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Alors que nous vivons dans une ère où l’on souhaite être plus inclusif, respecter la diversité corporelle, briser les standards de beauté, éliminer l’intimidation à l’égard du poids et promouvoir une santé mentale positive, est-ce que la « lutte » contre l’obésité a encore sa place ? Est-ce que le poids de la population doit demeurer un moteur de changement social ?
L’obésité est un enjeu complexe, influencé par une multitude de facteurs, qui vont de nos gènes, à nos revenus, en passant par notre santé mentale et nos habitudes de vie, pour ne citer que ces exemples. Aujourd’hui, nous savons que le poids, comme seul indicateur, ne permet pas de mesurer la santé d’un individu. Une personne grosse* peut être en bonne santé. Tout comme une personne mince peut être en mauvaise santé ! Décrire l’état de santé de la population uniquement à travers le statut pondéral des individus est devenu trop réducteur.
Doit-on s’inquiéter des tendances ?
Les études démontrent que l’excès de graisse dans l’organisme est associé à un risque plus important de développer des maladies chroniques. Cependant, la répartition de cette graisse dans le corps, l’âge, le sexe, les habitudes de vie ou encore l’origine ethnique sont autant de facteurs qu’il faut considérer pour déterminer l’impact réel de cet excès de graisse sur la santé.
En associant la réduction de l’obésité à l’adoption d’une saine alimentation et d’un mode de vie physiquement actif, on renforce l’idée qu’il s’agit d’une situation facilement modifiable, sur laquelle nous avons un plein contrôle. En réalité, nous avons un contrôle limité sur notre poids.
Nous devons redéfinir notre manière d’approcher l’obésité, en particulier, et le poids, en général. Nous devons consentir l’effort collectif d’accepter nos corps, dans leurs grosseurs, leurs grandeurs, leurs largeurs et leurs différences. Il est important de toujours garder en tête que la relation entre le poids et la santé physique et mentale varie selon les individus et que le chiffre sur la balance n’est pas un diagnostic de maladie.
Concentrons-nous sur ce que nous pouvons réellement changer.
Avoir les moyens de bien manger et profiter de milieux de vie sains, être actif au quotidien, bien dormir, s’épanouir à l’école ou au travail et avoir des relations sociales positives sont autant de facteurs pouvant apporter des bienfaits à toutes les personnes, peu importe leur poids. Continuons d’insister sur l’importance d’avoir des milieux de vie favorables à la santé et au bien-être pour qu’ils soient justes, inclusifs, respectueux des différences et propices à l’épanouissement de toutes et tous.
Maintenir un discours axé uniquement sur le poids ou sur la perte de poids peut avoir des effets pervers sur la population, comme engendrer de la grossophobie ou une préoccupation excessive à l’égard du poids. Cela crée des environnements où la stigmatisation liée au poids devient acceptable et visible autant dans les mots que nous utilisons que les images que nous voyons. Cette situation doit changer, car toute personne, quelle que soit sa corpulence, mérite d’être traitée avec respect et considération. La prévention des maladies chroniques associées à l’obésité peut se faire en encourageant l’adoption d’habitudes de vie favorables au bien-être et à la santé tout en prônant la tolérance, l’ouverture et le respect.
Des propos surprenants venant de la Coalition Poids ?
Pour être en cohérence avec l’évolution scientifique et sociale, depuis maintenant plus d’un an, la Coalition Poids revoit ses pratiques et ses discours. Je vous invite à lire mon blogue de décembre dernier à cet effet. Nous avons mis sur pied un groupe de travail pour faire un état de la situation et produire un Manifeste pour des communications saines sur les problématiques reliées au poids.
Dans les prochains mois, nous lancerons également une trousse d’outils pour aider les organismes à communiquer sainement à l’égard du poids auprès du grand public. De plus, nous avons entamé un exercice pour revoir le nom même de la Coalition Poids, afin qu’il reflète davantage nos actions et notre vision. N’hésitez pas à m’écrire pour partager votre point de vue ou contribuer aux réflexions.
Notre mission reste la même : revendiquer des politiques publiques favorables à la santé et au bien-être pour que l’ensemble de la population puisse avoir accès quotidiennement à des aliments sains et à un mode de vie physiquement actif !
* L’expression « personnes grosses » est utilisée pour désigner les personnes considérées comme étant en surpoids. L’adjectif « grosse » est préféré pour sa neutralité dans la description de la corpulence des individus.
Note : J’aimerais remercier ma coéquipière Safiétou Sakala et l’équipe de la Coalition Poids pour sa contribution à la rédaction de ce blogue.
