Vous travaillez dans un service de garde éducatif à l’enfance ou un service de garde scolaire ? Nul doute que vous avez déjà entendu parler de l’importance d’offrir aux enfants des occasions de s’adonner à des jeux actifs risqués, pour favoriser leur développement optimal.
Comme plusieurs, vous pensez probablement que les temps ont bien changé… Lorsque vous songez à votre propre enfance, c’est avec nostalgie que vous évoquez vos souvenirs de grande liberté dans vos jeux extérieurs, de prise de risque loin du regard des adultes, en déplorant que les enfants d’aujourd’hui n’y aient pas accès.
Le jeu risqué… Oui ! Mais…
Cependant, en tant qu’éducatrice en service de garde éducatif, vous avez la responsabilité d’assurer à la fois la sécurité des enfants qui vous sont confiés et leur développement global. Les jeux risqués comme grimper sur des roches, courir vite, se batailler, manipuler des outils dangereux et explorer de grands espaces, par définition, comportent des risques pour la sécurité des enfants qui y prennent part. Vous avez à cœur de bien jouer votre rôle en évitant le plus possible les blessures chez les enfants de votre groupe et vous préférez éviter d’avoir à rapporter, en fin de journée, un accident aux parents qui vous accordent leur confiance.
Comment, alors, concilier ces préoccupations qui semblent se dresser en opposition entre elles ? Comment éviter de donner la priorité à la sécurité au détriment de la santé et du développement des enfants et, ainsi, jouer pleinement votre rôle? Voici trois stratégies pour trouver l’équilibre entre deux pôles : permettre la prise de risque aux enfants et assurer leur sécurité en service de garde éducatif.
1- Bien définir un cadre sécuritaire, le respecter de manière cohérente et en informer les parents
D’abord, il peut être rassurant de se rappeler que les lois et la règlementation auxquels les services de garde éducatifs sont soumis sont contraignantes en ce qui a trait à la sécurité des enfants. Ce cadre stipule que tous les membres du personnel éducatif doivent posséder une formation en secourisme, et que celle-ci doit être à jour. Il offre des balises entourant, notamment, les ratios d’enfants dans les groupes, l’aménagement de la cour et le respect des normes sur les équipements de jeux. Voir à son respect rigoureux est déjà un gage de risques restreints pour la sécurité des enfants.
Informer les parents du respect de ce cadre au sein du milieu pourra contribuer à apaiser leurs possibles réticences à la tolérance envers les jeux plus risqués.
2- Connaître les besoins des enfants en matière de jeu actif et les stratégies pour les combler
En tant qu’éducatrice, vous savez que bouger est indispensable au développement moteur, mais aussi cognitif, langagier, social et affectif des enfants, en plus d’être essentiel à leur santé. Toutefois, connaissez-vous plus précisément les besoins des enfants en termes de quantité, de fréquence, d’intensité, voire de qualité des jeux actifs ?
Plus votre connaissance de ces besoins sera fine, mieux vous vous approprierez l’idée que pour parvenir à y répondre, il est essentiel de favoriser les jeux libres, idéalement extérieurs, comportant du défi et de la prise de risque.
Vous comprendrez mieux que votre rôle, dans ce contexte, est avant tout d’offrir aux enfants un environnement riche en possibilités, de les accompagner dans leur exploration de l’environnement, ainsi que dans leur expérimentation de leurs capacités et limites. Vous saisirez toute l’importance que revêt le fait de leur permettre de relever des défis moteurs, tout en les encourageant à être à l’écoute d’eux-mêmes.
3- Obtenir l’appui réel des parents
Sans l’appui des parents, offrir aux enfants de votre service de garde la possibilité de s’adonner à des jeux risqués — avec les risques réels de blessures que cela comporte — sous-tend encore d’autres risques. Ceux-là liés à l’effritement du lien de confiance et de l’harmonie entre eux et vous, deux éléments pourtant indispensables au bien-être des enfants qui fréquentent votre milieu.
Il est tout à fait possible d’obtenir cet appui à condition d’accorder l’attention nécessaire à cette démarche. Miser sur l’établissement d’un lien de confiance solide, informer les parents des mesures de sécurité existantes dans le milieu et les rassurer sur l’importance accordée à la sécurité de leurs enfants, les sensibiliser aux effets néfastes de la surprotection des enfants sur leur santé et leur développement et leur demander clairement leur appui sont des pistes à explorer pour y parvenir.
Enfin, informer les parents qu’un enfant ayant pu expérimenter le risque deviendra plus à même d’assurer sa propre sécurité pourrait bien contribuer à en faire vos précieux alliés.
Passez à l’action !
Si vous craignez de sauter sans filet, vous pourrez trouver des points d’appui dans les lectures suivantes avant de vous lancer :
- Le Cadre de référence Gazelle et Potiron du Ministère de la Famille (2014) ;
- Le Portrait du développement moteur et de l’activité physique au Québec chez les enfants de 0 à 9 ans de Claude Dugas et Mathieu Point (2012) ;
- Le développement global de l’enfant en contextes éducatifs de Caroline Bouchard (2010) ;
- Le développement global de l’enfant de 6 à 12 ans en contextes éducatifs de Caroline Bouchard et Nathalie Fréchette (2010).