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En milieu rural, le transport collectif est un enjeu complexe, tout comme l’accès à une alimentation saine et abordable. Grâce à un travail de concertation bien ancré dans le milieu, les horaires des autobus de la MRC de Nicolet-Yamaska ont été modifiés pour améliorer l’accès des citoyen·ne·s à des épiceries économiques et à l’aide alimentaire.
Un peu de contexte. À la suite de l’adoption de son Plan de transition écologique en 2019, la MRC de Nicolet-Yamaska a développé une vision globale et intégrée de la mobilité sur son territoire. Depuis janvier 2023, elle gère l’ensemble de l’offre de mobilité durable, actuelle et à venir, à travers le guichet unique Bili, qui inclut le transport collectif et adapté, la sécurité des déplacements actifs, les vélos en libre-service, les bornes de recharge, les stationnements incitatifs, etc.
Un réseau très abordable
Depuis cette prise de compétence, le réseau de transport collectif a été bonifié. Il propose neuf circuits distincts, avec des points de correspondance qui permettent de se rendre à Nicolet, Trois-Rivières, Sorel et Drummondville. Les deux trajets desservant Nicolet et Trois-Rivières, notamment utilisés par les étudiants et les travailleurs, fonctionnent sans réservation. Pour les autres circuits, les usager·ère·s doivent réserver la veille.
Le tarif est très abordable, soit 1 $ par passage, quelle que soit la distance parcourue, et 30 $ pour une carte mensuelle. De plus, le service est gratuit pour les enfants de 11 ans et moins (accompagnés), pour les personnes de 60 ans et plus, ainsi que pour les étudiant·e·s.
Une réflexion concertée sur l’accès à l’alimentation
Créé en 2017, le NoYau* regroupe les nombreux acteurs socio-économiques et communautaires de la MRC de Nicolet-Yamaska. « C’est au sein du comité sur la sécurité alimentaire du NoYau qu’une réflexion est née au sujet de l’arrimage entre le transport collectif et l’accès à l’alimentation, raconte Catherine Villeneuve, agente de liaison en sécurité alimentaire pour la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie (TIR-SHV) Centre-du-Québec. Les circuits desservant les petites municipalités n’étaient pas adéquats pour les personnes ayant recours à l’aide alimentaire ni pour celles qui souhaitaient avoir accès à des épiceries économiques. »
À la rencontre du milieu
À la suite de ce constat, Marie-Hélène Larivière, conseillère en développement agroalimentaire à la MRC Nicolet-Yamaska et William Guy-Tessier, conseiller en mobilité durable à la MRC ont rencontré chacun des organismes d’aide alimentaire.
« Au cours de ces réunions avec les organismes du terrain, nous avons constaté que les trois circuits municipaux ne tenaient pas compte des journées et des heures de collecte de l’aide alimentaire, explique Marie-Hélène Larivière. Nous avons aussi constaté que deux de ces trajets étaient des boucles et ne permettaient pas de se rendre à Nicolet, où se trouvent des épiceries économiques. »
« Nos données indiquaient également que les trajets en mi-journée, destinés aux aîné·es, étaient peu utilisés, même s’ils avaient été mis en place en accord avec les politiques Municipalités amies des aînés, ajoute William Guy-Tessier. Tous ces éléments montraient qu’il fallait ajuster les horaires du réseau. »
Des modifications qui changent la donne
Les modifications suivantes sont entrées en vigueur le 25 mars 2024.
Circuit municipal Saint-Zéphirin – Pierreville : déplacement du circuit au mardi ; ajustement de l’horaire pour concorder avec l’horaire de distribution de l’aide alimentaire ; ajout de deux points d’embarquement.
Circuit municipal Sainte-Perpétue – Saint-Léonard-d’Aston : déplacement du circuit au jeudi et point d’arrivée déplacé à proximité du Centre d’éducation populaire Ludolettre, où a lieu la distribution de l’aide alimentaire.
Circuit Saint-Célestin – Nicolet : ajout d’un arrêt à proximité de la Ressource d’aide alimentaire de Nicolet et ajustement de l’horaire pour concorder avec l’horaire de distribution de l’aide alimentaire.
« De plus, tous les premiers vendredis du mois, les circuits de Saint-Zéphirin-de-Courval et de Sainte-Perpétue se rendent désormais jusqu’à Nicolet, à proximité des commerces d’alimentation économiques, se réjouit Catherine Villeneuve. Cet arrêt supplémentaire est vraiment un plus ! »
Comme la réglementation limite le nombre de sacs par personne dans les autobus, la MRC a acquis des casiers amovibles en métal, afin que les usagers y déposent leurs sacs de denrées de façon sécuritaire. Des dépliants en espagnol seront imprimés afin de bien renseigner les travailleurs et travailleuses hispanophones, ainsi que leurs familles, sur le réseau de transport collectif à leur disposition. Cette information sera aussi disponible dans le site internet de Bili.
La contribution de la TIR-SHV Centre-du-Québec
La TIR-SHV Centre-du-Québec a financé le projet à hauteur de 23 800 $, grâce à des fonds provenant du Plan d’action interministériel (PAI) 2022-2025 de la Politique gouvernementale de prévention en santé. « Le comité de sécurité alimentaire du NoYau et la MRC avaient bien identifié le besoin d’arrimer le transport collectif à l’accès à l’alimentation, souligne Catherine Villeneuve. Le projet était donc bien ficelé, ce qui a accéléré le processus. Le montant alloué finance du temps en ressources humaines, des honoraires professionnels, les casiers ainsi que l’impression des nouveaux dépliants traduits en espagnol. »
Des améliorations bien accueillies
« Nous faisons la tournée des organismes communautaires pour présenter les changements apportés aux circuits, et le réseau dans son ensemble, rapporte Marie-Hélène Larivière. La réception est très bonne. Lorsque nous sommes allés à Saint-Léonard-d’Aston, le jour de la collecte de l’aide alimentaire, les usagers étaient vraiment contents ! »
« Nous avons rencontré trois équipes différentes du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, ainsi que le Centre jeunesse emploi Nicolet-Bécancour, qui vont pouvoir partager l’information dans leurs réseaux, ajoute William Guy-Tessier. Nous souhaitons également approcher les résidences pour personnes âgées et les représentants locaux de la FADOQ. »
Chacune de ces rencontres permet également de parler de « Bili à des amis » le futur service d’accompagnement pour les personnes qui n’osent pas utiliser le transport en autobus. « Certaines craignent de ne pas descendre au bon endroit ou de manquer la correspondance, par exemple, indique Marie-Hélène Larivière. Nous cherchons des bénévoles bienveillants pour rassurer ces usagers lors de leur premier passage et leur faire découvrir les avantages de se déplacer en autobus, indique Marie-Hélène Larivière. Ça peut amener des changements très positifs dans leur vie sociale et les rendre plus autonomes. »
Une collaboration fructueuse
« Ce projet a donné une voix à plusieurs acteurs du milieu grâce au NoYau, dont le travail repose sur la participation des acteurs locaux aux décisions qui les concernent, même dans le cas d’un enjeu complexe comme celui du transport collectif, se réjouit Catherine Villeneuve. Et la contribution financière de la TIR-SHV nous a permis de renforcer la collaboration avec la MRC. »
« Ce projet a élargi notre regard sur la façon dont le transport collectif doit être pensé, reconnaît William Guy-Tessier. Nous resterons attentifs à l’enjeu de l’accès à l’alimentation en consultant le milieu chaque année. »
* Créé en 2017, et financé par la Fondation André et Lucie Chagnon, le NoYau est un regroupement de partenaires provenant de différents milieux (scolaire, social, communautaire, santé, etc.), qui travaillent à améliorer la qualité de vie des citoyens de Nicolet-Yamaska en réponse aux enjeux sociaux qui touchent la population.
* Cet article a été publié dans le cadre d’un partenariat avec le Collectif TIR-SHV.