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De nombreuses villes ont décidé de se réensauvager pour protéger leur biodiversité. Les bénéfices sont énormes, tant pour la faune et la flore que pour les citadins. Coup d’œil sur quelques actions entreprises par des municipalités, ici et ailleurs dans le monde.
Freiner le déclin de la biodiversité, voire renverser la tendance, c’est l’objectif de notre siècle. Il faut dire que l’enjeu ne pourrait pas être plus important : selon le dernier rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction au cours des prochaines décennies.
Les villes sont placées aux premières loges pour assister à ce déclin sans précédent et en subir les conséquences. L’urbanisation effrénée joue, certes, un rôle majeur dans la fragilisation de la biodiversité, toutefois les villes peuvent être des actrices essentielles du changement, en s’unissant et en agissant.
À ce chapitre, Montréal a récemment joué un rôle de premier plan en tant que ville hôtesse de la 15e Conférence des Nations-Unies sur la biodiversité, la COP15, qui s’est tenu en décembre 2022. Paris, Los Angeles, Melbourne, Toronto, Buenos Aires, et de nombreuses autres municipalités ont signé l’Engagement de Montréal et ses 15 actions en faveur de la biodiversité. Elles promettent, par exemple, d’augmenter la superficie des espaces verts et bleus, de viser l’élimination des déchets plastiques, de rétablir et de restaurer les écosystèmes ainsi que leur connectivité.
Des villes impliquées
L’objectif est donc de faire revenir la nature au cœur des cités. Déjà, de nombreuses villes ont déjà entrepris d’ambitieuses actions concrètes en faveur de leur biodiversité.
« La motivation première de réensauvager les villes, c’est de restaurer les habitats », note Alexandre Beaudoin, conseiller en biodiversité à l’Université de Montréal. Par exemple, le corridor écologique Darlington, à Montréal, est un projet de connectivité écologique destiné à relier le puits de biodiversité du mont Royal au chemin de fer situé plus au nord. Le but est de relier des espaces verts pour favoriser les déplacements de la faune et préserver la biodiversité en milieu urbain. À terme, le corridor prendra la forme d’un T et mesurera 7 km.
À Londres, les castors sont de retour, pour la première fois depuis 400 ans. La mairie, en partenariat avec l’organisation caritative London Wildlife Trust, a financé un site de réintroduction, accessible au public, afin d’y accueillir ces ingénieurs des habitats naturels. C’est l’un des nombreux projets de réensauvagement que la ville met en place pour protéger la biodiversité.
En Allemagne, les villes de Hanovre, Francfort et Dessau-Rosslau ont cédé des terrains vagues, des parcs et des pelouses à la nature afin qu’elle suive son cours. Les fleurs indigènes y ont poussé, ce qui a attiré des oiseaux, des papillons, des abeilles et même des hérissons.
À Chicago, l’Aquarium Shedd et l’organisation à but non lucratif Urban Rivers ont aménagé des zones humides flottantes sur une partie de la rivière dans le but de favoriser la reproduction des poissons, d’offrir un habitat pour les oiseaux et les pollinisateurs, et de contribuer au renforcement des systèmes racinaires pour filtrer l’eau.
Notons que certaines initiatives sont plus ciblées pour attirer et protéger une espèce en particulier. Citons par exemple, Laval, Saguenay ou encore Saint-Jean-de-Dieu, des Villes amies des monarques, en vertu d’une certification de la Fondation David Suzuki, et qui ont adopté des mesures spécifiques pour protéger l’habitat de ce papillon emblématique. « On a parfois besoin de mascottes, commente Alexandre Beaudoin. C’est une approche dite parapluie. En favorisant les plantes mellifères comme l’asclépiade, essentielle à la survie du fameux papillon, on attire aussi une foule d’autres espèces qui n’ont pas forcément sa notoriété ». Tous les moyens sont bons.
Si les actions entreprises par des municipalités foisonnent, il est important de noter qu’à l’échelle individuelle on peut aussi agir. « Verdir son balcon ou sa terrasse, végétaliser sa cour, créer un potager urbain, ce sont d’excellentes façons d’offrir un refuge à de multiples espèces », assure le conseiller en biodiversité, pour qui l’approche citoyenne est tout aussi importante que les projets de plus grande ampleur.
Des bénéfices pour la santé
En plus d’abriter la faune et la flore, les espaces nature apporte d’énormes bénéfices à la collectivité : réduction des îlots de chaleur grâce au couvert végétal, meilleure gestion des eaux pluviales, filtration de l’air, réduction du stress, etc. C’est le cadre de vie et la santé des citadins qui s’en trouvent améliorée. L’approche « Une seule santé » s’efforce justement de mettre de l’avant les liens étroits entre la santé des personnes, des animaux, des plantes et de notre environnement commun. « Cela consiste à dire : travaillons sur les écosystèmes, et s’ils sont en santé, alors la santé des individus le sera aussi », résume Alexandre Beaudouin.
Des bémols à une nature trop envahissante
Faire venir la nature en ville, sans restriction, peut aussi entraîner des risques. Si on laisse, par exemple, des terrains ouverts sans suivi, ils risquent d’être conquis par des espèces envahissantes. Or voilà justement l’une des causes principales du déclin de la biodiversité ! « Il ne suffit pas de faire un effort en arrêtant de tondre. Il est nécessaire d’accompagner ces actions d’une évaluation, d’un suivi : est-ce que ce qui pousse est bon ? Est-ce que ce sont des espèces indigènes ou envahissantes ? », recommande Alexandre Beaudouin. Pour s’en prémunir, le truc c’est de favoriser la plus grande diversité des habitats possibles.
Les solutions existent. Continuons dans cette direction pour que les villes retrouvent leur verdeur et deviennent plus résilientes face au changement climatique.
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