Santé et société

Pandémie: 10 pistes d'action pour raviver la motivation des adolescents

Il est désormais clair que la pandémie de COVID-19 a entraîné de multiples effets sociaux. L’enseignement en ligne, la modification de la fréquentation scolaire et l’arrêt du sport ont quant à eux fragilisé le filet social des adolescents. Malheureusement, cette période difficile semble vouloir s’étirer et le mot « motivation » résonne à mes oreilles depuis plusieurs semaines. Que ce soit dans des discussions avec des collègues du milieu de la santé, des enseignants ou avec nos adolescents, le constat est clair. Il devient difficile pour tous de garder le cap. Alors dans ce contexte, comment pouvons-nous aider nos jeunes à reprendre un peu de contrôle et rester motivés ?

On se rappelle tous que l’adolescence est une période charnière de la vie pendant laquelle, même en temps dit « normal », il est difficile pour un jeune de se projeter dans l’avenir. En général, nos ados sont dans « l’ici et le maintenant » et se construisent à partir de leur distanciation des parents, de leurs interactions sociales et de leurs multiples expérimentations par lesquelles ils développeront peu à peu leur autonomie. Présentement, la majorité de ces repères sociaux sont perdus ou embrouillés. Même les rites de passage des jeunes sont complètement bouleversés. On peut donc comprendre qu’il soit réellement difficile pour eux de faire du sens, tant dans leur parcours scolaire que sportif. Encore plus pour nos athlètes élites dont souvent, une grande partie de leur identité tourne autour de leur participation sportive.

hockey plein air

La motivation : une pièce maîtresse du jeu !

La motivation est un concept complexe, influencé notamment par la perception qu’un individu a de lui-même et le contexte dans lequel il se trouve. Dans un cadre scolaire et sportif, la motivation d’un jeune pourrait être influencée par trois types de perceptions :

  • la perception de la valeur que le jeune donne à l’activité ;
  • la perception de ses compétences ;
  • la perception de son contrôle sur le déroulement et les conséquences de cette activité.

Lorsque l’on parle de la valeur que l’on donne à l’activité, celle-ci sera influencée par le niveau d’intérêt qu’on lui accorde, le plaisir ressenti et l’utilité qu’on lui confère pour l’atteinte de notre but. C’est la réponse à « pourquoi on fait ça ? » ! La perception de compétence, quant à elle, réfère à notre croyance en notre possibilité de réussite et de progrès, tandis que la perception de contrôle touche plutôt à la question : « Puis-je faire partie des décisions m’impliquant, et ce, tant dans les objectifs, le cadre que dans le contenu ? » (Cabot, 2016) Ainsi, nous pouvons penser que si l’adulte parvient à mettre des moyens en place pour répondre à ces trois besoins, le jeune développera une motivation que l’on dit « intrinsèque » donc beaucoup plus solide, parce qu’elle provient de l’intérieur de lui-même.

Vous comprendrez donc que la motivation ne relève pas uniquement des jeunes eux-mêmes : elle sera grandement modulée et influencée par les adultes qui élaborent les activités qui leur sont proposées. Ainsi, lorsque l’on constate une problématique de motivation, il ne faut pas seulement s’attaquer à ses symptômes, mais aussi à ses causes.

bien dans mes baskets Crédit photo: Gaëlle Vuillaume photographe

C’est donc dans cette optique que je vous propose ces pistes d’actions que je vous encourage à expérimenter en cette période de pandémie. En tant que travailleur social œuvrant principalement auprès de jeunes sportifs en milieu scolaire, elles sont pensées avant tout pour maintenir la motivation de ces jeunes athlètes-étudiants qui sont privés de sports organisés. Je crois cependant qu’il est réellement possible de s’en inspirer pour d’autres clientèles jeunesse.

  • Faites réfléchir vos jeunes au « Pourquoi » ils pratiquent leur sport ou (leurs autres activités de loisir) ? Qu’est-ce qui les motive ? Quels sont leurs rêves et quels sont les besoins que cette activité leur permet de combler ? Je suggère de leur faire noter leurs réponses dans leur téléphone ou sur un papier qu’ils apposeront dans la chambre ou leur casier.
  • Aidez-les à se fixer de nouveaux objectifs. Utilisez la planification SMART. Leurs objectifs seront donc Spécifiques, Mesurables, Ambitieux, Réalistes et définis dans le Temps.
  • Discutez avec vos jeunes de la planification des activités. Allez chercher leurs idées et intégrez-les dans la prise de décision.
  • Évaluez et mesurez régulièrement les progressions. Surtout en ce moment, alors que les compétitions sont suspendues, cette évaluation régulière aidera les jeunes à prendre conscience de leurs réussites et à augmenter leur sentiment de compétence. Et n’oubliez pas que pour évaluer, il faut utiliser des indicateurs clairs et facilement mesurables.
  • Suscitez et cultivez le plaisir. Investir des efforts dans une activité qui nous apportera des émotions positives est toujours plus agréable et… motivant !
  • Faites vivre des réussites à vos athlètes. Mettez l’emphase sur les petits succès qui leur permettront peu à peu de monter les marches vers l’atteinte d’un objectif à plus long terme ou plus important.
  • Fragmentez les compétences à atteindre dans leur plus petite expression et amenez vos jeunes à comprendre le raisonnement derrière ces apprentissages. La réussite de ces petites étapes renforcera leur sentiment de compétence.
  • Favorisez le sentiment d’appartenance de vos jeunes. Discutez ensemble de slogans de groupe, de projets communs et de sujets d’intérêts. Instaurez un climat dans lequel chaque jeune se sentira respecté et en sécurité et dans lequel il a le droit de s’exprimer sans se sentir dénigré.
  • Proposez à vos jeunes des défis collectifs. Ces activités pourraient permettre de raviver leur esprit de compétition et leur désir d’affiliation. Par le fait même, ils percevront une progression de leurs compétences.
  • Présentez à vos jeunes des modèles de réussite provenant de leur communauté. Des modèles qui leur ressemblent et auxquels ils pourront s’identifier. Cette rencontre pourrait être l’étincelle qui ravivera le processus de motivation et d’intérêt.

Il se pourrait par compte que les symptômes de baisse de motivation démontrés par vos jeunes reflètent des besoins ou des problématiques sociales plus complexes. Je vous invite donc à être bienveillant, accueillant et à l’écoute. La santé mentale de nos adolescents est plus fragile que jamais et nous avons un rôle primordial à y jouer.

bien dans mes baskets Crédit photo: Gaëlle Vuillaume photographe

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