Qu’ont en commun Arbre-Évolution, Cultivons pour donner du sens à l’avenir, La Tablée des Chefs et le Centre d’écologie urbaine de Montréal ? Ils font partie des 10 lauréats de la 2e édition des prix de l’Impact social 2020 du magazine L’actualité. Conversation avec Monique Leroux, présidente du jury.
« Lorsqu’on m’a contactée au sujet des Prix de l’Impact social, j’ai trouvé d’emblée que donner de la visibilité aux organisations et aux entreprises engagées dans ce type de démarche était une très bonne idée, explique Monique Leroux, vice-présidente du conseil de Gestion Fiera inc.
« Nous avons analysé 30 candidatures selon des critères précis notamment en matière d’innovation, de gouvernance et de suivi des résultats, poursuit-elle, en insistant sur l’importance de l’impact dans la durée. C’est réconfortant de découvrir des initiatives aussi inspirantes et de contribuer à leur donner un élan additionnel. »
« Le critère de fond est de répondre de façon réfléchie et structurante à un enjeu social spécifique », précise la présidente du jury.
Les 4 lauréats présentés dans cet article ont un autre point commun : ils ont tous fait l’objet d’au moins un article dans 100° au cours des trois dernières années !
La Tablée des Chefs : robuste et solidaire
« Plusieurs points ont attiré l’attention du jury, particulièrement la pérennité, souligne Monique Leroux. Depuis 20 ans, la Tablée des Chefs a créé un robuste écosystème de partenaires. C’est extrêmement porteur, car c’est un élément essentiel de la viabilité des projets. »
On a d’ailleurs vu la robustesse de ce réseau à l’œuvre lorsque La Tablée des Chefs a lancé l’initiative des Cuisines Solidaires en pleine pandémie : 150 cuisiniers ont depuis fourni 2 millions de repas aux banques alimentaires du Québec ! « Je trouve la dimension entrepreneuriale de cette mobilisation absolument formidable ! »
La Tablée des Chefs a reçu le Prix de l’impact social dans la catégorie Innovation dans les capacités d’impact.
Pour en savoir plus sur La Tablée des Chefs :
Brigades culinaires : entrevue avec Ricardo Larrivée et Jean-François Archambault
Les Brigades culinaires : un outil pour améliorer la littératie alimentaire
Brigades culinaires : des ados à la rencontre des agriculteurs
Arbre-évolution : compensation carbone innovante
En 2014, cette coopérative de solidarité spécialisée dans la plantation d’arbres a créé le Programme de Reboisement Social. Celui-ci permet à des entreprises de compenser leurs émissions carbone en finançant la plantation d’arbres dans des communautés.
Selon Monique Leroux, la compensation carbone peut devenir assez complexe à expliquer sur le plan technique. « Arbre-Évolution a réussi à rendre ça très concret et facile à comprendre, sans rien sacrifier au sérieux de la démarche, se réjouit-elle. Ce n’est pas de l’improvisation, leur méthodologie de séquestration du carbone est dûment validée ! »
« Au-delà de son impact positif sur les collectivités et l’environnement, ce qui est déjà beaucoup, Arbre-Évolution contribue à la beauté des paysages actuels et futurs. » - Monique Leroux
Actuellement, 80 organisations compensent leurs émissions de CO2 avec Arbre-Évolution et plus de 150 collectivités ont profité de ce programme. La coop prévoit planter 40 000 arbres cette année !
Arbre-Évolution a reçu le prix de l’Impact social dans la catégorie Modèle d’affaires innovant.
Arbre-Évolution est aussi à l’origine de deux projets écoéducatifs remarquables : Le Semoir et le Verger de l’évolution. Pour en savoir plus : L’éducation à l’écocitoyenneté : au cœur de la mission du Semoir.
Le CEUM : répondre aux besoins réels de la communauté
Fondé en 1996, le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) aide les citoyens, les experts et les décideurs à rendre les villes plus inclusives, plus vertes et plus favorables à la santé.
« La particularité du CEUM, c’est son travail avec des partenaires publics, précise Monique Leroux. Ce n’est pas toujours simple de collaborer avec des villes, mais après 24 ans l’équipe sait comment s’y prendre pour faciliter le dialogue entre les citoyens et les autorités municipales ou scolaires. »
Un exemple parmi tant d’autres : le projet Sous les pavés, qui vise à déminéraliser à la main et de manière participative des espaces publics comme les cours d’école, partout au Québec. À ce jour, 2000 m2 ont été dépavés et 2600 végétaux, plantés, ce qui représente 2300 m3 d’eau pluviale détournés des égouts.
« L’impact environnemental des actions du CEUM en milieu urbain est essentiel en contexte de réchauffement climatique. » - Monique Leroux.
Pour en savoir plus au sujet du projet Sous les pavés à l’école Lionel-Groulx de Longueuil : Casser de l’asphalte pour libérer le sol et reverdir nos milieux de vie.
Parce qu’il donne du pouvoir aux citoyens et mobilise de nombreux partenaires, le CEUM a reçu le Prix de l’impact social dans la catégorie Renforcement des communautés.
Cultivons pour donner un sens à l’avenir : des légumes dans la cour d’école
« Favoriser la sécurité alimentaire, la réussite scolaire et l’inclusion sociale, tout en contribuant à la lutte contre les changements climatiques, le programme Cultivons pour donner du sens à l’avenir avait tout pour plaire au jury », indique Monique Leroux.
Pilotée par Fondaction, en partenariat avec l’entreprise MicroHabitat, cette initiative vise à soutenir pendant trois ans les écoles primaires qui souhaitent créer ou bonifier un jardin scolaire. Le soutien financier de Fondaction est accompagné par l’expertise organisationnelle, technique et pédagogique de MicroHabitat, qui œuvre déjà auprès de plusieurs écoles.
Pour en savoir plus sur l’appel de candidatures : Jardins scolaires : soutien financier et pédagogique pour les écoles en milieu défavorisé du Grand Montréal
L’impact social : profitable pour les entreprises
Monique Leroux espère qu’un plus grand nombre d’entreprises à but lucratif soumettront leur candidature lors de la 3e édition des Prix de l’impact social. « Contribuer au bien-être de la société n’empêche absolument pas une entreprise d’être profitable et innovatrice, soutient-elle. Je crois, au contraire, que celles qui peuvent se distinguer par un impact social structurant seront plus durables dans le temps. »
« Plusieurs des prix attribués cette année ont également un impact environnemental, et j’en suis ravie, souligne Monique Leroux. Toutefois, cet aspect, bien qu’il soit implicite pour moi, ne fait pas toujours partie de la réflexion sur l’impact social. Je souhaite qu’il devienne plus explicite dans les critères d’attribution des prix dès l’année prochaine. »
Les 5 critères des Prix de l’impact social
Les Prix de l’impact social, lancés en 2019 par le magazine L’actualité et la société-conseil Credo, récompensent les organisations québécoises qui agissent de façon exemplaire pour améliorer le bien-être collectif.
Le jury, composé de 6 personnes triées sur le volet, a évalué 30 candidatures sur les 78 reçues. La grille de pointage comportait les 5 critères ci-dessous:
- Une intention claire de la part de l’organisation de s’engager pour le bien de la société, en ayant fait une analyse des problèmes sur lesquels elle peut avoir le plus d’effets positifs.
- Une intention de changement au cœur de la gouvernance, des stratégies et des actions de l’entreprise.
- Le caractère innovant de l’initiative.
- Le degré de changement social systémique à long terme qui accompagne l’initiative.
- Des résultats durables et mesurables. Au-delà de la performance, l’initiative doit faire l’objet d’un suivi rigoureux pour prouver la pérennité de son impact social.