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Le bénévolat est avantageux pour la société ainsi que pour les organismes et les personnes qui en bénéficient. Mais il procure aussi des bienfaits aux bénévoles eux-mêmes. Voici ce que l’on sait à ce sujet.
Chaque semaine, au Québec, des milliers de personnes donnent de leur temps à une activité qui, pour une raison ou une autre, les interpelle. Et cela est bénéfique pour elles. « Le bénévolat procure une augmentation du niveau d’énergie et aide à l’adoption de saines habitudes de vie », affirme Julie Fortier, professeure au département d’études en loisir de l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui étudie le bénévolat dans le domaine du loisir.
Pour que cela se produise, il n’est pas nécessaire d’en faire beaucoup. Le simple fait de sortir de chez soi et de côtoyer des gens est bénéfique. Car le bénévolat permet de contrer l’isolement et procure un sentiment d’appartenance à un groupe. De plus, il donne l’impression de se sentir utile et de jouer un rôle dans la société. Sans oublier qu’il augmente l’estime de soi.
Le bénévolat permet aussi d’acquérir des connaissances, ce qui contribue à augmenter la mémoire et à maintenir ou améliorer ses capacités cognitives. Cela se fait par le biais des formations reçues pour être en mesure d’accomplir adéquatement ses tâches, mais aussi à travers les tâches elles-mêmes.
Chercheure au Centre collégial d’expertise en gérontologie du cégep de Drummondville, Julie Castonguay s’intéresse au bénévolat dans le domaine de la santé et des services sociaux – pensons par exemple aux visites qui permettent le maintien à domicile ou à l’accompagnement des mourants. « En interagissant avec l’autre, en étant en relation avec lui, il y a plein de choses que l’on peut apprendre, plein de choses que l’on peut partager », dit-elle.
Lorsque l’aidant et la personne aidée sont de génération différente, d’autres bienfaits s’ajoutent. Ils s’apparentent alors aux bienfaits des activités intergénérationnelles. « Dans ce type de relation, les aînés ont souvent le désir de transmettre quelque chose, que ce soit sur le plan des valeurs, du savoir ou du savoir-être », mentionne Julie Fortier. Et cela va dans les deux sens. Car si un jeune peut inculquer à un·e aîné·e·s des notions d’informatique, l’aîné·e·s peut lui faire connaître comment était la vie à son époque et, s’il a vécu des événements marquants au plan social, lui transmettre des tranches d’histoire.
Sur les plans physique et psychologique
Il existe plusieurs études sur le bénévolat, mais la plupart ne sont pas récentes. On y apprend que les bénévoles éprouvent le sentiment d’être en meilleure santé que les non bénévoles. Et que, dans une certaine mesure, ils le sont. Par exemple : les bénévoles seraient moins stressé·e·s et moins susceptibles de faire de l’hypertension. De plus, ils déclareraient moins de douleurs chroniques. Notons également que le bénévolat aurait pour effet de diminuer le rythme du déclin fonctionnel.
Il semble que même les adolescents profiteraient des bienfaits du bénévolat. Une étude indique en effet que ceux d’entre eux qui s’y adonnent sont susceptibles d’avoir un taux de cholestérol et un indice de masse corporelle plus bas.
Certaines études font état de l’euphorie de l’aidant (helper’s high), conséquence de la libération de dopamine dans le cerveau. On y affirme que cette sensation, que ressentent certains bénévoles, a pour effet d’améliorer la santé physique et l’espérance de vie. Eh oui, vous avez bien lu !
D’autres bienfaits sont en lien avec la santé mentale. Des études démontrent que le bénévolat a pour effet d’augmenter le bien-être psychologique. Ses adeptes auraient aussi le sentiment d’être plus efficaces et ressentiraient une plus grande satisfaction à l’égard de la vie. De plus, le bénévolat réduirait les symptômes de la dépression chez ceux qui en souffrent et éloignerait cette maladie de ceux qui n’en sont pas atteints.
Devant tous ces résultats positifs, les chercheurs se montrent cependant prudents. « Sûrement que le bénévolat est bénéfique pour la santé, indique Julie Castonguay. Mais il faut se demander si, au départ, la personne qui fait du bénévolat n’est pas en meilleure santé que celle qui n’en fait pas. » C’est d’ailleurs ce qui pourrait lui permettre de s’adonner à cette activité. Par ailleurs, on sait que les bénévoles sont souvent des personnes relativement à l’aise financièrement, et qu’il existe un lien entre le revenu et la santé; les personnes aisées étant généralement en meilleure santé que les autres.
À certaines conditions
Pour que le bénévolat soit bénéfique, certaines conditions doivent être réunies. D’abord, il faut que la cause nous interpelle, selon Julie Castonguay. Cela fait toute la différence. Il faut aussi que le bénévolat reste du bénévolat. « Il s’agit d’un acte libre et gratuit, mentionne la chercheure. Il ne faut pas que quiconque se sente obligé de devenir bénévole. » Enfin, on doit éviter d’être happé par son bénévolat. « Si un bénévole s’investit trop, un moment donné, son activité bénévole risque de devenir une corvée. »
Le bénévole n’a-t-il pas à respecter un engagement ? Celui-ci ne risque-t-il pas d’être contraignant ? Même si, en principe, le bénévole doit pouvoir quitter à tout moment, cela peut se produire. « Dans une relation d’accompagnement, le bénévole est en contact avec la personne aidée durant une période de temps relativement longue, dit Julie Castonguay. Il se développe alors un lien très fort entre eux. Dans de telles circonstances, il peut être difficile de s’éclipser du jour au lendemain. » Plusieurs ayant vécu une telle situation vous diront tout de même que l’expérience en a grandement valu la peine.