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Les arbres rendent de nombreux services environnementaux qui sont essentiels à la résilience de nos villes. Ils contribuent aussi, par leur présence, au maintien d’environnements propices à la santé physique et mentale des citadins. Mais combien en faut-il ? Et où doivent-ils se retrouver ? Pour le savoir, il suffirait d’appliquer la règle 3-30-300.
Cette nouvelle règle empirique pour la foresterie urbaine et le verdissement urbain stipule : que chaque citoyen devrait être en mesure de voir au moins 3 arbres (de taille décente) depuis son lieu de résidence ; que l’indice de canopée (la couverture du feuillage des arbres) devrait être de 30 % dans chaque quartier : et que tous les résidents devraient habiter à 300 mètres ou moins d’un parc d’une superficie minimale de 1 hectare.
Autrement dit, selon cette règle, il faut amener les arbres et la nature jusque dans les quartiers, les rues, et même sur les pas de porte, pour que tous puissent profiter des nombreux avantages qu’ils nous procurent. Et précisons qu’il s’agit de seuils minimaux. C’est-à-dire la limite inférieure qu’il est nécessaire d’atteindre, mais qu’il serait souhaitable de dépasser. Ce qui signifie qu’une ville comme Montréal est encore loin du compte…
Les bénéfices de la canopée
Un bon exemple de cela touche à l’effet de climatisation naturelle que nous fournissent les arbres. Selon une récente étude nord-américaine, dans un quartier abrité par une voûte de feuillage (canopée) bien garnie, la température peut-être de 4 à 5 degrés Celsius inférieure à celle d’un quartier voisin dépourvu de couvert végétal. Et pour qu’un quartier devienne un véritable îlot de fraîcheur, la canopée devrait correspondre à 40 % de sa superficie.
Un rapport de l’Office of National Statistics britannique estime que la canopée londonienne aurait permis d’économiser, de 2014 à 2018, quelque 11 milliards de dollars en climatisation. Et c’est sans compter les milliers de tonnes de polluants atmosphériques, principalement de l’ozone, et de milliers de tonnes de CO2que les 8,4 millions d’arbres londoniens absorbent chaque année. C’est donc dire qu’une ville a tout intérêt à ce que chacun de ses quartiers possède une généreuse canopée.
Santé physique et mentale
Au-delà de leurs rôles écologiques, les arbres peuvent aussi contribuer à la santé physique et mentale des citadins. Leur simple contemplation, dans un milieu fortement minéralisé, est associée à une diminution des niveaux de cortisol, la fameuse hormone de stress. Et plus ils sont nombreux, plus ils atténuent les bruits de la ville, ce qui permet en outre aux promeneurs de vivre l’expérience des bains de forêts, le fameux Shinrin-Yoku.
Bien entendu, les arbres et les espaces verts incitent les gens à passer plus de temps à l’extérieur, et donc à être plus actif physiquement, ce qui les conduit aussi à interagir davantage avec leurs quartiers, ce qui à son tour favorise la santé sociale. À ce chapitre, la Santé publique du grand Los Angeles a pu établir que, sur son territoire, les citadins qui jouissent d’un meilleur accès à des parcs sont moins susceptibles d’être victimes de décès prématurés.
Réduire les inégalités sociales en santé
La règle 3-30-300, ne peut bien sûr s’appliquer aveuglément dans tous les contextes, mais elle fournit des balises claires et déjà reconnues. On peut citer la Déclaration de Parme, selon laquelle les autorités publiques s’engageaient à « garantir à chaque enfant, d’ici 2020, l’accès à des espaces verts où ils peuvent jouer et s’adonner à des activités physiques ». On encore le rapport de l’OMS, Urban Green Space Interventions and Health, qui définit justement cet accès par une distance de marche de 5 minutes ou encore de 300 mètres.
Il apparaît de plus en plus évident, au regard des enjeux climatiques auxquels nous serons confrontés, que les forêts urbaines vont jouer un rôle clé dans la résilience des villes. Et c’est dès maintenant qu’il faut agir. Car, ne l’oublions pas : les arbres à l’ombre desquels nous aimons nous prélasser ont souvent été plantés par les générations qui nous ont précédées. Nous le devons plus que jamais à nos jeunes.
Source : Biophilic Cities Journal