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En plein cœur de Montréal, les élèves d’une école primaire s’initient non seulement à l’agriculture urbaine, mais aussi à l’écocitoyenneté. Guidés par un éducateur visionnaire, ils ont entrepris, cet automne, une admirable mission : replanter des pousses d’arbres qui envahissaient leur potager pour reboiser les terrains de coopératives d’habitations du quartier.
Le bâtiment de l’école Garneau se dresse littéralement au pied du pont Jacques-Cartier. Dans ce milieu, fortement minéralisé, le Potager des jeunes du Centre-Sud, aménagé dans la cour de l’école, prend des airs de petite oasis de verdure. Mais c’est aussi, avec son auvent qui la protège des intempéries, une classe extérieure où les élèves du primaire s’initient aux rudiments de l’agriculture urbaine.
Donc, par une belle matinée de la fin septembre, c’était au tour des élèves de madame Nathalie de prendre place aux tables à pique-nique qui, pour l’occasion, leur servent de pupitres. Toutes et tous, y compris madame Nathalie, écoutent attentivement Emmanuel Poncelet, chargé de projets pour l’organisme Sentier Urbain, qui est en train de leur donner un cours de botanique. Il leur explique comment, le plus souvent, les plantes parviennent à se reproduire par la dissémination de leurs graines.
À l’aide d’une maquette, Emmanuel détaille l’anatomie générale de la graine ainsi que son processus de germination, ce qui ensuite donne naissance à une plantule qui sort de terre. Il leur montre, échantillons à l’appui, que les graines sont de formes tout aussi diversifiées que les plantes elles-mêmes. Ce qu’un examen à la loupe permet de facilement constater pour ces enfants dévorés par la curiosité.
Des plantes envahissantes…
Le Potager des jeunes du Centre-Sud est un peu victime de son succès. Bien qu’Emmanuel, aidé de plusieurs élèves, n’ait pas ménagé ses efforts pour l’entretenir, il doit faire face à la menace d’une plante envahissante. En effet, des ormes de Sibérie, qui poussent de l’autre côté de la clôture du potager, laissent choir des pluies de graines sur cette belle terre amoureusement cultivée. Résultat : des centaines de petits ormes ont pris racine entre les plans de poivrons, de kales, de concombres, de tomates, de courgettes…
Aujourd’hui, le temps est donc venu de s’attaquer à ces locataires indésirables. Et d’en apprendre plus sur les techniques de transplantation. Car, plutôt que de simplement arracher ces jeunes pousses d’ormes, Emmanuel a eu l’idée de les transplanter dans des pots. Et de les laisser grandir pour ensuite les replanter ailleurs. Notamment sur les terrains de coopératives d’habitation du quartier Centre-Sud qui, on le sait, a bien besoin de verdure.
Avec un entrain contagieux, chaque jeune, armée de sa petite pelle, a donc déraciné un petit orme, en prenant soin de ne pas abîmer ses racines. Puis, à tour de rôle, les élèves ont délicatement repiqué leur petit arbre dans un pot en s’assurant de bien les abreuver à l’aide d’un arrosoir. En l’espace d’une matinée, ces jardiniers amateurs sont soudainement devenus des pépiniéristes dévoués.
Les vertus de l’agriculture urbaine
Satisfait du travail accompli, Emmanuel, après les avoir félicités, a distribué à chaque élève un sac de papier pour qu’ils aillent cueillir les fruits et les légumes de leur choix. C’était l’émerveillement général. Tel garçon qui s’exclamait : « Des jalapenos ! J’adore les jalapenos ! », ou telle fillette qui s’extasiait : « C’est du kale ? Est-ce que je peux en apporter à la maison ? ».
Bien sûr que cette jeune fille peut rapporter ses feuilles de kale à la maison pour les offrir à sa mère qui en raffole. C’est la raison d’être du Potager des jeunes du Centre-Sud, et que Sentier Urbain entretien et anime depuis sept ans. Faire découvrir aux jeunes les nombreux bénéfices de l’agriculture urbaine, du travail collectif, du partage et de la lutte contre l’insécurité alimentaire. C’est une toute petite graine plantée pour l’avenir !