d’entretenir ou de restaurer leurs espaces verts pour en maximiser le potentiel « thérapeutique ». Et bien sûr servir d’argumentaire afin de mieux financer le verdissement urbain.
D’autre part, les chercheurs de l’étude pensent que leurs travaux peuvent contribuer à préciser les messages de sensibilisation conçus pour encourager l’ensemble de la population à fréquenter plus souvent les parcs et espaces verts et ainsi en retirer de nombreux bienfaits. Les auteurs rappellent d’ailleurs que, selon l’Organisation mondiale de la santé, « les espaces verts urbains sont de plus en plus reconnus comme des plateformes de promotion de la santé mentale ».
Autrement dit, une balade par jour dans un parc tient le docteur au loin.
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