Une ligne de temps, établie par l’Institut national de santé publique du Québec, retrace les changements de société qui, en un demi-siècle, ont fait que le Québec est devenu moins propice à la pratique d’activité physique et à la saine alimentation.
L’épidémie d’obésité est mondiale et le Québec n’y échappe pas, même s’il fait meilleure figure que bien des provinces et territoires canadiens, sans parler des États-Unis. Deux facteurs principaux concourent notamment à expliquer cette épidémie : le manque d’activité physique et une alimentation trop riche en sucres, sel et gras. Bref, au Québec, comme ailleurs dans le monde, les environnements obésogènes se sont multipliés au cours des dernières décennies.
Quelques jalons
Dès 1961, la moitié des emplois ne requièrent déjà plus qu’une activité physique modérée. Puis, en 1970, c’est le début de la restauration rapide et l’accélération de l’étalement urbain. Toutefois, rien ne laisse encore présager que ces changements auront un impact sur la santé de la population puisque, en 1978, seulement 14 % des adultes québécois présentent un problème d’obésité et, selon les données de 1981, à peine 2 % des jeunes (6 à 17 ans).
Cependant, en 1988, on rapporte, pour la première fois au Canada, des cas de diabète de type 2 chez des enfants, une maladie qui, jusque-là, ne touchait que les adultes. Puis, en 1997, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sonne l’alarme pour une première fois en stipulant que : « Une prévention et une prise en charge efficaces de l’obésité exigeront une approche intégrée, qui suppose un certain nombre de mesures dans l’ensemble des secteurs de la société. »
La situation s’aggrave
Au cours des années 2009-2013, on découvre que 9 % des jeunes Québécois de 6 à 17 ans souffrent maintenant d’obésité. C’est presque 5 fois plus qu’il y a 30 ans. De son côté, l’industrie de la restauration rapide, jamais à court d’imagination, lance de nouveaux grands formats de boissons sucrées pouvant atteindre, dès 2010, une capacité de 32 onces (presque 1 litre !). D’ailleurs, à compter de 2013, le Québec compte déjà plus de 8 000 établissements de restauration rapide. Ce qui signifie que 55 % de la population vit à moins d’un kilomètre d’un restaurant de malbouffe et 60 % des écoles à moins de 750 mètres.
En 50 ans, la proportion d’emplois qui demandent un niveau d’activité physique modérée est passée de la moitié (1961) à 20 % (2011). D’autre part, l’étalement urbain, centré sur les déplacements en voiture qui induisent un mode de vie plus sédentaire, a eu pour corollaire que la proportion des ménages québécois possédant deux voitures est passé de 16 %, en 1978, à 36 % en 2013. Bref, avec le temps, en 2015, le quart des adultes, au Québec, étaient obèses, tandis que 600 000 personnes étaient aux prises avec le diabète.
Et maintenant
L’INSPQ conclut cette ligne de temps en soulignant que les changements sociaux qui ont conduit à la montée de l’obésité ont mis des décennies à se mettre en place. Alors, pour renverser cette tendance, pour créer des environnements favorables aux saines habitudes de vie, il faudra assurément y consacrer des décennies. Mais, bonne nouvelle, déjà des milliers de personnes et d’organismes s’affairent à cette tâche. Il importe donc de poursuivre sans faillir ce travail de longue haleine, voire de l’intensifier pour renverser cette tendance.