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Le projet Savoir Prendre Soin +, porté par Montréal – Métropole en santé, est une recherche-action menée auprès de personnes issues de la communauté LGBTQIA2+ et de personnes issues de familles immigrantes et/ou racisées. Le but est de concevoir des services plus équitables et plus inclusifs pour améliorer leur accès à l’activité physique et à une saine alimentation. Voici quelques-unes des barrières et pistes de solution mises de l’avant par les participant·e·s.
Un peu de contexte. Notez que ces deux populations ne sont pas les seules à être vulnérables en matière d’accès à une alimentation saine et à des activités physiques et sportives. Ce choix est le résultat d’une minutieuse analyse de priorisation en fonction des inégalités sociales de la santé et du manque de données au sujet de ces populations. L’objectif est d’aller à leur rencontre, car elles sont souvent laissées de côté dans les projets d’amélioration ou de conception des services municipaux*.
Parmi les 60 personnes rencontrées au cours du projet Savoir Prendre Soin + (SPS+), 24 d’entre elles sont issues des communautés LGBTQIA2+ et 36 sont issues de familles immigrantes et/ou racisées. « Nous n’avions que peu ou pas de données montréalaises sur ces populations, souligne Lya Porto, chercheuse et chargée du projet chez Montréal – Métropole en santé (MMS). Ces entretiens ont permis de brosser un portrait plus précis de leur réalité quotidienne dans le but de mieux répondre à leurs besoins. De plus, les personnes rencontrées au cours de cette collecte de données participent également au processus de discussion des résultats de la recherche et de conception des interventions. »
Saine alimentation : défis et pistes de solution chez les personnes immigrantes et/ou racisées
Pour les personnes issues de familles immigrantes et/ou racisées, une saine alimentation se traduit par une alimentation diversifiée à base de plantes et boissons naturelles. En plus d’être culturellement appropriés, ces aliments sont adaptés aux enfants et se préparent à la maison.
Trois éléments qui impactent fortement et négativement leur accès aux aliments sont ressortis, soit la précarité financière, la difficulté d’accès à l’emploi et les discriminations subies. L’autre défi de taille est la difficulté à transmettre les cultures alimentaires traditionnelles aux enfants dans un contexte où la malbouffe est omniprésente. Par ailleurs, les participant·e·s ont souligné que les banques alimentaires manquent d’aliments frais et culturellement significatifs et que l’accès à ce service est complexifié par le fait que plusieurs documents doivent être fournis pour y être admis·e.
Les stratégies économiques, comme la planification des repas et des achats, l’intégration de recettes végétariennes, ainsi que le fait de continuer à développer son savoir-faire culinaire avec ses enfants constituent des éléments facilitants pour ces familles. De plus, les participant·e·s ont indiqué que les jardins communautaires et collectifs peuvent jouer un rôle important dans la stimulation de la curiosité des enfants pour la saine alimentation.
Plusieurs pistes de solution ont émergé des entrevues et des groupes de discussion. En voici quelques-unes :
- Faire connaître les services d’aide alimentaire, réduire la bureaucratie et la stigmatisation qui entourent ces services.
- Offrir de l’éducation alimentaire, ainsi que des repas sains et culturellement appropriés dans les écoles.
- Bonifier l’offre des aliments frais, culturellement significatifs, et des plats préparés dans les services alimentaires.
Accès à l’activité physique et sportive (APS) : défis et pistes de solution dans les communautés LGBTQIA2+
Les rencontres avec les personnes issues des communautés LGBTQIA2+ ont révélé qu’elles pratiquent une grande variété d’APS, comme la danse, le badminton, le patin à roulettes, les arts martiaux, la boxe ou encore le karaté, en plus d’utiliser le transport actif chaque semaine.
Toutefois, les participant·e·s perçoivent les espaces consacrés aux APS comme non inclusifs et peu adaptés aux réalités et aux besoins de leur communauté. Les participants hommes soulignent notamment que les APS ne sont pas accueillantes pour les débutants.
Parmi les éléments facilitants soulevés lors des entrevues et des groupes de discussion, on compte l’accès à des espaces de pratique inclusifs, abordables et offrant un grand choix d’horaires de pratique. Les centres communautaires, les centres sportifs et les espaces extérieurs font partie des lieux qui peuvent répondre à ces besoins. La possibilité de pratiquer des APS en groupe et à travers des activités sociales a également été mentionnée comme un élément favorable à la pratique d’APS.
Voici quelques-unes des pistes de solution proposées :
- Former le personnel œuvrant en APS sur les réalités des communautés LGBTQIA2+ et sur les mesures d’inclusion à mettre en place pour accueillir pleinement ces personnes.
- Valoriser l’inclusion et la diversité dans les espaces et les évènements sportifs.
- Mettre en place des vestiaires ou des salles de bain à utilisation individuelle.
SPS+ : réduire les angles morts
« Ce que montre cette recherche-action, c’est que ces barrières affectent les personnes plus profondément qu’on pourrait le croire, souligne Carine Thouveny, co-directrice de MMS. Le fait de ne pas avoir accès à des aliments qui sont attachés à sa culture ou de ne pas être en mesure de pratiquer un sport qu’on aime parce qu’on ne se sent ni homme ni femme a des effets négatifs sur la santé mentale. Ce n’est pas qu’un aliment, ce n’est pas qu’une activité, c’est le fait de ne pas être considéré. Ce n’est pas une lubie, c’est un angle mort. L’objectif de Savoir Prendre Soin + est de le réduire le plus possible. »
La suite des choses
Le projet Savoir Prendre Soin + est financé par le premier volet du Fonds pour la santé des Canadiens et des communautés de l’Agence pour la santé publique du Canada (ASPC). « Actuellement, nous communiquons les résultats de ce premier volet aux organismes qui offrent des services alimentaires et d’APS, afin d’augmenter leur capacité d’agir, explique Carine Thouveny. Nous partageons également ces données avec les décideurs, qui disposent de leviers pour changer les choses de façon plus structurelle ainsi qu’aux décideurs, indique Carine Thouveny. L’obtention du second volet permettrait l’implantation d’un plan d’action. »
Pour consulter les 4 fiches synthèses (aussi disponibles en anglais) : Savoir Prendre Soin +
Le projet Savoir Prendre Soin +, porté par Montréal – Métropole en santé, profite de l’expertise d’un comité aviseur composé de 10 organismes gouvernementaux, non gouvernementaux et partenaires universitaires : l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ; la Direction régionale de santé publique de Montréal ; la Ville de Montréal ; l’Agence Uena ; Suzanne Laberge, professeure-chercheuse à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal ; Rosanne Blanchet, professeure-chercheuse à l’École de santé publique de l’Université de Montréal ; YMCA Québec ; Sport Montréal ; le Carrefour solidaire – Centre communautaire d’alimentation ; Alima, Centre de nutrition sociale périnatale (anciennement Dispensaire diététique de Montréal).
* La collecte et l’analyse des données de cette recherche-action ont été menées selon l’approche « analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) ». Depuis quelques années, l’ADS+ est implantée graduellement dans les projets et initiatives de la Ville de Montréal afin de mieux saisir les discriminations vécues par la population. Dans un document intitulé ADS+ 101, la Ville décrit cette approche comme « un outil pour l’inclusion et la considération des différences entre les personnes afin de réaliser des projets innovants, adaptés aux besoins et aux réalités d’une métropole diversifiée. »
Cet article a été publié dans le cadre d'un partenariat avec le Collectif TIR-SHV.
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