Incorporer la nature dans le milieu de vie d’un enfant recèle plusieurs bénéfices pour sa santé. Ainsi, de récentes études médicales menées à travers le monde démontrent que les enfants qui fréquentent une école dont la cour a été verdie se portent globalement mieux.

On sait, par exemple, que la présence d’éléments naturels dans la cour incite à l’activité physique, ce qui permet de lutter contre l’embonpoint juvénile. La présence d’arbres améliore aussi la santé mentale en favorisant le calme, l’attention et la concentration en milieu scolaire. Elle permet de diminuer le niveau de stress chez les élèves et les symptômes dépressifs chez les adolescent·es. Elle atténue aussi les problèmes de comportement en diminuant les réactions agressives.

Mais ce n’est pas tout. Plusieurs études démontrent qu’un contact avec la nature tend à réduire la sévérité des symptômes du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Cet effet bénéfique peut se traduire par une réduction du taux de médication ou de la dose thérapeutique nécessaire. 

Étudier dans un milieu plus naturel peut également favoriser la performance scolaire et, conséquemment, accroître le taux de réussite. C’est ce qu’a démontré une étude américaine menée dans 101 écoles. Les jeunes qui avaient une vue sur des arbres et arbustes à partir des fenêtres des salles de classe et de la cafétéria (correspondant aux images 3 et 4 ci-dessous) avaient un taux de diplomation significativement plus élevé que ceux qui avaient une vue sur un environnement minéralisé (images 1 et 2 ci-dessous).

Une école dont la cour est verdie ne favorise pas seulement la santé des enfants. Le personnel scolaire en bénéficie aussi. Un accès à la nature en milieu de travail génère des effets positifs clairement démontrés sur la santé. En effet, il contribue à réduire le niveau de stress et suscite des émotions positives. De plus, la présence de la nature améliore la concentration et accélère la restauration mentale.

La découverte des vertus de l’intégration d’éléments naturels dans des environnements construits a mené à la conceptualisation d’un nouveau courant architectural : l’architecture biophilique. Ce type de conception des lieux de travail permet d’augmenter la productivité de 7 à 12 %, le sentiment de bien-être de 15 %, et diminue la fatigue mentale de 10 à 25 %. En milieu scolaire, ces avantages se traduisent par une meilleure capacité d’attraction et de rétention du personnel.

Avec tous ces bienfaits, on pourrait presque croire à un effet magique. Pourtant, les mécanismes physiologiques à l’œuvre ont été démontrés scientifiquement. Parmi ceux-ci, on note la baisse du niveau de cortisol (l’hormone de stress) chez la personne qui regarde un arbre. Cette baisse s’effectue en 10 à 15 minutes, donc relativement rapidement. On observe aussi une baisse de signes cliniques liés au stress aigu, comme la pression artérielle et la fréquence cardiaque. Un contact régulier avec la nature permet aussi de réduire les biomarqueurs de stress chronique.

D’autres mécanismes ont été rapportés, comme une plus grande réponse à la dopamine (hormone du plaisir) dans le cortex visuel. Par ailleurs, les arbres dégagent des substances volatiles appelées phytoncides qui ont pour effet de stimuler le système immunitaire chez l’humain et d’activer le système nerveux parasympathique, responsable du sentiment de détente.

À cela s’ajoutent d’autres bénéfices indirects des arbres sur la santé, comme la captation de polluants atmosphériques, le rafraîchissement de l’air, l’incitation à l’activité physique, l’atténuation de la pollution sonore, la limitation de la croissance de l’herbe à poux, responsable d’environ 75 % des cas de rhinite allergique saisonnière, et l’interception des rayons ultraviolets, responsables du cancer de la peau.

Vous ne doutez plus de l’intérêt de verdir les écoles ? Il faut maintenant agir, car plusieurs cours d’école québécoises sont encore fortement minéralisées. Leur verdissement donne aussi un coup de pouce aux municipalités avant-gardistes qui veulent mieux s’adapter aux changements climatiques en augmentant leur indice de canopée (surface au sol recouverte par la cime des arbres). L’Organisation mondiale de la Santé et l’Organisation des Nations Unies ont toutes deux émis des recommandations quant au verdissement urbain. Dans un climat comme le nôtre, on devrait viser un objectif d’au moins 40 % de canopée urbaine.

Après avoir convaincu dirigeants et usagers, il convient d’évaluer les caractéristiques physiques du milieu où s’intègrent l’école et sa cour. Cette étape permettra ensuite à un·e professionnel·le de réaliser un plan d’aménagement, afin de répondre aux besoins et d’évaluer les coûts en vue du financement.

En raison de leurs grandes capacités sanitaires, les arbres à grand déploiement à maturité sont à privilégier. Cependant, il est intéressant d’ajouter des arbustes, des arbres fruitiers et un jardin potager afin de profiter d’autres avantages : augmenter la biodiversité, contrer les déserts alimentaires et compléter les connaissances des élèves en matière de saine alimentation. La nature recèle de trésors et de possibilités… À nous d’en tirer profit, pour notre santé et celle de nos enfants !