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Voilà quelques années déjà qu’une certitude se consolide en moi : l’éducation en plein air et le jardinage pédagogique sont des pratiques révolutionnaires qui ont le pouvoir de changer le monde. Aussi radicale qu’elle puisse paraître, cette conviction s’est renforcée encore plus, la semaine dernière, devant le formidable succès du colloque Apprendre à ciel ouvert qui réunissait plus de participant·e·s que jamais.
Je suis certaine que j’étais loin d’être la seule, lors de ce grand rassemblement annuel, à constater que le mouvement de pédagogie en plein air vient de franchir une nouvelle étape. Organisée par la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques du Québec (FEEPEQ) et la Fondation Monique-Fitz-Back, cette 12e édition du colloque Apprendre à ciel ouvert a rassemblé plus de 600 enseignant·es, éducateur·trices et intervenant·e·s provenant des milieux de la petite enfance et de l’éducation. Si cette affluence témoigne de l’engouement sans cesse croissant pour l’éducation en plein air, la qualité et la richesse de sa programmation ont aussi fait la preuve que ce mouvement a résolument atteint un nouveau stade de maturité.
Déclinée sur deux journées complètes, cette programmation a assurément ravi et comblé toutes les personnes curieuses et avides, comme moi, d’en connaître davantage sur le développement des connaissances en matière de pédagogie en plein air. Car, avec plusieurs dizaines d’ateliers, conférences et formations, nous avions plus que l’embarras du choix ! Chapeau au comité organisateur qui a su rassembler toutes ces expertises en combinant des ateliers très pratico-pratiques (dont plusieurs avaient lieu à l’extérieur) à des présentations scientifiques extrêmement pertinentes.
La nature : des bienfaits sur la santé à tous les âges
Autre élément remarquable, la conférence d’ouverture du colloque était donnée, non pas par des figures de la pédagogie en plein air, mais par deux professionnelles de la santé : Johanne Elsener et Caroline Laberge, toutes deux impliquées dans le collectif Prescri-Nature. Dre Elsener et Dre Laberge, s’appuyant sur de nombreuses études, ont effectué une éloquente démonstration des multiples bienfaits santé d’une exposition régulière à la nature. Plus encore, elles ont également montré la rentabilité financière des investissements dans le verdissement des écoles et des communautés.
C'est en les écoutant que j’ai réalisé que le mouvement pour la pédagogie extérieure et la promotion du plein air interpelle trois secteurs névralgiques de notre société : les milieux de garde en petite enfance, l’éducation et la santé.
La nature; aussi des impacts sur la réussite éducative!
Voilà quelques années déjà que des scientifiques ont commencé à évaluer ce que le personnel éducateur et les personnes enseignantes adeptes de l’éducation en en plein air pressentaient déjà : le temps passé à l’extérieur, dans un contexte de jeu libre ou d’apprentissage structuré, procure une kyrielle de bienfaits aux jeunes de différents âges.
J’ai eu la chance d’en reparler cette semaine avec Julie Moffet, coordonnatrice de projet à la fondation Monique-Fitz-Back, qui est au cœur de ce mouvement depuis des années, notamment en co-organisant ce colloque annuel avec la FEEPEQ. Autrice de plusieurs textes publiés dans 100° depuis quelques années déjà, c’est Julie qui m’avait pour la première fois éveillée aux impacts de l’enseignement extérieur sur la réussite éducative. Dans un article publié en 2019, Julie nous rapportait en effet les résultats d’une vaste étude américaine qui avait mis en lumière l’impact positif du temps passé en nature sur les performances académiques et la réussite éducative des jeunes.
L’année suivante, une enquête britannique avait pour sa part montré que les activités en nature sont très bénéfiques pour les enfants, notamment parce qu’elle stimulait leur curiosité, leur motivation et leur confiance en soi.
Encore sous l’euphorie du succès de ce colloque, Julie m’a rappelé qu’en plus de générer des bienfaits considérables sur le bien-être et la réussite éducative, l’éducation en plein air encourageait aussi le développement de l’écocitoyenneté des jeunes. « Les enfants ne sont pas juste de futurs citoyens à qui on transfère des connaissances, soutient-elle avec enthousiasme, ce sont de véritables catalyseurs, des acteurs de changements… En cultivant tôt le pouvoir d’agir des jeunes, on renforce aussi leur connexion avec le territoire et la communauté. N’est-ce pas ce dont on a besoin pour une société qui veut miser sur le développement durable ? »
Autre excellente nouvelle pour le milieu éducatif : la pédagogie extérieure pourrait également être bénéfique pour le personnel éducateur et les personnes enseignantes. Au cours d’un autre atelier, Charles-Antoine Rioux a présenté les résultats de sa recherche, réalisée dans le cadre d’une maîtrise à l’Université du Québec à Rimouski. Ses observations indiquent que l’enseignement extérieur pourrait également entraîner des effets positifs sur la santé mentale des enseignant·e·s. Même si les résultats de cette étude qualitative demeurent préliminaires, n’est-ce pas formidable de penser qu’en élargissant cette pratique au plus grand nombre, on pourrait non seulement agir sur le bien-être des jeunes, mais aussi des adultes qui les éduquent ?
L’éducation en plein air : un projet de société?
Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que la santé et l’éducation sont les deux secteurs gouvernementaux qui nécessitent la plus grande part d’investissements publics (43 % pour la santé; 22,4 % pour l’éducation), et où les défis sont immenses et multiples.
Considérant que l’exposition régulière à la nature et le temps passé à l’extérieur génèrent de tels bienfaits pour la santé et la réussite éducative, et devant l’enthousiasme manifeste des professionnel·le·s qui expérimentent ces pratiques auprès des jeunes, qu’attendons-nous pour offrir ce type d’éducation à tous les jeunes du Québec ? Je sais, il reste de nombreux défis à relever et même les plus beaux projets ne peuvent pas faire l’économie de se confronter à la réalité du terrain, mais permettons-nous de rêver qu’un jour, l’éducation en plein air devienne un véritable projet de société !
Julie Moffet: ambassadrice de la pédagogie en plein air
Coordonnatrice du projet Enseigner dehors à la Fondation-Monique Fitz-Back, Julie Moffet est au cœur de l’essor de l’enseignement extérieur. Depuis plusieurs années déjà, elle multiplie les stratégies de mobilisation et de communications pour promouvoir et démocratiser l’enseignement extérieur, notamment par la plateforme Enseigner dehors et l’organisation annuelle du colloque Apprendre à ciel ouvert,
Julie fait également partie de la communauté d’ambassadeurs et ambassadrices 100° qui, par leur engagement et leur générosité, partagent leur expertise et leur expérience au plus grand nombre. Depuis 2017, Julie a publié plusieurs articles dans 100° (dont certains se hissent, année après année, dans notre palmarès des articles les plus populaires), présenté une conférence et collaboré à la production d'un balado ainsi qu'à la production de cours en ligne et de webinaires.
Ce sujet vous intéresse?
Assistez à notre webinaire Prescri-Nature : une tendance qui prend de l’ampleur, qui sera diffusé le 16 mai prochain.
Consultez également nos cours en ligne et webinaires sur l’enseignement extérieur sur notre plateforme Apprendre
Consultez également notre dossier numérique Enseigner à ciel ouvert: une approche pédagogique en plein essor!