Ressource
Vous vous intéressez aux enjeux et aux cultures autochtones et souhaiteriez développer la curiosité de vos élèves en tout respect et humilité ? Il existe une foule de ressources qui permettent d’aborder le sujet en évitant les faux pas et en valorisant les outils développés par les Premiers Peuples. Avouons-le, la réconciliation passe beaucoup par l’éducation et la connaissance de l’autre !
Bien se préparer
En tant qu’allochtone, vous éprouvez sans doute un sentiment d’imposteur à l’idée d’aborder les cultures autochtones en classe. Et vous n’avez pas tort ! Gardez ce sentiment, il vous mettra dans une posture d’humilité et vous motivera à prendre le temps de bien faire les choses. Voici quelques pistes de réflexion pour nourrir votre démarche.
1- S’autoformer aux cultures des Premiers Peuples
Avant d’intégrer et de valoriser les savoirs et les perspectives des Premières Nations et Inuits en classe, encore faut-il développer et approfondir ses propres connaissances. Le devoir d’autoformation est important, puisque dans une démarche de réparation, ce n’est pas aux membres des communautés autochtones d’éduquer les allochtones. À ce sujet, voici sept ressources particulièrement intéressantes pour les membres du corps enseignant qui ont envie d’entreprendre cette démarche :
- les livres Valorisation et inclusion des perspectives des Premières Nations et Inuit en enseignement, Mythes et réalités sur les peuples autochtones et Regards diversifiés sur l’éducation autochtone
- la plateforme Perspectives des premiers peuples dans l’éducation au Québec
- les ressources de la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke
- la Boîte à outils décoloniale du Réseau de la communauté autochtone à Montréal
- le guide « Tu n’as pas l’air autochtone ! » et autres préjugés d’Amnistie internationale et Mikana
- le Guide pédagogique pour outiller les personnes enseignantes à aborder les vérités historiques et le rapprochement envers les Premiers Peuples avec des enfants d’âge préscolaire fréquentant l’école québécoise de l’Université de Sherbrooke
- le dossier Premiers Peuples et éducation préscolaire de la Revue préscolaire
Les personnes qui auraient envie d’aller plus loin peuvent aussi suivre l’un des microprogrammes en études autochtones offertes dans diverses universités du pays.
2- Se mettre dans le contexte des cultures autochtones
Si on parle de cultures autochtones au pluriel, c’est que chacune des 11 nations au Québec et même chaque communauté possède ses spécificités linguistiques et spirituelles, sa vision du monde et ses réalités propres. Il est intéressant de se demander quelle nation vit ou vivait sur le lieu où se trouve l’école aujourd’hui. Ce territoire a-t-il été cédé ? Quelle est la langue de cette nation ? Est-elle encore vivante ou en processus de revitalisation ? Ces informations pourront orienter le choix des activités proposées plus loin.
3- Bien inclure les élèves autochtones
Si une personne autochtone fait partie de votre groupe, vous seriez bien avisé d’avoir avec elle une discussion en amont afin de l’informer que vous souhaitez aborder ce genre de sujet. Offrez-lui la possibilité de partager avec le reste de la classe son vécu, des anecdotes, traditions ou mots dans sa langue, mais sans l’y obliger. Être le sujet de toute l’attention pourrait embarrasser cet élève. En outre, une personne autochtone n’est pas tenue de parler au nom de tous les membres de sa communauté. N’oubliez pas que c’est vous la personne enseignante : l’élève n’a donc pas à enseigner. Voilà pourquoi ce point est crucial. Cela dit, valoriser sa culture sera assurément bénéfique pour tout le monde, ce qui lui donnera peut-être davantage envie de la partager avec les autres !
À ce sujet, consultez le Guide d'accueil et d'inclusion des élèves autochtones dans les écoles primaires et secondaires québécoises publié par le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ)
Réaliser une activité en classe
Une fois la préparation faite, voici plusieurs idées d’ateliers à réaliser en milieu scolaire.
- Préparer une affiche de reconnaissance territoriale à l’aide de la carte des Premières Nations et Inuit au Québec
- Apprendre des mots dans une langue algonquienne, iroquoienne ou en inuktitut
- Utiliser les nombreuses fiches et exercices proposés par Alloprof
- Obtenir gratuitement la Trousse éducative Premiers Peuples du Musée de la civilisation, destinée aux élèves du primaire
- Visionner la capsule vidéo Cours autochtone 102, un court métrage du Wapikoni mobile ou la série « Laissez-nous raconter »
- Lire la bande dessinée C’est le Québec qui est né dans mon pays !
- Réaliser l’une des activités de la trousse pédagogique du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or
- Recevoir Kina8at ou des membres de l’Espace culturel Onikam pour une activité en classe comme un atelier sur la roue de médecine, la confection de pain bannique, la fabrication d’un capteur de rêve ou d’un bâton de parole (au préalable, le Guide d’accueil des personnes aînées ou porteuses de savoirs autochtones sera une bonne lecture)
- Puiser dans les ressources du Service national d’éducation préscolaire et celles du Carrefour Jeunesse du gouvernement du Canada
- Réaliser les 9 activités éducatives pour aller à la rencontre des premiers peuples pour les élèves du primaire
- Essayer l’un des ateliers éducatifs proposés par le gouvernement du Canada pour les 4 à 16 ans
- Faire une sortie à l’extérieur inspirée du livre Nutshimit : Un bain de forêt
- Faire venir un ou une artiste autochtone, en fonction du type de média, de la région et du niveau scolaire (activité financée par le ministère de la Culture)
Sortir sur le terrain
Il n’y a rien comme aller à la rencontre du territoire et des Premières Nations directement. Voici quelques idées d’activités extérieures.
- Participer à une activité organisée lors de la Journée nationale des peuples autochtones (21 juin), du mois national de l’histoire autochtone (juin), de la Journée nationale des langues autochtones (31 mars) ou de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation (30 septembre)
- Pratiquer une activité sportive d’origine autochtone comme la crosse, le canot ou le kayak
- Vivre une expérience touristique, culinaire ou culturelle offerte dans sa région
- Se rendre à un pow-wow
- Participer à une activité d’un centre d’amitié autochtone
- Prendre part à un festival autochtone (Présence autochtone, Innucadie, Nipinik, Innu nikamu, Festival Manawan)
- Visiter la Maison des peuples autochtones ou l’un des nombreux autres musées et espaces culturels sur le territoire
En valorisant et en partageant tous ces outils et ces connaissances, vous contribuez à contrer l’invisibilisation des peuples autochtones. De plus, prioriser les contenus provenant de créateurs et de créatrices autochtones nous aide à entrer dans leur imaginaire et leur réalité, et à nous sortir d’une perspective coloniale. Demeurez à l’affût puisque de nouvelles ressources ne cessent d’être créées, signe que le besoin et l’intérêt sont au rendez-vous !
Mikwetc, tshinashkumitin, ᓇᑯᕐᒦᒃ, tiawenhk, merci!
NDLR: Cet article a été rédigé avec la collaboration d’Émilie Hébert-Houle, spécialiste en éducation - projet Premiers Peuples à l’UQTR, et de Karine Awashish, cofondatrice et membre de la Coop Nitaskinan
Crédit photo en Une: Karine Awashish (pow wow d'Opitciwan, 2012)
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