Aménagement urbain

5 bonnes raisons d’aménager encore plus de parcs et d’espaces verts

Ressource

Les parcs et les espaces verts, qu’ils soient de la taille d’un terrain de tennis ou vastes comme le mont Royal, jouent une multitude de rôles et ont des impacts bénéfiques, tant sur la santé des individus que sur l’environnement et l’économie. Et à plus forte raison, dans nos villes, qui font souvent face à un déficit nature, l’aménagement d’espaces verts revêt une importance capitale pour le bien-être des populations qu’elles abritent.

La liste des bénéfices que nous apportent les parcs et espaces verts, et tout particulièrement la présence d’arbres, ne cesse de s’allonger. Ces derniers contribuent à la prévention des maladies, à la réduction des coûts de santé, à l’atténuation des effets des changements climatiques, et nous rendent bien d’autres services écologiques. Nombre d’études attestent le rôle crucial joué par la verdure dans nos aménagements urbains et font valoir les avantages liés à la présence de parcs et d’espaces verts dans nos quartiers. En voici 5 exemples bien concrets

enfants dans un arbre

1- Les parcs et espaces verts sont bénéfiques à la santé des collectivités

Si l’accès aux parcs et espaces verts est essentiel au développement des enfants, tant sur les plans physique que psychosocial, l’ensemble de la population en tire aussi des bénéfices. Ceux-ci sont désormais largement reconnus par la communauté médicale. En effet, selon des centaines d’études, un verdissement urbain optimal (indice de canopée de 40 %[1]) contribuerait à réduire, entre autres :

  • le risque d’hypertension artérielle (13 %) 
  • la prévalence de la dépression (7 %)
  • la prévalence du stress (39 %)
  • la mortalité par cancer (13 %)
  • la prévalence de l’autisme (11 à 19 %)

C’est à la lumière de ces constats que, en 2020, 600 médecins et autant de professionnel·le·s de la santé, ainsi que 45 organisations partenaires, dont la Fondation David Suzuki, ont appelé le gouvernement du Québec à investir chaque année 170 millions $ dans le verdissement des villes, afin de mieux protéger la santé de la population.

Dans son rapport intitulé Verdir les villes pour la santé de la population, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) souligne également plusieurs bienfaits se rattachant à l’aménagement de parcs et d’espaces verts. Ils encouragent la pratique d’activités physiques, notamment la marche chez les personnes âgées, ont des effets positifs sur la santé mentale, contribuent à briser l’isolement social et permettent à la fois un mode de vie plus sain et une plus grande sécurité alimentaire, par exemple grâce à des projets de jardinage communautaire. Qui plus est, chez les enfants, l’exposition à la verdure améliore le niveau d’attention et de concentration en classe.

Et ce n’est pas tout. Une imposante étude a montré que les espaces verts sont associés à une diminution des décès prématurés, toutes causes confondues ! On peut également citer une méta-analyse, publiée en 2018, basée sur 143 études provenant de 20 pays et portant sur quelque 290 millions de personnes. On y dénotait que la présence d’espaces verts était associée à la diminution des risques de diabète de type II, de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), ainsi que de décès et naissances prématurés.

Au Québec, l’accumulation de ces données probantes a incité un collectif de professionnel·le·s de la santé à lancer, en 2022, Prescri-Nature. Ce programme de prescription de temps en nature constitue une première dans la province. Aux yeux des membres du collectif, le contact avec la nature doit être considéré comme un pilier de la santé, aux côtés d’une saine alimentation, d’un sommeil de qualité et de l’activité physique.

entraînement en plein air

2- Les parcs et espaces verts ont un impact positif sur l’économie

Les espaces verts, notamment ceux aménagés avec des arbres, rendent de nombreux services environnementaux et socioéconomiques. En voici quelques-uns.

- Les espaces verts entraînent des économies d’énergie et accroissent la valeur des propriétés

Ils améliorent la qualité de l’air, nous protègent des rayons UV et de la chaleur, facilitent la gestion des eaux pluviales, favorisent la biodiversité et permettent la captation du carbone pour limiter les changements climatiques. Tous ces services, offerts gratuitement ou presque, aident la société à réaliser des économies en matière d’énergie ou d’infrastructures, en plus d’accroître la valeur foncière des propriétés avoisinantes.

- Les espaces verts contribuent à la diminution des coûts sociaux.

Dans un autre rapport, publié en 2017, l’INSPQ a calculé que l’ensemble de ces services écosystémiques représentaient une valeur de 12 829 $ US, par hectare et par année. Par ailleurs, les économies réalisées en matière de soins de santé, ajoutées aux coûts sociaux évités (pertes de temps de travail et mortalité prématurée), se chiffraient à 18 870 $ US. En additionnant les 2 montants, la valeur monétaire d’un hectare de verdure s’élèverait donc à 31 699 $ US par année !

- Les espaces verts font partie des attraits touristiques.

Ajoutons que toute ville digne de ce nom possède au moins un parc emblématique. Qu’il s’agisse de Central Park, de Hyde Park ou encore du mont Royal, chacun de ces espaces verts contribue à la signature particulière d’une ville et compte parmi ses attraits touristiques notables. Il existe d’ailleurs des palmarès, non scientifiques et établis par des agences de voyages, qui classent les villes selon leur densité d’espaces verts. Voilà un autre élément qui entre dans la fameuse équation du retour sur l’investissement.

Montréal

3- Les parcs et espaces verts réduisent les îlots de chaleur

Pour bien des élu·e·s, les retombées en matière de santé publique associées à la présence d’espaces verts paraissent souvent lointaines ou abstraites. Pourtant, ces lieux verdis sont déjà appelés à jouer des rôles cruciaux en matière de sécurité civile dans le contexte des changements climatiques. Par exemple, avec les périodes de canicules qui se multiplient et s’étirent, la lutte contre les îlots de chaleur est devenue un enjeu majeur.

À ce chapitre, une étude a révélé que, dans un quartier abrité par une canopée bien garnie, la température pouvait être de 4 à 5 degrés Celsius inférieure à celle d’un quartier voisin, dépourvu de couvert végétal. Cet écart s’apparente à celui qui distingue un centre-ville minéralisé de la campagne. Et cet effet devient optimal quand la canopée d’un quartier atteint 40 % de sa superficie !

zone fraicheur

4- Les parcs et espaces verts absorbent l’eau lors des intempéries

Qu’elles soient couvertes d’asphalte, de béton ou même de pavé, les surfaces minéralisées ne font pas qu’amplifier les effets de la chaleur. Parce qu’elles sont imperméables, ces immenses superficies recueillent d’énormes quantités d’eau lors des crues éclair. Cette eau est alors évacuée trop rapidement vers les systèmes d’égouts, ce qui entraîne des surverses, à savoir des débordements qui polluent les cours d’eau. D’où l’importance de multiplier les parcs dans la trame minérale urbaine et même de les concevoir pour qu’ils deviennent, au besoin, des bassins de rétention.

Et si les villes tardent trop à agir, les citoyen·ne·s peuvent prendre la situation en main et contribuer à déminéraliser leur milieu de vie. À cet égard, le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) a publié, dans le cadre du projet Sous les pavés, le guide De l’asphalte vers un milieu de vie. Celui-ci s’adresse à toutes les communautés du Québec qui souhaitent passer à l’action en réalisant un projet de dépavage participatif afin de créer de véritables milieux de vie et de répondre aux défis de l’urgence climatique.

enfant sous la pluie

5- Les parcs et espaces verts contribuent à réduire les inégalités sociales en santé

Les études le démontrent. La présence d’espaces verts est associée à une meilleure qualité de vie et à une meilleure santé. C’est exactement le constat de la Santé publique du grand Los Angeles qui, dans un rapport datant de 2016, révélait que, sur son territoire, les personnes jouissant d’un meilleur accès aux parcs étaient moins susceptibles de décéder prématurément.

Or, ce même rapport a permis de mettre en lumière des inégalités flagrantes en matière d’accès des populations aux parcs et espaces verts. Ainsi, les villes ou communautés les mieux nanties du grand Los Angeles peuvent compter jusqu’à 56 acres de parcs par 1 000 habitants, tandis que les quartiers les plus pauvres bénéficient de seulement un demi-acre par 1 000 habitants. Les auteurs du rapport ont ainsi établi la corrélation négative suivante : plus les communautés éprouvent des difficultés économiques, plus les espaces verts se font rares.

Une triste réalité à laquelle les villes du Québec ne font pas exception. En toute équité, donc, la plantation d’arbres devrait être privilégiée dans les quartiers les plus pauvres de nos villes.

La règle 3-30-300, un ambitieux objectif de verdissement

Pour que tous les êtres humains puissent bénéficier d’un contact avec la nature, l’Organisation mondiale de la Santé recommande que chaque citoyen·ne demeure à pas plus de 300 m d’un espace vert, alors que le Nature-Based Solutions Institute ajoute que la canopée d’une ville devrait être d’au moins 30 % et que chaque personne qui y réside devrait avoir au moins 3 arbres à portée de vue. D’où la règle 3-30-300.

On peut malheureusement penser que bien peu de villes dans le monde répondent actuellement à ces seuils… Et pourtant, ce ne sont pas les arguments qui manquent pour convaincre les municipalités d’investir davantage dans les parcs et espaces verts…

Des pistes pour aménager des parcs et espaces verts pour les générations futures

Le rapport de la ville de Los Angeles, cité plus haut, formulait des recommandations qui demeurent pertinentes à ce jour et dont pourraient s’inspirer nos élu·e·s :

  • Prioriser l’aménagement de parcs là où ils sont trop rares
  • Y établir des programmes d’animation et y bannir la malbouffe
  • Mettre l’emphase sur la sécurité
  • Aménager des accès sécuritaires pour les piétons et les cyclistes en direction des parcs et entre les parcs
  • Doter les parcs d’aménagements verts destinés à lutter contre les changements climatiques et à contrer leurs effets
  • Éviter d’installer des parcs près des grands couloirs autoroutiers afin de limiter l’exposition aux polluants atmosphériques

Et par-dessus tout, il faut garder à l’esprit que les parcs que nous aimons fréquenter, avec leurs grands arbres matures, ont été aménagés il y a plusieurs décennies. C’est un legs dont nous profitons aujourd’hui, mais qu’il faut aussi veiller à transmettre aux générations futures.

** Note de la rédaction: Ce texte est une mise à jour de l’article « 5 bonnes raisons d’aménager encore plus de parcs et d’espaces verts », initialement paru le 25 novembre 2019.

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Plein air pour tous: comment faciliter l'accès des citoyens à la nature?

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Plus que jamais, les Québécois ont soif de nature et de grand air. Limités dans leurs activités quotidiennes et dans leurs déplacements interrégionaux, en raison de la crise sanitaire, les citoyens partent à la découverte des parcs et espaces verts à proximité de leur domicile. Comment les municipalités peuvent-elles leur en faciliter l’accès et ainsi leur permettre de bénéficier de tous les bienfaits qu’apporte la pratique d’activités physiques à l’extérieur?

Réalisé en collaboration avec un groupe de travail sur la promotion du plein air au Québec, qui relève d’un comité de la Table sur le mode de vie physiquement actif, ce dossier vous présente une série de textes sur le plein air de proximité. Nouveaux textes à paraître dans les prochaines semaines : demeurez à l’affût!