La marche, c’est bon pour la santé. Ça fait rouler l’économie. Sauf que la déambulation des piétons n’est pas toujours évidente dans nos environnements trop souvent conçus en fonction du tout à l’auto. Il existe cependant des mesures toutes simples et peu coûteuses pour remédier à la situation.
Avancée de trottoir
La plupart du temps implantées entre deux intersections, les avancées de trottoir permettent de traverser, à mi-distance, un long tronçon de route. Ce type d’aménagement joue plusieurs rôles à la fois. Il sert de mesure d’atténuation de la circulation tout en attirant l’attention des automobilistes sur la présence d’un passage piétonnier. En outre, de telles avancées raccourcissent la distance que le piéton doit parcourir pour traverser la chaussée.
Saillie de trottoir
Aussi appelées débordements de trottoir, les saillies reposent sur les mêmes principes que les avancées de trottoirs. À la différence qu’elles sont aménagées au coin des intersections. Elles offrent, entre autres, l’avantage de rendre les piétons plus visibles au bon moment. Ainsi, un automobiliste qui souhaite effectuer un virage doit contourner la saillie et, une fois parvenu à la hauteur du passage, pointer dans un axe perpendiculaire. De la sorte, les piétons se retrouvent face à la voiture, plutôt que dans l’angle mort du conducteur.
Passage piétonnier visible
Même quand la signalisation en indique la présence, il est avantageux de rendre les passages piétonniers les plus visibles possible, notamment par du marquage au sol. Il s’agit d’une intervention peu coûteuse, bien qu’elle doive être répétée en raison des outrages du temps. À cet égard, elles peuvent devenir l’occasion pour des artistes locaux, d’exprimer leur créativité et, pour la communauté, d’éprouver un sentiment d’appartenance renforcé envers son quartier.
Trottoir traversant
Grâce à ce type d’aménagement, on inverse le paradigme habituel selon lequel le piéton est l’intrus qui empiète sur l’espace dévolu aux voitures. En prolongeant le trottoir de manière à couper la chaussée dans toute sa largeur, c’est plutôt l’automobiliste qui envahit l’espace des piétons. Il sera sur ses gardes, à plus forte raison si le trottoir est légèrement rehaussé en comparaison de la chaussée.
Refuge central
Placé à mi-distance de la chaussée, peu importe sa largeur, le refuge central permet au piéton, le cas échéant, d’effectuer une traversée en deux temps. Et, dans le cas de personnes à mobilité réduite, un tel aménagement peut grandement faciliter la planification de leur trajet, car elles n’ont à se concentrer que sur une seule direction à la fois. Puis reprendre leur route en se concentrant sur le flot de voitures dans l’autre direction. Cela dit, si le refuge central peut offrir une halte bienvenue, il ne doit pas servir d’excuse pour raccourcir la durée des feux piétons.
Accessibilité universelle
Des trottoirs, c’est bien, mais quand ils sont assez larges, c’est bien mieux. Or, dans les petites et moyennes municipalités, quand ils existent, les trottoirs sont généralement trop étroits. Même à Montréal ils font souvent moins de 1,5 mètre de largeur, ce qui est pourtant le minimum. En fait, selon les recommandations, ils devraient avoisiner les 2 mètres de large.
Généralement surélevés, les trottoirs doivent être abaissés lorsqu’ils rejoignent la chaussée afin d’assurer l’accessibilité complète aux personnes en fauteuil roulant. On peut, par exemple, aménager des bateaux pavés, tout en s’assurant de les disposer dans le bon axe et que leur pente ne soit pas trop forte.
Les surfaces podotactiles, de leur côté, vont faciliter la navigation des personnes aux prises avec des limitations visuelles. Sorte de signalisation Braille placée sur le sol, ils servent de repère pour indiquer le début ou la fin d’un trottoir, pour annoncer la présence d’un bateau pavé, etc.
Outils diagnostics
La Société Logique dévoilait, en décembre dernier, une plateforme web unique en son genre qui permet de réaliser des portraits fiables et complets de l’environnement des piétons afin de servir d’outil d’aide à la décision. PPassage est conçu pour des utilisateurs avertis, puisqu’ils doivent suivre une formation qui garantit la qualité et l’uniformité des prises de données. Cela dit, tous peuvent aider à l’identification des lieux de passage qu’ils jugent problématiques et les signaler en suivant la démarche décrite dans le guide J’identifie, j’agis, produit par le Centre d’écologie urbaine de Montréal. À vos téléphones intelligents et soyez vigilants !
Les trottoirs d’hier à demain
À une époque où la voiture automobile n’avait pas encore accaparé la majeure partie de l’espace public, les trottoirs étaient à l’honneur. Au point même de servir littéralement de moyen de transport. Ainsi, en 1900, à l’occasion de l’Exposition universelle dont elle était l’hôtesse, Paris a érigé un fabuleux trottoir roulant évoluant à une dizaine de mètres de hauteur. Ce « plancher sans fin » parcourait un circuit d’environ 3,6 km. Il avait la particularité de se composer de deux trottoirs mobiles : le premier, auquel on accédait via une dizaine de quais d’embarquement, se déplaçait à la vitesse de 4 km/h, alors que le second, plus large, atteignait les 8 km/h.
Certes une curiosité de nos jours, on se prend à rêver de pouvoir se déplacer ainsi en ville, presque à la vitesse moyenne d’un véhicule automobile, sans fatigue et libre de contempler le paysage.
Mais l’avenir pourrait être aussi synonyme de villes sans trottoirs. C’est le pari qu’a fait la ville de Pontevedra. Afin de favoriser la marche et de limiter la circulation automobile, les autorités municipales, au début des années 2000, ont commencé à retirer tous les panneaux et les feux de circulation. Ils ont aussi graduellement fait disparaître les trottoirs pour ne conserver qu’une chaussée unique et sans obstacle.
Bien sûr, les voitures des riverains et les véhicules de livraison sont toujours tolérés. Mais ils doivent céder la priorité aux piétons et suivre leur rythme de marche. Résultat : 70 % des déplacements sont désormais effectués à pied et le trafic routier a chuté de 90 %. En outre, la pollution atmosphérique a diminué de plus de 60 %. Et les enfants jouent désormais dans la rue. Un bel exemple de mobilité douce !