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La lutte aux changements climatiques et la protection des milieux naturels sont des combats qui se mènent majoritairement à l’échelle locale. Face à ce constat, la Fondation David Suzuki a mis sur pied un réseau pour rallier les groupes citoyens provenant des quatre coins de la province et ainsi augmenter leur impact. Entrevue avec Chloé Tremblay Cloutier, responsable du Réseau Demain le Québec à la Fondation David Suzuki.
Qu’est-ce que le Réseau Demain le Québec ?
C’est un réseau d’entraide et de soutien aux collectifs citoyens qui construisent la transition et le Québec de demain. Le but est de renforcer leurs capacités, d’amplifier ce qui existe déjà et de créer un mouvement assez important pour provoquer le changement.
Les groupes locaux peuvent être expérimentés ou émergents. Ils ont des missions très larges allant de la justice sociale à la protection de la biodiversité, en passant par le verdissement et la sécurité alimentaire, par exemple. Depuis sa création, en 2020, le Réseau a pris beaucoup d’ampleur et compte maintenant 125 groupes répartis dans 15 régions du Québec. On sait que ce n’est qu’une infime partie de toutes les initiatives existantes, qu’on tente d’ailleurs de cartographier.
Quelle est l’histoire derrière le Réseau ?
Après la sortie du film Demain, en 2015, qui documentait plein de belles initiatives à travers le monde, des membres de l’équipe de la Fondation David Suzuki sont partis en tournée à travers le Québec pour témoigner de ce qui se passait chez nous. De ce projet est né le livre Demain, le Québec. Parallèlement, de 2014 à 2022, la Fondation David Suzuki a aussi lancé annuellement le Prix Demain le Québec pour faire rayonner et récompenser des initiatives citoyennes inspirantes. C’est là que des gens se sont mis à nous contacter et à nous poser toutes sortes de questions sur la mobilisation. On a vraiment senti que les collectifs citoyens avaient besoin de se rassembler et de s’entraider, et on s’est demandé comment les ressources de la Fondation David Suzuki pouvaient leur être utiles.
Aujourd’hui encore, on garde cette structure très bottum-up, c’est-à-dire qu’on ne fait pas de planification sur 3 ou 5 ans, on s’adapte plutôt aux intérêts et aux nécessités des groupes membres.
Est-ce que les besoins des groupes changent avec le temps ?
Oui, ça a évolué au fil des ans. Au début, on a surtout abordé des thématiques opérationnelles comme la mobilisation, le financement et les relations gouvernementales. Puis, on a organisé un webinaire sur le burn-out militant et on a vu que les sujets touchant aux émotions, comme l’écoanxiété, résonnaient très fort. Maintenant, on s’assure de garder un moment dans les ateliers pour en jaser avec des psychologues ou d’autres spécialistes.
Dernièrement, on a beaucoup sensibilisé les groupes aux relations avec les peuples autochtones, un sujet qui les intéresse énormément. On s’est nous-mêmes formés sur le sujet et on participe à des évènements pour voir les liens entre la transition socioécologique et les enjeux autochtones. On a aussi de plus en plus de groupes de jeunes au sein du Réseau, ce qui change la composition de nos membres et amène de nouveaux sujets d’intérêts. Ça trouve écho auprès des enseignantes et enseignants et des parents impliqués dans d’autres initiatives.
Finalement, les champs d’action des collectifs tendent aussi à changer. Aujourd’hui le quart des groupes se consacre à la protection des milieux naturels. Les questions de justice environnementale aussi sont très présentes. Dans ces cas-là, on fait appel à un de nos partenaires comme le Centre québécois du droit de l’environnement, Nature-Québec, ou encore le Hub de mobilisation pour la justice climatique. Ça peut être pour de la vulgarisation scientifique ou de l’accompagnement individuel.
Est-ce que les membres du Réseau se regroupent par thématique, justement ?
Nous fonctionnons par leadership distribué. On sépare les groupes de trois manières : par région, par champ d’action et par type de besoin. Ça permet des accompagnements plus adaptés et ça crée des synergies entre les groupes. Par exemple, à Québec, on constate une forte volonté de travailler ensemble sur la protection des milieux naturels. On a aussi des terrains de golf qui se sont réunis au sein d’une coalition. C’est beau de voir ce sentiment d’appartenance et ces relations qui naissent. Plus les groupes sont autonomes, formés et connectés, plus ils volent de leurs propres ailes, et c’est tant mieux !
D’ailleurs, vous avez tenu un premier évènement en personne ?
Oui, notre premier rassemblement a eu lieu en mai dernier. Ça faisait longtemps qu’on en rêvait, mais l’idée a été repoussée en raison de la pandémie. En 2022, on avait tout de même organisé la tournée Ensemble pour accélérer la transition à travers 5 régions, permettant aux groupes locaux de se rencontrer. Ça fait du bien de se voir en vrai !
En rafale, les ressources offertes aux membres du Réseau Demain le Québec
- Une communauté de pratique en ligne, bienveillante et efficace pour partager ses expériences, ses difficultés et ses bons coups
- Des webinaires et ateliers avec des personnes expertes pour mieux organiser son groupe et ses campagnes
- Des outils numériques tels que Zoom, Slack, Canva, Google Drive
- Du soutien moral grâce à des ateliers animés par un ou une psychologue en écoanxiété, afin d’apprendre à mettre ses limites et se protéger
- Du soutien individualisé pour répondre à des besoins spécifiques
- De la visibilité à l’aide des outils de communication de la Fondation David Suzuki et des occasions de se faire voir lors d’évènements
Pour rejoindre le Réseau Demain le Québec
- Pour les groupes citoyens, il suffit de remplir le formulaire en ligne.
- Vous aimeriez joindre une initiative dans votre région ? Consultez la carte interactive.
- Vous avez l’élan de démarrer votre propre groupe ? Consultez le guide.
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