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Du personnage vedette d’un récent film d’animation sur un emballage de yogourt, aux céréales en forme d’étoiles et d’arcs-en-ciel, en passant par la mention indiquant qu’une barre granola est « parfaite pour la boîte à lunch », il existe un grand nombre de stratégies de marketing pour stimuler l’intérêt des tout-petits et orienter le choix des familles vers certains produits.
Alors que les données de la plus récente Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes révèlent que les enfants québécois consomment de trop grandes quantités de sucres, de gras saturés et de sodium, qu’en est-il vraiment de la qualité des aliments transformés conçus pour plaire aux plus jeunes ? Au-delà des accroches et des emballages attrayants, comment faire des choix éclairés pour leur santé ? L’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire* s’est penché sur le sujet.
Publicité pour enfants… des règles et des exceptions
Au Canada, au moment d’écrire cet article, la publicité destinée aux enfants n’est pas interdite ni réglementée par le gouvernement. Cependant, Santé Canada prévoit restreindre le marketing alimentaire fait auprès des enfants d’ici les deux prochaines années. Un projet similaire avait été présenté en 2019 sans être adopté.
Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur interdit la publicité à but commercial destinée aux moins de 13 ans, mais certaines exceptions s’appliquent. La publicité sur un contenant, une vitrine ou un emballage, par exemple, peut être conçue de façon à s’adresser aux plus jeunes.
Les enfants sont particulièrement vulnérables à l’influence de la publicité car, même si à partir de 12 ans, ils peuvent en comprendre le but (vendre), ils ne peuvent en saisir le caractère persuasif. Quant aux parents, une récente étude rapporte que les personnages et images ludiques apposés sur les emballages d’aliments les amènent plutôt à percevoir ces produits comme étant moins bons pour la santé. Mais le sont-ils ?
Produits alimentaires ciblant les enfants: des choix avisés?
L’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire a analysé la qualité nutritionnelle de différentes catégories d’aliments, dont plusieurs comprennent des choix destinés aux enfants. C’est le cas notamment des céréales à déjeuner, des barres granola, de même que des yogourts et autres desserts laitiers.
Pour qu’un produit soit identifié comme « destiné aux enfants » par l’Observatoire, son emballage devait afficher certains éléments, par exemple :
- Un personnage, une image, une illustration visant les enfants;
- Une activité destinée aux enfants, un thème amusant ou fantastique;
- La mention ou la suggestion d’une utilisation dans les boîtes à lunch ou à l’école;
- La mention qu’il s’agit d’un produit pour enfants ou pour les familles.
Peu nutritives, les céréales pour enfants
L’Observatoire a analysé un total de 392 céréales à déjeuner en 2021, parmi lesquelles 83 étaient considérées comme destinées aux enfants ou aux familles. En comparaison avec les données de sa dernière étude effectuée en 2016, les céréales pour enfants contenaient toujours plus de sucres et de sodium que celles ayant pour cible la population générale.
Elles étaient également moins rassasiantes, puisque leur contenu en fibres et en protéines était plus faible. Fait étonnant : alors qu’elles ne constituaient que 21 % de l’offre de produits disponibles en épicerie, les céréales destinées aux enfants détenaient près de la moitié des parts de marché en 2021. Une piste d’explication : leur faible prix de vente comparativement aux autres céréales.
Yogourts et desserts laitiers: moins sucrés pour les enfants
Du côté de la qualité nutritionnelle des yogourts et autres desserts laitiers (poudings, etc.) disponibles sur le marché, l’Observatoire a recensé, en 2023, un total de 387 produits. Il rapporte que ceux qui sont destinés aux enfants (41 produits, correspondant à 11 % de l’offre) contiennent moins de sucres. Bonne nouvelle! Mais il faut toutefois noter qu’ils sont également moins riches en protéines et en lipides, deux nutriments d’importance pour la santé des enfants.
La barre granola parfaite pour la boîte à lunch… vraiment?
Les populaires barres granola ont aussi été analysées par l’Observatoire, qui en a recensé 369 en 2023. Les produits destinés aux enfants, soit 58 barres représentant 16 % de l’offre disponible, contenaient moins de gras que les autres barres. Malgré tout, un peu plus de 20 % d’entre elles étaient riches en sucres.
Marketing alimentaire pour enfants: que retenir?
Voici quelques éléments à garder en tête la prochaine fois où vous vous retrouverez devant les rayons de votre supermarché.
- Actuellement, aucune loi ou règlement ne restreint le marketing ciblant les enfants et les familles sur les emballages d’aliments transformés, que ceux-ci soient nutritifs ou non.
- Les céréales à déjeuner destinées aux enfants sont de moins bons choix que les autres céréales, étant donné leur faible qualité nutritionnelle. Privilégiez plutôt des céréales qui ne ciblent pas les enfants et qui contiennent moins de 10 g de sucres par portion.
- En général, les yogourts et desserts laitiers destinés aux enfants représentent des choix intéressants, ce qui n’est pas nécessairement le cas des barres granola. Optez si possible pour les barres dont les teneurs en sucres et en gras saturés sont sous le seuil de 15 % de la valeur quotidienne, selon le tableau de la valeur nutritive.
- Une astuce incontournable pour s’y retrouver, peu importe l’aliment et le marketing associé ? Toujours consulter le tableau de la valeur nutritive !
* L’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire est une entité membre de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval. Créé en 2016, il vise à caractériser et à suivre l’évolution de l’offre alimentaire afin d’améliorer sa qualité et son accessibilité. Depuis neuf ans, l’Observatoire travaille notamment à mesurer, au fil du temps, la composition nutritionnelle de 15 catégories d’aliments transformés fréquemment consommées par la population québécoise. Les travaux de l’Observatoire sont financés dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé du gouvernement du Québec.
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