Santé et société

Des idées pour nourrir les échanges intergénérationnels au quotidien

Des idées pour nourrir les échanges intergénérationnels au quotidien

Ressource

Les échanges intergénérationnels procurent des bienfaits tant aux jeunes qu’aux aîné·e·s. Voici quelques initiatives inspirantes pouvant leur permettre de se côtoyer un peu, beaucoup, passionnément.

Initiatives intergénérationnelles
© Résidence Les Marronniers, Trois-Rivères

Des ados et des aînés sous un même toit

Depuis 2017, la résidence pour aîné·e·s Les Marronniers, à Trois-Rivières, reçoit chaque année deux étudiant·e·s qui y séjournent de septembre à juin. On leur offre gratuitement un appartement et des repas en échange de services – l’étudiant doit faire 10 heures de bénévolat par semaine. La formule est avantageuse pour les jeunes, cela va de soi, mais aussi pour les aîné·e·s qui se réjouissent de leur compagnie. « Les liens qui se créent sont précieux tant pour les aînés que pour les jeunes, dit Éric Robitaille, le directeur général. Dans certains cas, ce sont presque de nouvelles familles qui se créent. »


Le Centre collégial d’expertise en gérontologie du cégep de Drummondville (CCEG|CCTT) a mené une recherche-action afin de documenter le phénomène. Réalisée en collaboration avec des résidences pour aîné·e·s et des établissements postsecondaires de la région, cette étude a notamment permis de découvrir qu’il est important de mettre en place des balises – les étudiant·e·s peuvent rendre des services, mais ne doivent pas faire le travail des employé·e·s – et de découvrir de belles histoires, comme celle d’une étudiante en art visuel qui a soutenu une aînée désireuse d’améliorer son coup de crayon.


La recherche n’a pas encore été publiée, mais déjà, trois guides d’accompagnement – un pour chacune des parties prenantes (résidence, étudiant·e et établissement postsecondaire) – ont été réalisés. Quant au CCEG, il continue à accompagner les résidences qui désirent accueillir des jeunes.


Par ailleurs, mentionnons que certains organismes mettent en relation des jeunes à la recherche d’un logement peu cher et des aîné·e·s prêt·e·s à céder une pièce de leur logis gratuitement ou à un prix modique en échange de services ou de compagnie. C’est le cas de Combo2génération, à Montréal, et des Habitations partagées de l’Outaouais. Les deux organismes font en sorte que les futurs colocataires soient compatibles et que chacun soit en sécurité. Une fois le jumelage réalisé, ils s’assurent que tout va bien. Les responsables sont unanimes : l’expérience est bénéfique pour les deux parties et de belles complicités résultent de l’expérience.

Initiatives intergénérationnelles
© Nature Québec

Des ruelles vertes et accueillantes

Dans les quartiers Montcalm et Limoilou, à Québec, l’initiative Ruelles vertes, déployée par Nature Québec, permet également à des personnes de tous âges de se côtoyer, et ce, tant au moment de la conception et de la réalisation de leur ruelle qu’une fois son aménagement terminé. Car, pour se connaître et s’apprécier, quoi de mieux que de travailler ensemble à un projet commun, puis de partager un même lieu.


Plusieurs raisons motivent l’aménagement d’une ruelle verte : ajouter de la verdure, créer des lieux où les enfants pourront jouer, augmenter le sentiment de sécurité et susciter des échanges entre gens de tous âges. Et pour cela, les moyens sont multiples : installation de panneaux de signalisation (pour signifier qu’il ne s’agit pas d’une rue) ou de dos d’âne (pour ralentir les véhicules), mise en place de bancs ou de bacs de plantation pour renforcir l’esprit de collectivité, organisation d’activités.


Une fois la ruelle aménagée, les résidents seront tentés de la fréquenter. D’une génération à l’autre, il sera alors plus facile de s’apprivoiser, de se connaître, voire de veiller les uns sur les autres. Par exemple, un aîné peut en venir à garder l’enfant d’un voisin et un jeune adulte à donner un coup de main à un·e aîné·e. « Cela peut faire naître de belles histoires », dit Lucie Bédet, chargée des communications, Milieux de vie en santé, à Nature Québec.


Les groupes de citoyens qui souhaitent aménager une ruelle verte dans leur quartier peuvent bénéficier des services de Nature Québec en répondant à un appel de projets.

Initiatives intergénérationnelles
© Nature Québec

Nature Québec mène aussi un projet de mobilisation pour réaliser le verdissement des espaces publics situés notamment à proximité des CHSLD, des aménagements qui faciliteraient également la création de liens intergénérationnels. Au moment d’écrire ces lignes, ce projet, appelé Ginkgo, avait déjà permis à sept initiatives de voir le jour dans les villes de Trois-Rivières, de Lévis et de Québec, et dont on prévoyait que toutes seraient réalisées en 2023. « En rendant ces milieux de vie plus verts et plus conviviaux, nous croyons que nous aurons un impact notable sur la santé physique, psychologique et sociale de la communauté, dit Samuel Charlebois, chargé de projet, Infrastructures naturelles, à Nature Québec ».

Initiatives intergénérationnelles
© Espace MUNI

Des voisins solidaires

Rien de mieux qu’un voisin sympathique et présent pour se sentir moins seul. C’est un peu cette idée qui est à la source de Voisins solidaires, une initiative d’Espace MUNI dont l’objectif est de promouvoir le bon voisinage et de favoriser la création de liens intergénérationnels entre les citoyen·ne·s. « Cette démarche permet aux résident·e·s de prendre soin des personnes seules qui vivent dans le quartier, de leur offrir du soutien, et de les amener éventuellement à procurer à leur tour du soutien à des familles, mentionne Véronique Wong, chargée de projet, Communauté et santé chez Espace MUNI ».
 
Pour atteindre son but, l’organisme réaménage l’environnement physique pour créer des espaces propices aux rencontres. Mais il agit également sur l’environnement social en identifiant des « citoyens connecteurs », soit des personnes qui ont pour mandat « de favoriser le bon voisinage et le bien-vieillir dans leur communauté ». Au printemps 2022, des appels de propositions ont été lancés. Nombre de municipalités et de MRC y ont répondu et 65 d’entre elles ont reçu du financement. Celles-ci ont jusqu’en 2024 pour déployer leur projet en bénéficiant d’un accompagnement d’Espace MUNI.
 
En 2020, le Centre d’action bénévole Région Témis a par exemple reçu une subvention du programme Québec amis des aînés pour la réalisation de son projet « J’aide mon voisin » dont l’objectif est d’encourager la solidarité au sein de la communauté. Le projet n’a finalement pas pu être déployé comme prévu, mais il a servi de tremplin pour créer un système de sécurité entre voisin·e·s. « La pandémie avait rendu les gens très individualistes », indique Mélanie Lavoie, coordonnatrice des services communautaires au Centre d’action bénévole Région Témis, ce qui était néfaste pour les personnes vulnérables et les aîné·e·s. « Nous voulions qu’ils recommencent à se soucier les uns des autres. »

Initiatives intergénérationnelles
© Vélo sans âge

Des vélos qui rapprochent

Si vous habitez à Beloeil ou Saint-Bruno-de-Montarville, peut-être avez-vous déjà vu passer un drôle de vélo qui permet à une personne âgée, assise à l’avant, de se promener grâce au coup de pédale de la personne assise derrière elle. « Cette configuration permet au pédaleur de parler avec l’aîné·e tout au long du parcours », dit Annie Gauthier, intervenante en gérontologie et ambassadrice de Vélo sans âge à Beloeil.
 
D’origine danoise, le mouvement Vélo sans âge a des « antennes » dans plusieurs villes du monde. Chacune utilise le logo et le nom de l’organisme, et met de l’avant ses valeurs, soit la générosité et l’entraide. « Partout, les balades sont offertes gratuitement aux passagers », dit Annie Gauthier. Vélo sans âge dispose de « triporteurs » qu’il met à la disposition des organismes et résidences qui en font la demande. Mais ceux qui le désirent peuvent également s’en procurer un par l’entremise de cet organisme.

Initiatives intergénérationnelles
© Vélo sans âge

Pour que tout se déroule de façon sécuritaire, les bénévoles doivent suivre diverses formations afin de comprendre les enjeux du vieillissement, d’apprendre à se comporter avec les personnes en situation de handicap et, surtout, de découvrir comment conduire de manière sécuritaire. Car, il faut bien le dire, cela comporte certains défis, notamment au moment de tourner ou d’enjamber des chaînes de trottoir.  Notons que les vélos de Vélo sans âge sont à assistance électrique – il n’est donc pas nécessaire d’être particulièrement en forme pour s’asseoir derrière le guidon – et qu’ils sont dotés d’un marchepied pour faciliter l’accès aux personnes qui ont des problèmes de mobilité ou qui sont en fauteuil roulant.
 
Selon Annie Gauthier, les balades de Vélo sans âge apportent de nombreux bienfaits, tant pour les pédaleurs, qui en profitent pour se remettre en forme et socialiser, que pour les aînés·e·s. « En croisant des gens, en échangent quelques mots avec eux, ils ont à nouveau l’impression de faire partie de la communauté locale, souligne-t-elle, ce qui fait baisser leur anxiété. Et ça, c’est beau à voir. En général, on sort d’une balade le cœur rempli de joie.».

Initiatives intergénérationnelles
© Résidence Les Marronniers, Trois-Rivères

Des jeunes bénévoles dans des activités intergénérationnelles

S’il vous arrive d’aller dans un CHSLD, peut-être avez-vous déjà aperçu un jeune bénévole vêtu d’un chandail jaune. Il y a fort à parier qu’il s’agissait d’un enfant ou d’un adolescent œuvrant pour la Fondation Sunny. Chaque printemps, cet organisme, qui a vu le jour à Shawinigan il y a 10 ans, recrute des jeunes de 12 à 17 ans dans les écoles du Québec. Puis, grâce à une entente obtenue avec chacun des 19 CISSS et CIUSSS ayant adhéré à son programme, il les met en contact avec un intervenant en loisir, qui les formera et leur indiquera comment interagir avec des aînés·e·s.


Sortie à l’extérieur, chant, danse, théâtre, jeux de société… les activités, qui ont lieu tant durant la saison estivale que pendant les journées pédagogiques, sont aussi nombreuses que variées. Elles sont choisies en fonction des capacités des aîné·e·s et des indications données par l’intervenant en loisir. Et elles font toutes du bien. « Pour un aîné, quand un jeune lui consacre du temps, c’est comme si c’était Noël, dit Alain Desbiens, président fondateur de la Fondation Sunny. »


Ce dernier affirme que les jeunes participants apprécient eux aussi leur expérience, ce qui les rend plus confiants et leur permet de développer leur autonomie. Ce genre d’expérience aurait aussi un impact sur leur parcours professionnel. « Après avoir été bénévoles pour la Fondation Sunny, plusieurs sont devenus préposés ou infirmiers, dit-il. Il y en a même une qui est devenue avocate et qui s’est spécialisée dans la défense du droit des aînés… »


On le constate : il y a mille et une manières de faire en sorte que jeunes et aînés se côtoient, et chacune d’elles procure aux uns comme aux autres de multiples bienfaits. Il ne reste qu’à souhaiter que cet aperçu puisse vous inspirer…

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