Sécurité alimentaire

Espaces CT: s’unir pour combattre le gaspillage alimentaire

Espaces CT: s’unir pour combattre le gaspillage alimentaire

Ressource

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les Espaces CT mettent en concertation une myriade de partenaires pour que les légumes produits en trop se rendent aux populations vulnérables.

Les Espaces collaboratifs de transformation alimentaire, ou Espaces CT, visent à éliminer le gaspillage de denrées en faisant le lien entre ceux qui en ont besoin et ceux qui en ont trop. Le projet, né en 2021 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, est doté d’une double mission, explique sa coordonnatrice, Cloé Loiselle. « On veut d’abord améliorer l’accessibilité physique et économique aux aliments sains, nutritifs et locaux, toute l’année, entre autres pour les personnes en situation de précarité, tout en soutenant la mission des organismes communautaires et commerciaux à vocation sociale. » Au terme du déploiement du projet, les denrées pourraient être intégrées à un réseau de distribution plus large, incluant le réseau institutionnel.

Leur seconde mission est de valoriser les aliments et mutualiser les ressources, soit les lieux de transformation, les équipements, et dans une phase ultérieure, les ressources humaines et financières.

cuisine collective

Le projet représente un bel exemple de concertation. Des maraîchers locaux offrent leurs surplus de denrées –essentiellement des légumes, pour le moment – qui sont transportées et entreposées grâce à un partenariat avec Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui redistribue les denrées fraîches à ses organismes membres. Les denrées qui doivent être transformées sont envoyées aux cuisines partenaires, où on en fait une première transformation, par exemple en les tranchant avant de les mettre en sac, pour qu’ils soient prêts à utiliser.
 
Un de ces espaces de transformation alimentaire se trouve chez Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Dolbeau-Mistassini. Un employé transforme les aliments, avec l’aide d’un groupe de bénévoles. L’épicerie communautaire Salsa Le marché, à Roberval, participe aussi, en intégrant les légumes reçus dans les projets qu’elle soutient, dont le Club des petits déjeuners.
 
D’autres espaces de cuisine sont appelés en renfort, ponctuellement. Ils sont situés au Centre d’action bénévole Entre-Êtres de Jonquière, où des bénévoles transforment les denrées, et au Cégep de Chicoutimi, où une professeure du programme de Techniques de diététique et transformation alimentaire met à profit les installations de l’établissement. Un projet est dans l’air pour que les étudiants mettent la main à la pâte l’an prochain dans le cadre d’une activité intégrée au curriculum, faisant ainsi d’une pierre, deux coups.
 
Le tout vise à allonger la durée de vie des légumes produits en surplus, soit en les cuisinant rapidement, soit en les transformant pour les conserver sous une forme plus facile à utiliser par la suite. Une cargaison de poireaux, par exemple, pourra être en partie distribuée en aide alimentaire aux organismes liés à Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le reste sera paré, lavé, émincé, et surgelé sous vide et distribué soit à des organismes qui font de la transformation, ou directement à la clientèle en situation de précarité alimentaire.

lutte au gaspillage alimentaire

Le fruit d’un effort collectif

Le projet, raconte Cloé Loiselle, a été imaginé par le Comité régional en sécurité alimentaire durable et saine alimentation pour tous, qui regroupe plusieurs acteurs locaux et régionaux, issus du milieu communautaire pour la plupart. « Ce sont eux qui ont eu l’idée de rendre accessibles des aliments qui seraient autrement jetés ou gaspillés, tout en les valorisant », résume-t-elle.

Le financement des Espaces CT, administré par En mouvement Saguenay–Lac-Saint-Jean, la table intersectorielle régionale de saines habitudes de vie (TIR-SHV), est venu d’abord du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, dans le cadre du Fonds Région et ruralité, avec une contribution du Comité régional en sécurité alimentaire durable et saine alimentation pour tous. En mouvement Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui fait partie des 17 Tables intersectorielles régionales en saines habitudes de vie du Québec, est un gros joueur dans le projet, souligne Cloé Loiselle. La TIR-SHV en est pour le moment l’administratrice principale, donc tout passe par elle. En plus de contribuer directement au financement des Espaces CT, via le Comité régional, En mouvement Saguenay–Lac-Saint-Jean participe aussi à la mise en place et au suivi du projet, avec les autres partenaires impliqués, et siège au comité de mise en oeuvre qui se réunit chaque semaine pour mettre le projet sur les rails, ainsi qu’au comité des partenaires.
 
Le succès des Espaces CT est dû à la collaboration d’un ensemble de partenaires qui participent tous à la prise de décision. Ce sont Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, Salsa Le marché, la TIR-SHV, la Direction de la Santé publique, l’Épicerie communautaire La Recette, la Table agroalimentaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’Alliance pour la solidarité 02. Le Réseau régional en alimentation communautaire (RRAC) fait aussi partie des partenaires, et à terme, il est prévu qu’il chapeaute le projet.
 
Le grand nombre de partenaires impliqués, souligne Cloé Loiselle, apporte beaucoup de points de vue et de discussions sur les orientations. « C’est un défi, et en même temps c’est très enrichissant. »

repas collectif

Des débuts prometteurs

La mise sur pied du projet a débuté en 2021, et les premiers dons ont été reçus en 2023. Cette année-là, 65 000 kg de légumes ont été traités la première année, dont 260 kg qui ont été transformés, un volume qui devrait augmenter cette année.
 
Dans le futur, les Espaces CT aimeraient être en mesure de s’autofinancer partiellement, notamment par la vente de légumes congelés, pour pérenniser le projet en dépendant moins des subventions, mais aussi pour pouvoir acheter une partie des légumes aux producteurs, au lieu de tous les recevoir sous forme de dons. Ils contribueraient ainsi à l’économie de la région. On songe également à s’allier avec des boulangeries, pour transformer le pain rassis en chapelure, par exemple.
 
D’autres projets sont dans l’air, comme la mutualisation des équipements de cuisine, afin d’en faire profiter d’autres partenaires, communautaires ou privés. Des ateliers de cuisine solidaire pourraient aussi être offerts directement à ceux qui reçoivent des paniers alimentaires, pour leur donner la chance de mieux conserver les denrées reçues, et ainsi éviter de les gaspiller 

lutte au gaspillage alimentaire

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