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Vous n’avez pas pu assister au Sommet de la santé durable, organisé par l’Association pour la santé publique du Québec, qui a eu lieu les 30 et 31 janvier dernier ? 100° y était pour vous !
PARCS en Santé
Professeure agrégée de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal Cécile Aenishaenslin a présenté le projet de recherche transdisciplinaire « PARCS en Santé », issu de l’initiative Une seule santé. Objectif : lutter à la fois contre la perte de biodiversité, causée notamment par le surbroutage des cerfs, et l’émergence de maladies infectieuses transmises pas les tiques dans les parcs périurbains québécois et canadiens. C’est tout un défi, car le cycle de vie des tiques est complexe et difficile à renverser.
Par exemple, les tiques « se réveillent » à partir de 4 °C et peuvent donc être actives durant les redoux hivernaux lorsqu’il n’y a pas de neige au sol, un phénomène de plus en plus fréquent. De plus, il est indispensable de bien penser la création de corridors écologiques, car ceux-ci pourraient augmenter le risque d’exposition aux tiques. Et c’est sans compter que certains oiseaux peuvent disperser les tiques sur de grandes distances.
Dans un contexte où les bienfaits du contact avec la nature sont scientifiquement documentés, des stratégies d’adaptation s’imposent pour bénéficier de ce contact sans mettre notre santé et celle des écosystèmes naturels à risque. Le projet de recherche se déploiera durant cinq ans dans sept parcs périurbains des régions de Montréal, de l’Estrie et de la Montérégie, en collaboration avec de nombreux acteurs comme l’INSPQ, le ministère de l’Environnement, l’Agence de santé publique du Canada, mais aussi avec des citoyens·nes qui participeront à des collectes de données et d’informations sur le terrain.
Pour visionner la conférence : https://www.youtube.com/watch?v=BCo_rI0k6QA
L’éco-émotion au service d’une écologie durable
La présentation du Dr Olivier Beauchet, médecin et professeur titulaire de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, sortait de l’ordinaire. Son laboratoire s’intéresse au développement d’un mode d’échange avec la nature basé sur les sens et les émotions qu’ils génèrent. Il a fait valoir que la beauté de la nature a le potentiel d’éveiller, ou d’aiguiser, notre conscience écologique, ce qui nous permet de mieux protéger ce bien commun si important. Dans cette optique, Olivier Beauchet travaille, entre autres choses, à la création de contes musicaux en collaboration avec le Jardin botanique.
Son équipe travaille également à la mise au point d’une application qui intègre les bienfaits de l’art et de la nature. Celle-ci créée des environnements virtuels à partir de tableaux de peintres impressionnistes dans une ambiance musicale très particulière, car elle est composée à partir des sons des éléments de la nature apparaissant dans les œuvres. Cette démarche, axée sur les sens et les émotions dans le but de nourrir notre attachement à la nature, vise particulièrement les jeunes, friands d’expériences immersives.
Pour visionner la conférence : https://www.youtube.com/watch?v=BCo_rI0k6QA (à 22 : 08)
L’omniprésence de la technologie dans nos vies et nos sociétés
Guy Desrosiers, président-directeur général de Capsana, a pour sa part brossé un portrait un peu sombre de ces écrans qui, devenus d’indispensables outils de travail, s’incrustent de plus en plus dans notre sphère privée. Et pour cause, puisque ces technologies disruptives se retrouvent essentiellement entre les mains des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Cinq multinationales qui, ensemble, représentent l’équivalent de la troisième économie mondiale !
Des géants dont les activités reposent en bonne partie sur l’économie de l’attention grâce à des algorithmes conçus pour nous garder « scotchés » devant nos écrans. Ces stratégies de rétention servent à constamment collecter des données sur chacun d’entre nous. Car, ne l’oublions pas, si c’est gratuit, alors nous sommes le produit. Donc, utilisez-vous un assistant numérique ou un dispositif d’espionnage, ironise-t-il ?
Mine de rien, les écrans interfèrent sur de nombreuses facettes de notre existence. À titre d’exemple, Guy Desrosiers rappelle que les technologies de persuasion ont déjà acquis la capacité de prédire et d’influencer nos actions. Pire encore, on a mesuré qu’une fausse information circule 6 fois plus rapidement qu’une nouvelle avérée. C’est donc la démocratie qui s’en trouve menacée. Mais c’est aussi la culture, les emplois, la santé, l’environnement…
Bref, les enjeux sont multiples, complexes. Et une prise de conscience s’impose tandis que, heureusement, la résistance s’organise. Mais il faut agir vite, car l’intelligence artificielle risque d’être encore plus difficilement contrôlable…
Pour visionner la conférence : https://www.youtube.com/watch?v=K4CjH43PdT8
Le droit comme outil pour guider nos choix alimentaires
Marie-Eve Couture Ménard, et Marie-Claude Desjardins, professeures à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, ont souligné que le poids de la mise en œuvre de la loi sur l’étiquetage repose surtout sur les consommateurs. Ainsi, le recours aux tribunaux pour contester une allégation nutritionnelle potentiellement fausse ou trompeuse exige temps et argent, ainsi qu’une expertise pour remettre en question les procédés alimentaires industriels.
Les conférencières ont rappelé qu’un nouveau règlement sur l’étiquetage des aliments préemballés entrera en vigueur le 1er janvier 2026. À cette date, tous les aliments à teneur élevée en sucre, en sodium ou en gras saturés devront afficher un pictogramme en forme de loupe sur le devant de leur emballage. L’objectif est d’aider les consommateur·trice·s à faire des choix rapides et éclairés lorsqu’ils et elles font leur épicerie.
Pour visionner la conférence : https://www.youtube.com/watch?v=K4CjH43PdT8 (à 23 : 40)
La prévention : le rôle de tout le monde, la responsabilité de personne ?
Ce 2e Sommet de la santé durable s’est conclu par une Grande conversation placée sous le thème de « La prévention : le rôle de tout le monde, la responsabilité de personne ? ». Thomas Bastien, directeur général de l’ASPQ, animait ce débat qui réunissait :
- Dr Horacio Arruda, MD | Sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services sociaux, Mandats en prévention, promotion planification et protection en santé publique
- Joanne Castonguay, M.Sc. | Commissaire à la santé et au bien-être
- Jean-Pierre Després, PhD | Directeur scientifique de VITAM – Centre de recherche en santé durable
- Frédéric Therrien | Directeur général, M361
- David Raynaud | Gestionnaire principal Québec – Défense de l’intérêt public, Société canadienne du cancer
- Dre Julie St-Pierre, MD, PhD, FAHA, FRCPC | Pédiatre, lipidologue et Directrice de la Maison de Santé Prévention de Montréal
Pendant un peu plus d’une heure, les participants de cette table ronde ont eu à répondre à trois grandes questions :
- La prévention est-elle une question individuelle ou collective ?
- Qui devrait être impliqué dans la prévention auprès de la population québécoise ?
- Pourquoi le rôle de la prévention est sous-représenté ?
Sans commettre de divulgâchage, et malgré le fait qu’en matière de prévention et de promotion de la santé, beaucoup de travail reste à faire, les panélistes se sont entendus pour conclure que d’importants progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Et qu’il faut conserver l’espoir de voir la situation s’améliorer, car il est possible de changer la norme sociale, même si cela exige beaucoup de patience et de persévérance.
Pour visionner la Grande conversation : https://www.youtube.com/watch?v=xqTj0mFz0aw
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